lundi 17 janvier 2011

Al-Andalus n'était pas le paradis pour les chrétiens

Le magazine L’Homme Nouveau avait consacré le 2 février 2008 un dossier à l’Espagne du temps où elle était musulmane.  “La perdida de Espagna” a commencé par la victoire des Arabes à la bataille de Guadalete en juillet 711. Et il faudra plus de sept siècles aux chrétiens pour achever la Reconquista (1492, avec la capitulation du sultan de Grenade). Et contrairement à ce que nous racontent des vulgarisateurs idéologisés et peu versés en histoire, ces siècles ne furent pas du tout un long fleuve tranquille menant au paradis perdu de l’harmonie entre civilisations musulmane et chrétienne, même s’il y eut quelques bonnes parenthèses. Les chrétiens espagnols soumis au joug musulman ont vécu comme ailleurs leur statut de dhimmitude, soit une liberté religieuse et une autonomie très relatives, sans oublier les discriminations. “Une relative paix accordée aux chrétiens n’a été de mise qu’au XIe siècle après l’explosion d’al-Andalus, l’Espagne arabo-musulmane, en une mosaïque  de petite Etats en guerre les uns contre les autres: les taifas”, écrit Constance Rebat. C’était l’époque  où les musulmans de Cordoue par exemple avaient besoin d’alliés chrétiens contre les Berbères et les Almohades puis les almoravides, tous fondamentalistes. Mais ce fut limité dans le temps, socialement et géographiquement. L’arrivée finalement victorieuse des Almoravides en 1086 et des Almohades en 1147, restaure un islam strict et la persécution des chrétiens (des musulmans émigrèrent même dans les royaumes chrétiens du Nord,  explique Adeline Rucquoi). De fait, durant les siècles de l’occupation musulmane de l’Hispanie, les  rapports entre chrétiens et musulmans se font surtout dans le fracas des armes. Il y eut certes quelques embellies dans l’Hispanie maure et mozarabe, comme la renaissance de Séville au XIIe siècle et Averroès, mais il y eut surtout un choc des civilisations qui se poursuit aujourd’hui sur d’autres théâtres d’opérations… L’islam n ‘a en effet pas encore réglé ses problèmes avec le christianisme.
Vincent Pellegrini


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