lundi 29 septembre 2014

Ecône et Rome


Cavalier seul

Vincent Pellegrini



Le Valaisan Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (Ecône), a été invité par Rome à rencontrer mercredi dernier le cardinal Gerhard Ludwig Müller, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. «Les parties, qui ont examiné certaines questions d'ordre doctrinal et canonique, ont convenu de procéder par paliers mais dans un délai raisonnable vers le dépassement des difficultés. Et ce dans la perspective désirée d'une pleine réconciliation», a communiqué Rome. De fait, le cardinal Müller et Mgr Fellay se sont rencontrés pour la première fois à cette occasion. Il ne faut pas attendre grand-chose de la relance des négociations car le précédent dialogue théologique entre Rome et Ecône sous Benoît XVI a échoué.

 Il n’empêche qu’une partie des prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X n’ont pas apprécié les rencontres avec Rome qu’ils ont interprétées comme un «rapprochement de la Rome moderniste». Ils sont une quarantaine à avoir signé une lettre de défiance vis-à-vis des autorisé de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X au début de l’année 2014. Ils ajoutent: «En conséquence, dans les circonstances tragiques où nous nous trouvons, nous mettons notre sacerdoce à la disposition de tous ceux qui veulent demeurer fidèles au combat de la foi. C'est pourquoi, dès maintenant, nous nous engageons à répondre aux demandes qui nous seront faites pour soutenir vos familles dans leurs tâches éducatives, offrir la formation sacerdotale aux jeunes gens qui le désireront, et assurer la messe, les sacrements et la formation doctrinale partout où il le faudra.»

C’est un schisme à l’intérieur du  mouvement d’Ecône, mais il demeure assez faible vu les dernières statistiques communiquées par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Elle a ainsi revendiqué en juillet  des chiffres en progression: 589 prêtres, 187 séminaristes, six séminaires, 750 centres de messes dans 70 pays, deux instituts universitaires, plus d’une centaine d’écoles, quatre couvents de carmélites, sans compter «de très nombreux ordres latins ou orientaux traditionnels alliés à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X  dans le monde entier». Ecône n’accepte pas le Concile Vatican II et a vécu la canonisation de Jean XXIII comme une canonisation de ce même concile.



 

lundi 22 septembre 2014

Révolution papale


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 

Jean-Marie Guénois, correspondant à Rome du «Figaro» vient de publier un livre sur le pape François aux éditions JC Lattès. L’ouvrage est intitulé «Jusqu’où ira François?» Le pape de la miséricorde y est décrit comme révolutionnaire, comme quelqu’un qui refuse que l’Eglise passe pour une marâtre austère. Il est imprévisible et sait manier une main de fer dans un gant de velours. En mai 2013, devant 250 évêques italiens médusés de se voir reprocher leur «carriérisme», il tonnait (avant de donner à tous l’accolade!): «La perspective de la carrière, la flatterie de l’argent et les compromis avec l’esprit du monde rendent l’évêque paresseux en le  transformant en un fonctionnaire, un clerc d’Etat plus préoccupé par lui-même, par l’organisation et les structures, que par le véritable bien du peuple de Dieu… On court alors le risque, comme l’apôtre Pierre, de renier le Christ, même si l’on se présente et que l’on parle formellement en son nom.» Le pape veut ouvrir l’Eglise aux «périphéries», mais dans un esprit d’évangélisation car pour lui les chrétiens doivent certes lutter contre la misère matérielle et morale, mais aussi ramener à l’Eglise ceux qui n’y vont plus. Jean-Marie Guénois explique: «Le pape agace. La frange progressiste tout d’abord. Les cathos de gauche apprécient son discours de gauche en matière sociale, sa critique acide du libéralisme, de la finance et du Dieu argent. Ils aiment sa volonté de prendre des décisions collégialement. Ils ont même cru un temps avoir enfin leur pape, mais ils se sentent très gênés par cette volonté ultra-missionnaire de François et son côté mystique. Ils vivent cet élan pour l’évangélisation comme du prosélytisme tel que l’Eglise le pratiqua avant le concile Vatican II. Ils ont toujours combattu cette annonce sans complexe de la couleur catholique, à temps et à contretemps. Eux prônent encore la théorie de l’enfouissement du levain dans la pâte, selon un axiome étrange qui a vidé les églises en Occident: plus un chrétien se cacherait dans la société, plus il serait attirant…»  Le pape François lance aussi ses banderilles sur les chrétiens pratiquants mais qui ne vivent pas vraiment leur foi et qui «s’étaient bien habitués à l’ordre calme et sans à-coups de Benoît XVI, dont l’extrême délicatesse les ravissait.» Bref une révolution est en marche.

lundi 15 septembre 2014

La première place


Cavalier seul

Vincent Pellegrini


-         De passage à Caserte (Italie) et devant plus de 200 000 personnes, le pape a notamment déclaré: «Il faut mettre Dieu à la première place dans notre vie, le préférer à tout. Donner la primauté à Dieu signifie avoir le courage de dire non au mal, non à la violence, non aux abus de pouvoir, pour vivre une vie de service aux autres et en faveur de la légalité et du bien commun...» Le 31 août, le pape a par ailleurs salué les parlementaires catholiques présents à Rome pour leur 5e rencontre internationale. Il les a encouragés «à vivre le rôle délicat de représentants du peuple en conformité avec les valeurs évangéliques.» Puis, le cardinal Pietro Parolin, le Secrétaire d’Etat du Vatican, leur a déclaré: «L’Eglise a besoin de vous dans sa mission universelle, et vous avez besoin de l’Eglise. (…) L’Eglise met à votre disposition ses sacrements, ses sages conseils et son engagement envers les vérités morales de la loi naturelle.» Il est vrai que les parlementaires sont souvent confrontés à des débats relatifs à la loi naturelle avec des sujets comme l’avortement, la manipulation d’embryons humains, le diagnostic préimplantatoire, le statut des unions  homosexuelles, etc. Sur ce plan-là, on attend beaucoup du PDC et de son étiquette chrétienne…

-         Au Nigéria, l’avenir des chrétiens est menacé dans le nord-est du pays où les islamistes de Boko Haram poursuivent leur avancée et étendent le califat qu’ils ont récemment proclamé comme l’Etat islamique du Levant. Boko Haram a pris le contrôle de Madagali, une enclave chrétienne dans l’Etat d’Adamawa. D’autres villes sont tombées: Damboa, Gwoza et Buni  Yadi. Des chrétiens piégés à Madagali ont souffert des atrocités indescriptibles. Portes Ouvertes explique que des hommes chrétiens ont été décapités, des enfants forcés de se convertir à l’islam, des femmes données comme «épouses» aux rebelles. Les rebelles ont détruit au moins cinq églises dans cette région. Les chrétiens de Gulak, ville située à environ 25 kilomètres de Madagali, ont été forcés de fuir. Le groupe terroriste a également attaqué la ville de Bama dont les 26 000 habitants ont dû fuir pour sauver leur vie. Un collaborateur de Portes Ouvertes ajoute: «Rien que dans les environs de Gwoza, Boko Haram a détruit plus de 178 églises et plus de 40 000 personnes, essentiellement des chrétiens, sont en fuite.»


 

lundi 8 septembre 2014

Islam conquérant


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

Les troupes du califat de l’Etat islamique du Levant, à cheval sur la Syrie et l’Irak, sèment la terreur sur le terrain et sur internet. Elles diffusent en effet sur le Web des vidéos d’exécutions collectives. Et n’ont retenu du Coran que ses nombreux versets guerriers comme par exemple «O vous qui devîntes croyants, combattez les mécréants qui sont près de vous, et qu’ils trouvent en vous une rudesse» (9,123). Notons que le pape François est «disponible» pour se rendre auprès des minorités irakiennes persécutées, réfugiées dans le Kurdistan irakien: c'est ce qu'il a déclaré dans l'avion qui le ramenait de Séoul à Rome. Il a aussi plaidé pour «arrêter l'agresseur injuste», en faisant appel à l’ONU et en expliquant: «Il est licite d’arrêter l’agresseur injuste... pas bombarder, faire la guerre: l’arrêter.» Là, le pape se montre quelque peu utopiste. Car comment arrêter autrement que par la force des armes des bandes d’illuminés assoiffés de sang et lourdement armés?

Thierry Desjardins, journaliste et reporter, né en 1941, ex-directeur général adjoint du Figaro, auteur d'un nombre considérable d'ouvrages politiques, lauréat de l'Académie française, Prix Albert Londres 1975, a notamment averti: «Il serait grand temps que nous nous apercevions – enfin - qu'une nouvelle guerre de religion a éclaté et, cette fois, à l'échelle planétaire. Les Islamistes massacrent les chrétiens en Égypte, en Irak, aux Philippines, en Indonésie, au Pakistan, au Nigeria, un peu partout. Malraux avait dit: «Le XXIème siècle sera religieux ou il ne sera pas». On a bien l'impression que ce siècle qui commence va voir le déchaînement sans pitié d'un Islam renaissant, voulant dominer le monde et faire payer à la civilisation chrétienne les quelques siècles pendant lesquels elle a régné sur la planète. Cette haine du chrétien dépasse de beaucoup tous les problèmes de la foi. En s'attaquant aux églises, aux prêtres, aux religieuses, aux fidèles, les islamistes veulent abattre la civilisation occidentale, la démocratie, le capitalisme, ce qu'ils appellent le «néo-colonialisme», la parité hommes-femmes, les Droits de l'Homme, le progrès tel que nous le concevons. Le XXème siècle a été marqué par l'affrontement Est-Ouest, mais Le Coran a pris la place du Communisme, le drapeau vert de l'Islam celle du drapeau rouge.» Pour Desjardins, l’affrontement se fera aussi en Europe.

lundi 1 septembre 2014

Terre chrétienne


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 En juin dernier, une initiative pour faire du Valais un Etat laïque a été lancée. Une séparation totale de l’Eglise et de l’Etat est certes recherchée, mais à voir certains initiants c’est surtout l’Eglise catholique qui est visée à cause de ses positions sur l’homosexualité, la présence de symboles religieux dans les espaces publics, etc. Cette initiative oublie que le Valais a une matrice culturelle chrétienne. Chaque village a son clocher et l’Eglise joue aujourd’hui encore un rôle social important même si la fréquentation de la messe dominicale est en chute libre depuis les années soixante. La plupart des Valaisans suivent en effet les diverses étapes de l’initiation chrétienne (baptême, Première communion, confirmation, etc.). Quant à l’Etat fédéral, il n’est pas laïque mais neutre confessionnellement et laisse les cantons, s’ils le désirent, organiser l’enseignement religieux à l’école, à condition que cet enseignement religieux ne soit pas obligatoire. Du fait du fédéralisme, les cantons ont donc une certaine latitude dans l’application de cette neutralité confessionnelle. D’ailleurs, selon la nouvelle Constitution fédérale, «la réglementation des rapports entre l’Eglise et l’Etat est du ressort des cantons» (article 72, al. 1). La neutralité confessionnelle  est de toute façon respectée à l’école à partir du moment où un élève peut être dispensé d’enseignement religieux, ce qui est appliqué en Valais. La liberté de conscience de chacun est donc respectée et il n’est pas besoin d’introduire la laïcité en Valais. Laïcité qu’Alain Finkielkraut décrivait d’ailleurs en juin 2003 comme «la dernière des religions», tandis que le chancelier  Gerhard Schröder a déclaré: «L’Allemagne n’est pas laïque mais sécularisée et imprégnée de religion judéo-chrétienne. (Le Figaro, 6 janvier 2004)» Une formule qui peut être transposée au Valais. N’oublions pas que la Constitution fédérale commence par «Au nom de Dieu Tout-Puissant!». En Valais, la loi cantonale sur l’instruction publique est restée clairement confessionnelle.  Elle dit que l’école  doit aussi préparer l’élève  à sa tâche de personne humaine et de chrétien (article 3, al.3). Le Valais est d’autant moins laïque que les Eglises réformée et catholique sont reconnues de droit public. Car le Valais est une  terre de civilisation chrétienne, qu’on le veuille ou non.