mardi 29 mars 2011

La Suisse se déchristianise: les chiffres

Les Suisses sont de plus en plus nombreux à se distancier de la religion, telle est la conclusion d’un sondage auprès de 1229 personnes et de 73 entretiens personnalisés réalisés par cinq sociologues des religions pour le Fonds national suisse de la recherche scientifique. Pour les les chercheurs, une grande majorité de la population helvétique (64 %) «affiche un rapport  non pas indifférent ou négatif, mais distant à la religion et à la spiritualité». Et pourtant, 31% des habitants de Suisse sont catholiques, 32% protestants et  12 % adeptes de religions  non-chrétiennes dit l’étude. Les chercheurs distinguent trois autre types de religiosité au sein du peuple suisse:  les institutionnels qui ont une foi vivante dans le catholicisme ou le protestantisme (17%), les laïcs hostiles à la religion (10%) et les alternatifs (9%) qui cultivent des croyances holistiques, ésotériques (pratique de l’astrologie, des techniques curatives de la respiration, etc.). Les sociologues  notent que «ces dernières années le groupe formé par les institutionnels a fortement diminué». Il est  vrai que la pratique religieuse est en chute libre.
Les distants, qui sont les plus nombreux, disposent certes de représentations religieuses et spirituelles, mais ces dernières ne jouent pas un rôle important dans leur vie et ils ne les activent que dans des situations exceptionnelles,  explique le rapport. Il ajoute que la plupart des distants sont membres de l’Eglise catholique ou protestante et paient l’impôt ecclésiastique, mais que leur appartenance confessionnelle ne leur paraît pas importante.  Notons au passage qu’on entre ainsi dans une société de plus en  plus relativiste, ce contre quoi  le pape Benoît XVI s’élève le plus dans ses homélies.
Les chercheurs  ont été frappés de consacrer que 15% des hommes sont hostiles à la religion contre 5% seulement pour les femmes. A la fin de leur  étude, ils se posent la question: La Suisse est-elle encore un pays chrétien? Il s’avère qu’une nette majorité trouvent les Eglises utiles pour les défavorisés mais qu’ils leur accordent une moindre importance pour eux  personnellement
Vincent Pellegrini

vendredi 25 mars 2011

Les révélations d’un reclus


ORIENT CHRETIEN. Dans une grotte de Chypre vécut un ermite dont on découvre actuellement la formidable œuvre théologique.  

Saint Neophytos a vécu de 1134 à 1220 à Chypre. Il a donc connu le passage de Chypre de la période byzantine à l’occupation, en 1191, des Latins repoussés de Terre sainte par les musulmans. Il a vécu 60 ans en reclus dans une grotte, partageant son temps entre la liturgie, la prière et l’écriture sur une table en  pierre à côté de son lit également en pierre. Et en mangeant  seulement  20 grammes par jour.  On peut encore voir tout cela au monastère saint Neophytos, près de Paphos. Nous avons demandé à un archimandrite du monastère, qui porte aussi le même nom que l’ermite reclus, quel était le message principal de saint Néophytos, dont on peut d’ailleur baiser le crâne dans l’église du  monastère. Ce qui attire de nombreux fidèles. Le saint a par ailleurs l’originalité de saluer d’une façon particulière certains visiteurs car son  crâne exhale parfois un parfum extraordinaire comme ce fut le cas par exemple avec un groupe de Japonais qui en étaient tout bouleversés. Mgr Neophytos, l’un des archimandrites du monastère de saint Neophytos,  n’a pas eu, lui, cette chance, mais il prépare une thèse de doctorat pour l’université de Genève sur le thème de la chute chez saint Neophytos. Nous l’avons interviewé dans son monastère à Chypre. L’œuvre du saint ermite Neophytos est en effet très importante. Il est un  penseur majeur du monde orthodoxe mais il commence seulement maintenant à être étudié en profondeur,  avec des éditions critiques. Le Valaisan et spécialiste des religions Grégoire Sommer travaille par exemple à une édition bilingue grec-français des écrits de Neophytos le reclus.
Mgr Neophytos, quel est le premier enseignement laissé par saint Neophytos
Qu'il n'y a pas de démarche spirituelle ni même d'ascèse sans paideia (éducation,culture). Dans l'antiquité, il y a certes l’influence d’Aristote et de Platon, mais cela ne suffit pas. Il y aussi l’herméneutique  (interprétation des textes sacrés et profanes) auquel les monastères se sont attelés.  
Mgr Neophytos, votre thèse interprète dans les écrits de Neophytos le reclus le thème de la chute de l’homme depuis la Genèse et la solution qui est proposée par le saint.
Tout d’abord, Saint Neophtyos  offre à travers les peintures couvrant les murs de sa grotte (il s’agit en fait de grottes successives que l’on peut visiter encore aujourd’hui), un programme iconographique qui correspond aux nombreux textes qu’il écrivait dans cette même grotte. Neophytos prend comme point  de départ la chute de l’homme dans la Genèse et la perte du paradis terrestre. Il apporte une solution à ce drame originel dans la liturgie qui trouve une forme très raffinée dans la grotte de Neophytos. Le message principal est: Seule la liturgie sauve l’homme. Un jour en France un professeur m’a demandé: «Pourquoi vous les orthodoxes avez-vous gardé votre ancienne liturgie sans la changer ni la moderniser?» Un peu embarrassé je lui ai répondu: on ne change pas quelque chose qui marche!
Sur quels points en particulier saint Neophytos a-t-il développé ses réflexions?
Comme je vous l’ai dit, son point de départ est le statut de l’homme depuis sa chute dans le paradis terrestre. La liturgie sauve l’homme mais comment y accéder et la comprendre? Seules certaines connaissances permettent de donner du sens à la liturgie.
Quelle approche saint Neophytos  fait-il de la philosophie classique?
Saint Neophytos a construit une pensée originale. Il va dire que la partie logique de l’âme ne peut pas à elle seule faire face aux mécanismes piégeants de la pensée, contrairement à ce qu’ont pensé Aristote et Platon. Il va donc dire que la pensée chrétienne trouve la solution à ces pièges dans la liturgie. Sa grotte fut un laboratoire de théologie, de philosophie, de spiritualité et de logique. Et ce programme se clôt par l’ascension  de toute l’humanité. Mais la prière et la théologie doivent converger pour  permettre la montée de l’homme vers la divinité. C’est tout cela qui est raconté dans  la grotte de saint Néophytos par un programme iconographique. Le monastère a été détruit six fois par les Ottomans et les moines ont été tous massacrés, mais heureusement la grotte n’a pas été touchée. Lorsqu’on a exhumé le corps du saint, il  sentait bon.
Que peut apporter à la modernité la pensée de saint  Neophytos?
La pensée de Néophytos désoriente le lecteur moderne. Elle s'est construite essentiellement autour de la notion d'image. Elle puise ses racines dans les écrits des trois Cappadocéens: Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse et Basile de Césarée. Néophytos confère à l'image un statut non seulement ontologique, mais aussi rhétorique. L'image ne représente pas, mais elle fait advenir l'objet du désir. Cette position est caractéristique de la sophistique. Toute la grotte du Reclus, tout le programme iconographique qui la décore, s'emploie à faire voir et à faire comprendre la portée philosophique de cette compréhension de l'image. Ce projet remonte d'une certaine manière au Sophiste de Platon, dans lequel le célèbre philosophe athénien amorce une toute nouvelle réflexion sur l'image. 

Légende de la photo principale
Mgr Neophytos explique la signification des peintures de la grotte où vécut le saint reclus. Le nouvelliste

mardi 22 mars 2011

Strasbourg réhabilité le crucifix dans les écoles

Guerre des crucifix
La Cour européenne fait marche arrière
La guerre des crucifix s’est propagée jusque dans notre canton où un enseignant haut-valaisan a été licencié pour avoir décroché une croix des murs de sa  classe, tandis que l’UDC essayait en vain au Grand Conseil de  rendre les crucifix obligatoires dans les écoles valaisannes. Il est  intéressant de noter dans ce contexte que la Cour européenne des droits de l’Homme, saisie en appel par l’Italie, a infirmé le 18 mars dernier son précédent jugement de 2009 sur le sujet et a jugé que  l’Italie n’avait pas à décrocher les crucifix des murs de ses écoles publiques. Ces symboles religieux n’ont selon elle pas d’influence sur les élèves. Pour la cour, la pose d’un crucifix «ne suffit pas pour parler d’une démarche d’endoctrinement». Toujours selon les juges de Strasbourg, un crucifix apposé sur un mur est  un symbole essentiellement passif, dont l’influence sur les élèves ne peut être comparée  à un discours didactique ou à la participation d’activités religieuses. La Cour a également tenu compte de la place prépondérante d’une religion dans l’histoire d’un pays.  A  noter que la Cour constitutionnelle autrichienne a rendu  un jugement similaire. Pour revenir au Valais, notre canton n’est en outre pas régi par la laïcité, à la différence de Genève par exemple, mais par la neutralité confessionnelle.
Vincent Pellegrini

mercredi 16 mars 2011

Le Valais ne veut-il plus de crucifix dans ses classes?

Le Grand Conseil valaisan - parlemement cantonal en Suissse - a refusé à une immense majorité un postulat demandant qu'il y ait un crucifix accroché dans chaque classe du canton. Le postulat a été déposé par l'Union démocratique du Centre (UDC) très minoritaire au Grand Conseil. Après le refus du PDC (Parti démocrate chrétien), majoritaire, l'UDC a fait le communiqué suivant. On peut se demander en tout cas si le PDC mérite encore son C....


======================================================================

Guy Genoud, relève-toi!
Communiqué de l'UDC du Valais romand
Ils sont 68, au Grand Conseil valaisan, les élus dont le parti, contrairement aux autres,
croit pouvoir revendiquer l'étiquette chrétienne dans sa dénomination.

Mais sur les 118 élus qui ont participé au vote (au fait, où étaient les autres?),
il n'étaient que... 6, dans tout le Parlement, à part les 12 élus en bloc des groupes UDC
et SVPO/Freie Wähler, à soutenir un postulat que les députés Franz Ruppen et Eric Jacquod
avaient déposé au nom des deux groupes et qui demandait, tout simplement,
 que l'on veille à ce que dans chaque salle de classe d'une école publique valaisanne,
 un crucifix rappelle aux élèves la foi de nos pères. Et pourtant, dans ses propos finaux,
Franz Ruppen a rappelé ces fortes paroles qu'un ancien président de section locale du PDC
 a osé écrire, il y a quelques jours seulement, dans un courrier de lecteur dont nul n'a oublié les fortes par
oles : "Guy Genoud, relève-toi, ils sont tous devenus fous!".
Dans ce débat, on a entendu un peu de tout, de l'intervention haineuse du député PDC Pascal Bridy (lançant un anathème à ceux qu'il croyait pouvoir accuser d'intolérance et même... de racisme - sic) à celle, de haute tenue, d'un autre élu du PDC du Valais romand qui, lui, a compris que l'objectif de ce postulat, bien loin de vouloir raviver quelque guerre que ce soit et de révéler quelque volonté d'exclusion que ce soit, était, tout simplement, en affichant le signe de l'événement fondateur de la foi de nos père et avec elle de notre civilisation, d'avoir le courage d'affirmer aux yeux de tous notre attachement à la foi et à la tradition chrétiennes. On a également entendu le président du parti qui, ces temps-ci, en est à essayer de définir la signification du "C" de sa dénomination qialifier les auteurs du postulat de... "gardiens de musée" (comme si le crucifix, pour lui et pour le parti qu'il préside, était devenu un objet de musée?).


Quant à l'un des auteurs du postulat, le déupté Eric Jacquod, voici ce qu'il a déclaré au nom du groupe UDC :


"Au-dessus de la tête du Président du Grand Conseil est suspendu un crucifix. Je ne sais pas depuis quand il y est, mais j'imagine qu'il a vu défiler bon nombre de présidents, de conseillers d'Etat, de chanceliers, de députés, de fonctionnaires du Service parlementaire. Il est là pour rappeler la foi de nos pères invoquée lors de l'assermentation par certains. Mais il est aussi là pour ceux qui ne l'invoquent pas. Il rappelle une foi à ceux qui la partagent, mais aussi une culture. C'est un symbole, pour tous. Comme la fresque au-dessus est aussi pleine de symboles. Et pourtant, la présence de ce crucifix n'empêche en rien que des partis ne se réclamant pas du Crucifié puissent siéger dans cette salle. Elle n'oblige en rien le Conseil d'Etat de militer pour le christianisme. Elle n'est pas non plus un frein à la liberté de parole de notre assemblée.

Ce qui est valable pour notre salle de réunion, doit l'être aussi pour les salles de classe de ce canton. Le crucifix est un symbole clair. Pour les chrétiens, il est le signe d'un Dieu qui a montré sa Force en pardonnant à ceux qui le crucifiaient par peur ou pour garantir leurs privilèges. Pour les non-chrétiens, y compris pour les véritables libre-penseurs, c'est-à-dire ceux qui ont une pensée libre, c'est le symbole de la culture qui a participé dans une mesure prépondérante à façonner ce que notre canton est devenu.

Face à des religions conquérantes, et qui ont raison de l'être dans la mesure où elles sont persuadées de poursuivre une noble cause, le crucifix est un symbole de la manière que les chrétiens doivent mettre en oe;uvre pour conquérir le monde : la vérité, l'amour mais aussi un esprit de sacrifice.

Pour les tenants d'un laïcisme absolu, la croix est la révélation de leur incohérence : en Occident, le laïcisme ne signifie aujourd'hui plus une neutralité religieuse, mais un anti-christianisme. Ainsi, certains libres-penseurs autoproclamés réagissent de manière compulsive et irrationnelle face à des symboles qui, au pire, ne devraient leur paraître tout au plus que ridicules. Dans le calendrier scolaire édité dans l'Union européenne, on parle de toutes les fêtes islamiques, juives ou même sikhes, mais pas de Noël... Et les divers accords intercantonaux ou internationaux tendent à nous aligner sur ces décisions arbitraires de la bureaucratie.

D'autre part, le parlement est le lieu où cette décision doit être prise. Dans la mesure où les normes scolaires et les moyens financiers sont décidés par cette assemblée, il est normal que ce soit aussi nous qui décidions de la présence ou non des crucifix, et pas, finalement, nos employés. Tout comme cette salle n'est pas la salle du Président du Grand Conseil, une salle de classe n'est pas la salle de l'enseignant. En outre, cette assemblée est représentative de la population de notre canton. Elle est de ce fait d'autant plus légitimée à mener ce débat qui ne doit pas être réservé à des élites, fussent-ils professeurs.

Voilà pourquoi nous demandons au Conseil d'Etat d'étudier les possibilités qui pourront assurer la présence de crucifix dans les salles de classe de ce canton.

Et nous nous réjouissons d'entendre les débats qui ne manqueront pas dans cette assemblée. Car c'est le but de cette assemblée. Pas seulement d'édicter des règlements d'applications d'une législation imposée par Berne ou par des accords internationaux.

Vous voudrez donc bien comprendre que l'objet de ce postulat n'est en rien de relancer de quelconques guerres de religion ou d'en imposer une. Nous voulons simplement affirmer un élément fondamental de notre identité : nos racines chrétiennes."
  UDC

dimanche 13 mars 2011

La raison pour laquelle l'ancienne messe n'a jamais été interdite.

Benoît XVI a admis par écrit dans son motu proprio libéralisant l'ancienne messe que cette même ancienne messse en latin n'avait jamais été interdite contrairement à ce qu'on toujours affirmé nos évêques. Pour une raison bien simple, la bulle quo primum du pape saint Pie V en 1570 n'a jamais été abrogée par un autre pape.L'ancienne messe,  selon la bulle,  a été rétablie "conformément à la règle antique". Et la bulle est la forme la plus solennelle d 'un document papal. Et la bulle quo primum qui donne à tous les prêtres jusqu'à la fin du monde la possibilité de célébrer l 'ancienne  messe est  particulièrement solennelle,.
Voici donc cette bulle Quo Primum qui a traversé les siècles



La Bulle Quo primum: Dès le premier instant de Notre élévation au sommet de la Hiérarchie Apostolique, Nous avons tourné avec amour Notre esprit et Nos forces et dirigé toutes Nos pensées vers ce qui était de nature à conserver la pure:té du culte de l'Église, et, avec l'aide de Dieu Lui-même, Nous nous sommes efforcé de le réaliser en plénitude, en y apportant tout Notre soin. Comme parmi d'autres décisions du saint Concile de Trente, il nous incombait de décider de l'édition et de la réforme des livres sacrés, le Catéchisme, le Bréviaire et le Missel; après avoir déjà, grâce à Dieu, édité le Catéchisme pour l'instruction du peuple, et pour qu'à Dieu soient rendues les louanges qui Lui sont dues, corrigé complètement le Bréviaire, pour que le Missel répondît au Bréviaire, ce qui est convenable et normal puisqu'il sied qu'il n'y ait dans l'Église de Dieu qu'une seule façon de psalmodier et un seul rite pour célébrer la Messe, il Nous apparaissait désormais nécessaire de penser le plus tôt possible à ce qui restait à faire dans ce domaine, à savoir: éditer le Missel lui-même.
C'est pourquoi Nous avons estimé devoir confier cette charge à des savants choisis; et, de fait, ce sont eux qui, après avoir soigneusement rassemblé tous les manuscrits, non seulement les anciens de Notre Bibliothèque Vaticane, mais aussi d'autres recherchés de tous les côtés, corrigés et exempts d'altération, ainsi que les décisions des Anciens et les écrits d'auteurs estimés qui nous ont laissé des documents relatifs à l'organisation de ces mêmes rites, ont rétabli le Missel lui-même conformément à la règle antique et aux rites des Saints-Pères.
Une fois celui-ci révisé et corrigé, après mûre réflexion, afin que tous profitent de cette disposition et du travail que Nous avons entrepris, Nous avons ordonné qu'il fût imprimé à Rome le plus tôt possible, et qu'une fois imprimé, il fût publié, afin que les prêtres sachent quelles prières ils doivent utiliser, quels sont les rites et quelles sont les cérémonies qu'ils doivent conserver dorénavant dans la célébration des Messes: pour que tous accueillent partout et observent ce qui leur a été transmis par l'Église romaine, Mère et Maîtresse de toutes les autres Églises, et pour que par la suite et dans les temps à venir dans toutes les églises, patriarcales, cathédrales, collégiales et paroissiales de toutes les provinces de la Chrétienté, séculières ou de n'importe quels Ordres monastiques, tant d'hommes que de femmes, même d'Ordres militaires réguliers, et dans les églises et chapelles sans charge d'âmes dans lesquelles la célébration de la messe conventuelle à haute voix avec le Chœur, ou à voix basse selon le rite de l'Église romaine est de coutume ou d'obligation, on ne chante ou ne récite d'autres formules que celle conforme au Missel que Nous avons publié, même si ces églises ont obtenu une dispense quelconque, par un indult du Siège Apostolique, par le fait d'une coutume, d'un privilège ou même d'un serment, ou par une confirmation apostolique, ou sont dotées d'autres permissions quelconques; à moins que depuis la première institution approuvée par le Siège Apostolique ou en vertu de la coutume, cette dernière ou l'institution elle-même aient été observées dans ces mêmes églises depuis deux cents ans au moins, d'une façon continue, pour la célébration des messes. Dans ce cas, Nous ne supprimons aucunement à ces églises leur institution ou coutume de célébrer la messe; mais si ce Missel que Nous avons fait publier leur plaisait davantage, de l'avis de l'Évêque ou du Prélat, ou de l'ensemble du Chapitre, Nous permettons que, sans que quoi que ce soit y fasse obstacle, elles puissent célébrer la messe suivant celui-ci.
Par Notre présente constitution, qui est valable à perpétuité, Nous avons décidé et Nous ordonnons, sous peine de Notre malédiction, que pour toutes les autres églises précitées l’usage de leurs missels propres soit retiré et absolument et totalement rejeté, et que jamais rien ne soit ajouté, retranché ou modifié à Notre missel, que nous venons d’éditer.
Nous avons décidé rigoureusement pour l'ensemble et pour chacune des églises énumérées ci-dessus, pour les Patriarches, les Administrateurs et pour toutes autres personnes revêtues de quelque dignité ecclésiastique, fussent-ils même Cardinaux de la Sainte Église romaine ou eussent-ils tout autre grade ou prééminence quelconque, qu'ils devront, en vertu de la sainte obéissance, abandonner à l'avenir et rejeter entièrement tous les autres principes et rites, si anciens soient-ils, provenant des autres missels dont ils avaient jusqu'ici l'habitude de se servir, et qu'ils devront chanter ou dire la Messe suivant le rite, la manière et la règle que Nous enseignons par ce Missel et qu'ils ne pourront se permettre d'ajouter, dans la célébration de la Messe, d'autres cérémonies ou de réciter d'autres prières que celles contenues dans ce Missel.
Et même par les dispositions des présentes et au nom de notre autorité apostolique, Nous concédons et accordons que ce même missel pourra être suivi en totalité dans la messe chantée ou lue, dans quelque église que ce soit, sans aucun scrupule de conscience et sans encourir aucune punition, condamnation ou censure, et qu’on pourra valablement l’utiliser librement et licitement, et cela à perpétuité.
Et, d’une façon analogue, Nous avons décidé et déclarons que les supérieurs, administrateurs, chapelains et autres prêtres de quelque nom qu’ils seront désignés, ou les religieux de n’importe quel ordre, ne peuvent être tenus de célébrer la messe autrement que nous l’avons fixée, et que jamais et en aucun temps qui que ce soit ne pourra les contraindre et les forcer à laisser ce missel ou à abroger la présente instruction ou la modifier, mais qu’elle demeurera toujours en vigueur et valide, dans toute sa force, nonobstant les décisions antérieures et les constitutions et ordonnances apostoliques, et les constitutions générales ou spéciales émanant de conciles provinciaux et généraux, pas plus que l’usage des églises précitées confirmé par une prescription très ancienne et immémoriale, mais ne remontant pas à plus de deux cents ans, ni les décisions ou coutumes contraires, quelles qu’elles soient.
Nous voulons, au contraire, et Nous le décrétons avec la même autorité, qu'après la publication de Notre présente Constitution, ainsi que du Missel, tous les prêtres qui sont présents dans la Curie romaine soient tenus de chanter ou de dire la Messe selon ce Missel dans un délai d'un mois: ceux qui sont de ce côté des Alpes, au bout de trois mois: et enfin, ceux qui habitent de l'autre côté des montagnes, au bout de six mois ou dès que celui-ci leur sera offert à acheter.
Et pour qu'en tout lieu de la Terre il soit conservé sans corruption et exempt de fautes et d'erreurs, Nous interdisons par Notre autorité apostolique et par le contenu d'instructions semblables à la présente, à tous les imprimeurs domiciliés dans le domaine soumis directement ou indirectement à Notre autorité et à la sainte Église romaine, sous peine de confiscation des livres et d'une amende de deux cents ducats d'or à payer au Trésor Apostolique, et aux autres, domiciliés en quelque lieu du monde, sous peine d'excommunication et d'autres sanctions en Notre pouvoir, de se permettre en aucune manière ou de s'arroger le droit de l'imprimer ou de l'offrir, ou de l'accepter sans Notre permission ou une permission spéciale d'un Commissaire Apostolique qui doit être chargé par Nous de ce soin, et sans que ce Commissaire n'ait comparé avec le Missel imprimé à Rome, suivant la grande impression, un original destiné au même imprimeur pour lui servir de modèle pour ceux que ledit imprimeur doit imprimer, ni sans qu'on n'ait préalablement bien établi qu'il concorde avec ledit Missel et ne présente absolument aucune divergence par rapport à celui-ci.
Cependant, comme il serait difficile de transmettre la présente lettre en tous lieux de la Chrétienté et de la porter tout de suite à la connaissance de tous, Nous ordonnons de la publier et de l'afficher, suivant l'usage, à la Basilique du Prince des Apôtres et à la Chancellerie Apostolique, ainsi que sur le Champ de Flore, et d'imprimer aussi des exemplaires de cette même lettre signés de la main d'un notaire public et munis du sceau d'une personnalité revêtue d'une dignité ecclésiastique, auxquels on devra partout, chez tous les peuples et en tous lieux, accorder la même confiance absolument exempte de doute que si l'on montrait ou exposait la présente.
Qu’absolument personne, donc, ne puisse déroger à cette page qui exprime Notre permission, Notre décision, Notre ordonnance, Notre commandement, Notre précepte, Notre concession, Notre indult, Notre déclaration, Notre décret et Notre interdiction, ou n’ose témérairement aller à l’encontre de ses dispositions. Si cependant quelqu’un se permettait une telle altération, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation de Dieu tout-puissant et de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul.
Donné à Rome, à Saint-Pierre, l'An mil cinq cent soixante-dix de l'Incarnation du Seigneur, la veille des Ides de juillet, en la cinquième année de Notre Pontificat
Une Bulle est le document le plus solennel qui émane d'un Pape. D'ordre gouvernemental ou législatif, elle intéresse toute l'Église et oblige rigoureusement en conscience. La Bulle Quo primum, donnée le 14 juillet 1570 et valable à perpétuité, n 'a jamais été annulée, si elle pouvait l'être, par les successeurs de saint Pie V.

jeudi 10 mars 2011

Il a osé l'admettre

Des statistiques ont mis en évidence en 2008, à l'échelle de la Suisse, le manque de prêtres. En Valais aussi où la moyenne d'âge des curés en activité dans une paroisse était de 62 ans! Depuis 1978, 147 prêtres diocésains sont décédés,  et seulement 53 ont été ordonnés (chiffres 2009)! Et la relève n'est pas là.  Avec cinq candidats valaisans (en 2008) à la prêtrise au séminaire diocésain  de Givisiez (Fribourg) et une moyenne de deux ordinations  par an entre 1991-2005, la relève n'est pas
assurée pour les 160 communes du canton…Pourquoi? un prêtre, interviewé par le journal Le Nouvelliste sur une ordination cette année, a eu le courage d'admettre que le manque de vocations était dû à l'après Vatican II. On sait depuis longtemps ce que cela veut dire. La messe désacralisée et définie dans des documents officiels comme "l'assemblée du peuple de Dieu sous  la présidence du prêtre". Une vulgarisation excessive  de la messe issue d'une fausse interprétation de la note 34 de la constitution conciliaire sur la liturgie (le Concile Vatican II  célébrait l'ancienne messe, la messe de Paul VI n'arrivant qu'en 1969). Bref, une perte de l'esprit surnaturel et une  confusion entre le sacerdoce consacré et le sacerdoce du peuple de Dieu baptisé. C'est pourquoi un diocèse comme celui de Sion résiste tant aux demandes d'application du motu proprio libéralisant l'ancienne messse. On a oublié que Dieu devait tenir la première place, même en liturgie!


Vincent Pellegrini

samedi 5 mars 2011

Misons sur les jeunes

Un appel aux jeunes
INTERVIEW. Pour le curé de Savièse, la bonne volonté ne manque pas chez les jeunes face à la religion mais il faut trouver les moyens de les atteindre.

Par  Vincent Pellegrini

Comment évangéliser la jeunesse quand on est curé d’une paroisse où souvent la moyenne d’âge de l’assistance à la messe dominicale est plus proche de la retraite que des bancs d’école. Nous avons demandé à un curé, Jean-François Luisier, à Savièse, s’il fallait se résigner où s’il existait des «recettes»…
Jean-François Luisier, vous avez organisé le 25 février dernier une opération «cure ouverte» pour les jeunes. Est-ce une formule  qui marche à l’heure où l’on voit peu de jeunes à la messe?
Septante-cinq jeunes sont venus! Le but était de mettre en contact et en réseau des jeunes car après l’âge de quinze ans et la fin du CO ils ne trouvent plus forcément leur compte dans les messes  dominicales de leur paroisse. Il faut aussi trouver un langage qui leur parle.  Ainsi, la  soirée cure ouverte était présentée ainsi:  «La cure de Savièse, un  espace de mixage Fun & Foi où se côtoient des jeunes en recherche et des convaincus de Dieu. Lieu convivial à disposition pour  des jeunes  branchés  vertical. 3e édition.» On pourrait dire qu’il y a une grande paroisse de jeunes invisible, non –territoriale ! Le diocèse en est bien conscient puisqu’il a confié à l’abbé David Roduit, aumônier de collèges, la responsabilité de la pastorale diocésaine de la jeunesse.
Et que faites-vous avec les jeunes dans une soirée «cure ouverte» de 19 à 1 heure avec «repas à toute heure»? 
Ceux qui ont la foi se retrouvent entre eux, se sentent moins  seuls et ils entraînent d’autres jeunes qui n’ont pas forcément la foi. Les jeunes attirent et évangélisent les jeunes dans ce genre de soirées car ils n’affichent pas facilement leur foi à l’école, en apprentissage ou aux études. Dans une soirée organisée pour les jeunes, qu’ils soient saviésans ou non, c’est plus facile car convivial. Le 25 février, il y a des jeunes qui sont descendus d'Anniviers ou de Bagnes! Nous avions  invité Florent Troillet, le champion de ski-alpinisme et sportif de Dieu, qui a fait un beau témoignage sur sa  famille et sa foi. Ensuite, ont été projetés des extraits filmés d’Aurélia Lugon, une jeune fille qui a pris l’habit dans une communauté  religieuse, avec en complément le témoignage de ses frères et sœurs. Ont aussi été projetées  quelques belles séquences souvenir  de Jean-Paul II dans le contexte de sa  béatification. Jean-Paul II  qui a relancé l’évangélisation des jeunes. L'adoration est toujours offerte dans ces soirées. Et le parcours sportif des 7 sacrements à la salle de gym était drôle. A l’heure où l’on voit moins de jeunes dans les églises le dimanche, l’Esprit Saint a  voulu que des jeunes se mettent en route  pour évangéliser  d’autres jeunes. C’est la génération des JMJ qui s’est trouvée décomplexée pour parler de ses convictions.
Vous êtes actif dans des mouvements pour jeunes comme les DJP (déjeune qui prie) et NAPP («N’ayez pas peur» www.napp.ch). Pourquoi?
Je fais effectivement partie de ces prêtres qui sont parfois des locomotives mais aussi tirés eux-mêmes en avant par des jeunes qui en veulent. Ce qui est réconfortant, c’est de découvrir que l’on peut en général facilement faire sentir le besoin de prier aux jeunes. Ils sont pleins de  bonne volonté. Mais c’est surtout en famille que l’initiation à la foi doit commencer. Car ensuite et en dehors  il n’est pas facile de se ménager des temps de respiration le week-end dans cette civilisation des loisirs, mais je sais qu’au fond  le jeune est intact dans sa soif de spiritualité. Il accepte même de redécouvrir le beau chapelet qui peut être associé à  une marche, lors d’un pèlerinage à peau de phoque, en bus, etc., car ce n’est pas un exercice de fixation comme l’adoration du Saint-Sacrement ou un exercice cérébral comme l’étude biblique. Le chapelet, c’est la prière du pèlerin, le psautier du pauvre, donner la main à Marie.
Vous dites que la première évangélisation incombe aux parents.
Exactement. Il faudrait prier en famille avec les  tout-petits dans leur chambre ou au salon tous les soirs. Faire de la messe un projet familial du week-end. Pour les adolescents, le fond est souvent  là, mais ensuite le jeune doit se former une personnalité spirituelle. L’idéal est que le jeune soit invité par un autre jeune car il a besoin de savoir avec qui il sera.  
Mais la pratique religieuse des jeunes est faible
Ca, ce sont de bonnes souffrances de prêtre, moi je me réjouis  quand quelques-uns sont là. C’est déjà beaucoup pour notre époque. Et ce qui touche le plus les jeunes, ce sont les enseignements nourrissants. Les jeunes  aiment que les choses soient claires. Ils veulent la Vérité dans  toute son exigence et toute sa beauté.
Mais l’exigence de sainteté du christianisme n’éloigne-t-elle pas les jeunes de la pratique religieuse?
Non, c’est plutôt le conditionnement de notre société qui les éloigne. Il nous faut sans cesse informer et inviter, les inciter à entrer dans ces groupes qui ne sont pas du tout ennuyeux ou à  des rencontres comme le festival Theomania, les montées vers Pâques, etc. La convivialité est très importante. Elle rapproche le jeune en recherche des jeunes convaincus. Jean Paul II a donné une réelle impulsion à la pastorale des jeunes en lançant les JMJ (Journées mondiales de la jeunesse). Pour ma part j’incite les jeunes à prendre un temps, si possible une année sabbatique, pour approfondir leur foi, comme propose Point-Cœur, l’institut Philanthropos, Jeunesse-Lumière de Daniel Ange, qui est une école d’évangélisation, la Garde Pontificale, etc. Dans  la masse des jeunes il y en a de magnifiques qui nous aident et prennent en main l’organisation des temps d’évangélisation.