lundi 17 janvier 2011

Eléments intéressants sur le Saint Suaire


Des éléments intéressants sur le Saint Suaire
Classé dans : Christianisme — Vincent Pellegrini @ 10:29
Voici dix ans, tombait la datation au carbone 14 du Suaire conservé à Turin. Datation de plus en plus controversée en raison notamment de défauts de méthodologie et qui n’a pas clos le chapitre, loin s’en faut. Polydamas, sur son blog, fait la synthèse des découvertes faites avant et après cette datation. C’est intéressant VP

Quelques éléments sur le suaire de Turin
Le linceul de Turin déchaîne régulièrement les passions. Est-il le suaire qui aurait accueilli le corps du Christ, aprés sa mort ? Ou d'un faux magistral, réalisé par un faussaire de génie aux environs du XIVème siècle ?


Il ne s'agit pas de refaire toute la polémique, qui nécessiterait facilement un site entier, mais de rappeler brièvement quels sont les éléments qui plaident ou pas pour sa véracité. Le carbone 14 fait l'objet de toutes les attentions, pourtant, il ressort des multiples études réalisées sur le suaire que ce n'est pas le seul élément intéressant. Mais, comme à l'accoutumée avec nos médias favoris, seul cet élément fait la une.

Tout d'abord, on sait que le tissu de lin, composant le suaire, correspond aux techniques de tissage utilisées en Palestine aux environs du premier siècle. On remarquera notamment l'absence totale de de laine ou de coton, qui étaient les matières premières les plus utilisées en Europe, au Moyen Age.

On a trouvé sur le linceul des pollens de toutes provenances, qui correspondent à l'histoire connue des voyages du linceul. Mais il semblerait que la plus grande proportion des pollens prélevés proviennent du Moyen Orient et de la région de Jérusalem. Il s'agit des pollens de pistachier, dont le nom latin est "Pistacia palestina" et des pollens de tamarin. Or ces deux espèces ne se trouvent qu'en Palestine, et nulle part ailleurs.

L'image du suaire est formé par une légère brûlure du tissu sur 15 microns de profondeur. Image qui se comporte comme un négatif photographique. Pas mal pour une peinture médiévale. Les faussaires médiévistes ne se sont pas contentés de cela, puisque le suaire possède également des propriétés tri-dimensionnelles. Pour en connaitre davantage à ce sujet, reportez-vous à ce document.

Il n' y a pas de reproduction possible qui permettrait de réunir ces qualités sans des moyens modernes hautement sophistiqués. D'autant que l'impression semble avoir été réalisée à partir d'une projection perpendiculaire, puisque l'on ne décèle aucune trace d'un quelconque mouvement de pinceau, ou d'un produit biologique qui aurait pu former cette image. Une explication de ces particularité, serait que l'énergie qui aurait servi à l'impression vienne du modèle lui-même, c'est à dire du corps. Mais là, on commence à rentrer dans l'absurde idée d'une resurrection.

L'image est uniforme, c'est à dire qu'il s'agit même densité d'impression d'un côté comme de l'autre. Ce qui vient contredire l'idée qu'un cadavre aurait été allongé sur le tissu, puis retiré. En effet, on aurait constaté des traces de densité différente, suivant le côté sur lequel le corps aurait été posé.

Autre point, on relève des traces d'argile aux emplacements des pieds, mais aussi du nez et du front (ce qui correspond aux trois chutes que le Christ a fait lors de sa passion). Cet argile, l'aragonite, nous ramène là-encore à la région de Jérusalem (décidément les faits sont têtus). On peut évoquer également des pièces de monnaie: les leptons sur les yeux de la personne décédée. Ces pièces de monnaie correspondent à la période du premier siècle. Plus précisèment on sait qu'elles ont été frappées la 16ème année du règne de Tibère, c'est à dire, l'année 30 de notre ère. Nos faussaires médiévistes avaient donc des compétences poussées en chimie, biologie, géologie des sols et numismatie. Pas mal.

D'autres éléments viennent contredire l'idée d'un faux médiéval. Et notamment, le codex de Pray, qui est un ouvrage daté avec précision du XII ème siècle, contenant une miniature représentant le Saint Suaire. Suaire que l'on reconnait aux traces de chevrons sur l'inverse de la toile, aux marques de brûlure, à la forme du corps, qui représente à peu près correctement l'image du linceul. Au minimum ce texte contredit l'hypothèse d'un linceul daté du XIIIe, puisqu'il est lui-même daté du XIIe.

Sur le corps je me contenterai des remarques suivantes:
- les pouces n'apparaissent pas, signe de la rigidité cadavérique du corps
- l'individu a eu le coeur percé alors qu'il était mort (sa blessure ne s'étant pas cicatrisé), il a été roué de coups de fouet, correspondant à l'attirail connu des Romains de la région, il a porté un casque d'épines, il n'a pas eu les jambes brisées contrairement aux habitudes romaines (tout cela est conforme aux Evangiles)
- nulle trace de déchirure du tissu, ce qui aurait du être le cas, puisque si il y a un corps qui a été effectivement posé dessus, il n'est pas possible d'expliquer comment il a pu être retiré, sans que le sang séché n'arrache les fibres du tissu.
- la tête parait avoir été entourée d'un tissu, ce qui correspond là encore à un autre suaire, le sudarium d'Oviedo (daté lui du XIe), dont le groupe sanguin correspond à celui du suaire (les faussaires ont donc réalisés ces tissus dans les mêmes conditions, et avec le même groupe sanguin AB, le même que celui relevé lors des miracles dits "eucharistiques"*).
- l'individu a les poignets percés et non les mains, à l'inverse de ce qui était traditionnellement représenté au Moyen-Age
Tous ces éléments montrent que les faussaires médiévaux possédaient donc également des savoirs poussés en anatomie, en contradiction avec les connaissances les plus courantes de leur époque.

On peut penser également que s'il n'y avait pas d'enjeux aussi importants, cela ferait longtemps que le suaire serait daté du 1er siècle et qu'il aurait été identifié à Jesus. N'importe quelle momie égyptienne dispose de moins de preuves que le suaire.


Les principaux arguments contre l'authenticité, sont les suivants:
- le carbone 14: je n'ai pas d'arguments sérieux à opposer à la validité de cette analyse, si ce n'est qu'il y a déjà eu des erreurs de datation avec des momies et d'autres objets anciens. En outre, M. Christopher Ramsey, directeur de l'institut de radio-carbone d'Oxford, qui a réalisé la mesure, affirme que la datation peut être remise en cause parce que le suaire n'a pas cessé de voyager, et que donc sa composition chimique a évolué dans le temps. D'ailleurs le codex de Pray est l'argument le plus solide pour invalider ce travail.
- le suaire a été dénoncé comme faux, au XIVème siècle, par l'évêque de Troyes, Henri de Poitiers et qu'il a réussi à trouver l'artiste qui l'avait réalisé. Problème: pas de preuves, pas de datation et aucune précision sur cet artiste
- la présence de pigments médiévaux de couleur ocre. Ces éléments sont rabachés par Science & Vie et consorts. Mais l'on n'en a trouve que des quantités infinitésimales, et l'image n'en est pas composé. Ils peuvent avoir été parfaitement déposés là lors des multiples expositions médiévales.

En fait, l'hypothèse qui semble la plus crédible, hormis celle de l'authentification, est celle d'un faux du premier siècle de la région de Jerusalem. Mais nul n'est capable d'expliquer alors comment cette impression a pu être réalisée avec les moyens de l'époque. Beaucoup d'éléments prêchent en faveur de la véracité du suaire. Je me contenterai juste de citer cette phrase qui résume bien la situation...



Toute personne désirant soutenir la théorie que le Suaire de Turin est un faux doit, avant toute chose, pouvoir expliquer le caractère de négatif photographique
ET
expliquer comment le faussaire a pu produire cette image
ET
être en mesure de reproduire une image équivalente et ayant un caractère tridimensionnel
ET
être capable de retirer le corps du Suaire sans laisser de trace de cet enlèvement
ET
le tout, bien sûr, sur un tissu des premiers siècles, de bonne dimension, ne contenant pas de trace de laine.
ET
par souci du détail, n'omettons pas les monnaies, les pollens, la boue, l'exactitude médicale...

Pour conclure, je dirais que l'hypothèse d'un faux médiéval serait encore plus géniale que celle d'un dieu, vu le nombre de techniques modernes que le faussaire se devait de maitriser pour réaliser ce chef d'oeuvre. Un tel génie aurait réalisé le suaire, et personne n'aurait entendu parler des techniques révolutionnaires qu'il aurait utilisé ?

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