Vincent Pellegrini
Lu cet article de Frédéric LE MOAL :: Nazisme et Eglise :: permalien #109Le Journal de Goebbels contient des informations riches et précises sur la haine des nazis à l’encontre de l’Eglise catholique.Arrêtons-nous sur une source essentielle : le Journal de Goebbels. Les éditions Tallandier ont lancé une entreprise éditoriale remarquable de publication du journal intime tenu entre 1923 et 1945 par ce haut dirigeant nazi et proche de Hitler. Ce texte nous entraîne dans le premier cercle dirigeant nazi et nous apporte une multitude d’informations sur la pensée, non seulement de Goebbels, mais aussi de Hitler dont les propos sont rapportés. C’est un voyage au cœur du national-socialisme. Le tome portant sur la période 1933-1939 ne concerne pas le pontificat de Pie XII (la publication du tome 4, 1939-1943 est imminente). Toutefois, il apporte un éclairage tout à fait intéressant sur les rapports entre les nationaux-socialistes et le catholicisme en Allemagne. Le journal abonde en attaques violentes contre le christianisme et confirme le rejet viscéral des nazis pour cette religion. Goebbels, lui-même issu d’un milieu catholique, rapporte les tirades de Kraus, « qui ne fait pas mystère de sa répulsion pour l’imposture juive de l’Ancien Testament » (p.157), et lui-même avoue ne pas supporter les « âneries sur le Christ bienfaiteur de l’humanité » (p.684). Il n’hésite pas à approuver la haine que les républicains espagnols éprouvent à l’égard « des capitalistes, des propriétaires et des curés » (p.372). C’est bien évidemment le cœur du message chrétien que les nazis ne peuvent supporter, et notamment le respect absolu de la vie. Ainsi Goebbels approuve-t-il la stérilisation médicale des aliénés. Ses services de propagande travaillent, à la fin de 1936, à la réalisation d’un film tourné dans un asile pour justifier la loi. Il note alors : « Nos chères Eglises sont contre : elles ont besoin de nos idiots, partie pour faire des croyants, partie pour faire avec eux l’épreuve de leur amour du prochain. Redoutable confusion de l’esprit ! Mais nous allons passer outre. » (p. 353). Il est très intéressant de relever cette phrase, en date du 5 juin 1935 : « Je travaille fort et ferme contre les Juifs et les Jésuites. » Le christianisme reste, pour les nationaux-socialistes, une religion imprégnée de judaïsme, et l’Eglise catholique une hiérarchie supranationale échappant au contrôle de l’Etat. Le Vatican ne se trompe pas quand il considère, dès la montée du nazisme dans les années 1920, que son antisémitisme est consubstantiel à son antichristianisme. Le thème le plus présent dans le journal est la lutte contre l’Eglise catholique menée par le régime. Les propos vénéneux contre les prêtres (racailles, curés insolents, bêtes) reviennent comme un leitmotiv. Mais ce que le journal montre très bien, c’est le rôle de Goebbels et de sa propagande dans les procès intentés contre les ecclésiastiques. Deux accusations ressortent : le transfert illégal de devises à l’étranger et l’immoralité des prêtres homosexuels et pédophiles (« Le Führer pense que c’est une caractéristique de l’Eglise catholique » p.300). L’instrumentalisation politique de ces procès est évidente : le pouvoir veut décrédibiliser l’Eglise aux yeux de l’opinion publique allemande. Goebbels oriente délibérément la presse dans ce sens. A ses yeux, c’est l’indispensable et première étape dans la mise au pas de l’Eglise (p.415
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