samedi 24 janvier 2015

Un problème mondial


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 J’ai vu l’édition de «Charlie Hebdo» tirée après la tuerie. Cela ne vole pas haut. Sœur Emmanuelle du Caire y est par exemple caricaturée de manière ignoble. Cette édition a mis en rogne les musulmans dans les pays islamiques qui ont organisé des émeutes et brûlé des églises chrétiennes. Les catholiques, eux, se veulent la religion de l’amour. Il faut dire que les musulmans sont vite énervés puisqu’ils ne supportent pas qu’on dessine le prophète Mahomet en  bien ou en mal. Et pendant ce temps, les élites continuent à ne pas vouloir parler de terrorisme islamique par peur de stigmatiser les musulmans. Comme elles ont fermé les yeux sur la montée de l’islamisme dans les banlieues et les prisons françaises. La France a raté sa politique d’intégration. Jeanette Bougrab, la compagne de Charb, explique: «A cause d’une culpabilité postcoloniale, on a discrédité tous ceux qui alertaient des dangers de la montée du communautarisme.» L’écrivain Albert Soued écrit: «L'ennemi, c'est l'Islam radical. Pour être plus précis, l'Islam radical est aujourd'hui constitué de plusieurs entités, émanant du Moyen Orient. Tous les tueurs musulmans du monde entier se revendiquent de l'une ou l'autre de ces entités, bien qu'elles apparaissent au profane sous l'apparence d'une nébuleuse. Un état arabe, les Emirats Arabes Unis ou EAU, a dressé une liste de 85 organisations terroristes dangereuses. Les Etats-Unis et l'Europe ont aussi leurs listes. Toutes ces milices agissent au nom de l'Islam du début, celui des ancêtres, pur et dur. Or cet Islam est celui du Jihad armé et conquérant, cherchant à rétablir le Califat mondial.  L'Arabie est la patrie du wahabisme, une doctrine de l'Islam pur et dur, avec une police des mœurs et tutti quanti. Le wahabisme a été diffusé depuis la fin de la dernière guerre mondiale dans des milliers de mosquées, d'écoles et de centres communautaires musulmans à travers le monde. Le wahabisme peut dévier vers le jihad armé. La plupart des terroristes du 11 septembre étaient wahabites. Le wahabisme a donné naissance à al Qaeda.» Les islamismes étrangers ont pris pied en Europe et des experts israéliens ont averti que cela deviendrait  ingérable sans une vraie politique d’intégration et sans agents infiltrés dans les banlieues et autour des mosquées pour repérer les individus potentiellement dangereux.

 

lundi 19 janvier 2015

Islam et islamisme


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 

Le choc des attentats de «Charlie Hebdo», Montrouge et Hyper Cacher n’est pas encore retombé. Et il est juste d’en appeler à l’union nationale, de ne pas faire d’amalgame. En effet, même si l’islam n’est pas une religion modérée,  l’immense majorité des musulmans de France est modérée et n’a rien à voir avec des islamistes passés au terrorisme. Ceci dit, le politiquement correct nous scande comme des mantras qu’il n’y a aucun lien entre l’islam et l’islamisme. Pourtant, l’islamisme ne surgit pas de nulle part. C’est une lecture rigoriste de l’islam. Les islamistes se réclament d’un islam pur et dominateur. Ils voient dans le Coran et les Hadiths (faits et dires du prophète rapportés par ses compagnons) des textes emplis de violence et de discrimination. L’islamisme est un problème interne à l’islam. C’est à l’islam de le régler en se réformant, en contextualisant ses textes, en faisant la nécessaire exégèse que le christianisme a déjà faite. L’islam doit s’adapter aux valeurs universelles des droits de l’homme. Or, que constate-t-on? Que l’islam a plutôt tendance à se radicaliser qu’à se moderniser. Les Frères musulmans d’Egypte, qui détenaient encore il y a peu le pouvoir au Caire, ont par exemple soutenu l’Etat islamique du Levant (Deich).

Dans son dernier roman intitulé «Soumission», Houellebecq, le prix Goncourt 2010, imagine que la France de 2022 se retrouve dirigée par un président musulman. L’ouvrage fait polémique en France. Et Houellebecq explique dans une interview donnée le 9 janvier au «Figaro Magazine»: «Je ne crois pas que l’islam soit compatible avec la République». Notons que «soumission» est la traduction littérale française du mot islam. L’islam est une religion dominante, fait dire l’auteur à l’un de ses personnages.

Alors comment réformer l’islam en Europe (car dans les pays musulmans c’est difficile, voire impossible car on considère le Coran comme un texte dicté mot à mot en arabe par Dieu via l’un de ses archanges)? Un courant musulman préconise de s’en tenir surtout à la partie du Coran qui correspond à Mahomet prophète et pas encore chef de guerre. Un autre courant coraniste propose d’enlever de la charia tout ce qui n’est pas dans le Coran, comme les hadiths. Mais pour l’instant, ces courants ne sont pas reconnus par l’islam officiel.

lundi 12 janvier 2015

Les chrétiens perdus


Cavalier seul

Vincent Pellegrini



-         Le patriarche suprême de tous les Arméniens orthodoxes, Karékine II, a ouvert le centenaire du génocide arménien (1915-2015), durant lequel 1,5 million d'Arméniens ont été tués par les Turcs ottomans, explique l’agence Zenit.org. Dans une lettre encyclique rapportée par l'agence AsiaNews, le patriarche annonce notamment qu'il canonisera les victimes du génocide, «tuées pour leur foi et leur patrie», le 23 avril 2015. Le lendemain, 24 avril, sera décrété «Journée de Mémoire pour les saints martyrs du génocide». Le patriarche commémore 1,5 million de morts, «les «milliers d'églises et de monastères dévastés», les écoles rasées, les «trésors spirituels et culturels effacés». Remerciant les nations «qui ont eu le courage de reconnaître et de condamner le génocide arménien», le patriarche appelle à continuer l'action car «le sang des martyrs innocents et les souffrances du peuple crient pour obtenir justice». Le Conseil national suisse a reconnu dans un postulat le génocide arménien en 2003 contre l’avis du Conseil fédéral qui s’est montré trop frileux. Mais le scandale est que la Turquie veuille entrer dans l’Union Européenne tout en continuant à rejeter le génocide.

-         Jean-François Colosimo vient de sortir aux éditions Fayard un livre intitulé: «Les hommes en trop. La malédiction des chrétiens d’Orient.» Il y demande une intervention militaire de l’Occident plus efficace faute de quoi la disparition des chrétiens d’Orient signerait notre suicide moral. Interrogé par Patrice de Méritens qui lui demande pourquoi le massacre des chrétiens d’Orient nous ferait entrer dans une sorte de posthistoire, il répond: «Si l’Occident s’y résignait, ce serait en effet un tournant dans l’histoire de l’humanité non seulement parce que les chrétiens d’Orient sont un lien majeur avec les précédentes religions de l’écriture, la Mésopotamie ou l’Egypte (ils en portent la culture dans leur liturgie), non seulement parce qu’ils sont le chaînon indispensable entre l’Europe et l’Asie, mais aussi parce que toute leur vie a tenu à la piété, c’est-à-dire à la liturgie, la prière, la mystique, la verticalité. Ils ont été persécutés, ghettoïsés, déportés, massacrés, mais ont toujours survécu grâce à cette dimension symbolique. Admettre leur éradication reviendrait à accepter que l’humanité globale de la mondialisation soit finalement privée de toute racine.»  

lundi 5 janvier 2015

Chrétiens en exil


Cavalier seul

Vincent Pellegrini


-         Le patriarche Ignace Youssef III Younan, chef de l'église syriaque-catholique, a témoigné à Zénit de la situation des chrétiens du nord de l’Irak, où de très nombreuses familles chrétiennes ont été contraintes par État islamique en Irak et au Levant (EIIL) d'abandonner leurs terres de Mossoul et Karakosh pour se réfugier dans le Kurdistan irakien. Il a expliqué: «Au mois de juin, nous avons été littéralement déracinés de Mossoul. Nous étions plus de 15 000 familles. Mais la grande tragédie a eu lieu en août, quand 120 000 familles chrétiennes de la Plaine de Ninive ont été chassées, du jour au lendemain, de leurs terres d’origine. Ils avaient là-bas neuf églises. De toutes les minorités, les chrétiens formaient le plus grand groupe, 40%, de la population. En quelques heures, la plaine s’est vidée de ses chrétiens. Ce qui est arrivé à la plaine de Ninive a frappé davantage les syro-catholiques que toute autre minorité, car ils constituaient la majorité. Maintenant que nous sommes au Kurdistan, nous n’avons pas d’éparchie sur laquelle nous appuyer. Si bien que nous sommes des personnes déplacées à tout point de vue.» Les chrétiens déracinés doivent  maintenant affronter l’hiver dans des conditions très difficiles. C’est une tragédie à grande échelle.
Isabelle de Gaulmyn explique que la décision prise par le musée du Louvre d’abandonner le projet de département «consacré aux arts des chrétientés d’Orient, des empires byzantins et slaves» est regrettable, et pas seulement pour les spécialistes de Byzance, qui ne disposeront pas en France, contrairement à ce qui se passe à Londres au British Museum ou au Bode Museum de Berlin, d’un interlocuteur unique permettant de faire avancer la recherche en la matière. Alors qu’en Turquie on rase les cimetières arméniens ou syriaques, et qu’en Syrie, c’est tout le patrimoine chrétien qui est bombardé, détruit, ou pillé dans l’indifférence la plus générale, l’enterrement peu glorieux de ce projet visant à mieux mettre en valeur la civilisation chrétienne d’Orient laisse un goût amer, explique-t-elle. La décision de constituer un ensemble autour de la civilisation byzantine avait pourtant été prise au moment où le Louvre créait un département des arts de l’Islam. Il est important de montrer l’influence qu’a eu l’empire byzantin sur  l’Europe, même en philosophie