lundi 17 janvier 2011

pourquoi le journal Le Temps est-il anti Benoît XVI?


Le quotidien Le Temps ne goûte guère la pensée de Benoît XVI et il rate rarement une occasion de le faire savoir. Dernier exemple en date, un article paru vendredi dernier en page 15 et qui portait le titre programme (ou plutôt choquan t) « Benoît XVI, un pape désespéré et désespérant ». L’auteur est le chroniqueur  Zizola, journaliste spécialisé dans un journal italien. Disons, en résumé, que toutes les lignes de l’article sonnent comme une condamnation du pape au bûcher de la bien pensance. Le Temps, qui se veut un quotidien de qualité, devrait pourtant se méfier d’un parti pris aussi massif. Tout ne peut être noir dans un sujet comme celui-là.
Bref, il ressort de cet article consacré à la deuxième encyclique du pape (sur la vertu théologale d’espérance) que Benoît XVI a de nombreux torts. D’abord – toujours selon Zizola – il oublie d’adapter le christianisme aux changements historiques (et moi qui croyais naïvement que le christianisme façonnait l’histoire de l’humanité…), il privilégie trop la pensée par rapport à la chaleur du coeur (l’auteur sait-il que cet aspect est le thème de la première encyclique de Benoît XVI qui traitait précisément de la charité?), etc. Il est frappant de constater que l’auteur, qui joue Jean Paul II contre Benoît XVI, ne veut pas voir la complémentarité des deux papes. Le premier a réchauffé le cœur du catholicisme et le second poursuit une œuvre d’approfondissement. Zizola interprète abusivement le Concile Vatican II, ne comprenant pas qu’après son effort d’aggiornamento l’Eglise doit aujourd’hui conduire un effort de clarification et de recentrement qui solidifie la nouvelle évangélisation. Il y a surtout dans cet article une négation fondamentale de la surnaturalité qui fait pourtant partie intégrante de la théologie catholique. L’auteur reproche ainsi au pape de ne pas faire un acte de foi et d’espérance en la bonté intrinsèque des vertus naturelles de l’homme (vision rousseauiste de la société) alors que pour l’Eglise la nature humaine est capable de bien et de mal car elle porte en elle à la fois une blessure originelle et la loi naturelle qui est une capacité à connaître et vouloir le Bien. Le christianisme n’est rien d’autre que l’élévation de l’homme par la grâce qui est participation ontologique à l’Etre divin. Zizola, imprégné de la sensibilité de son époque, ne voit pas que le pape avec son « ton scholastique » (pensée logique d’une valeur universelle) met des garde-fous à la dérive émotionnelle qui parasite ce temps, même dans le domaine religieux. Et la conclusion de Zizola tombe : Benoît XVI est intellectuellement infréquentable par les humanistes (ceux qui ont confiance en l’homme) car il pratique « une théologie identitaire » et traque le relativisme moral jusqu’au sein de l’ONU. En résumé, le péché contre l’esprit de Benoît XVI, pour le chroniqueur du Temps, c’est tout simplement d’être catholique. C’est un exemple de plus de l’analphabétisme religieux qui envahit les rédactions.
Vincent Pellegrini

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