mardi 18 janvier 2011

Le Valais bénit le concubinage

La cérémonie de l’Eglise catholique valaisanne pour les divorcés remariés civilement.


Notre journal a publié le 20 septembre un dossier consacré principalement aux divorcés remariés civilement qui bénéficient d’un accompagnement spirituel de l’Eglise catholique et même d’une cérémonie spéciale dans le diocèse de Sion. A ne pas confondre avec le cas, fort différent, des baptisés ayant fait constater par les tribunaux ecclésiastiques la nullité de leur premier mariage et qui peuvent donc repasser devant le prêtre pour sceller religieusement leur nouvelle union. Le sujet était titré et sous-titré ainsi en page une:
«Vive les divorcés! «Remariage» à l’Eglise. Peu de gens le savent, mais les personnes divorcées peuvent, sous conditions, célébrer une deuxième noce. Un couple et le prêtre qui l’a uni témoignent.»
Malheureusement, cette accroche un peu spectaculaire et sa photo ne correspondaient pas vraiment au contenu du dossier développé dans nos pages 2 et 3… Mais il faut pourtant revenir à cette affaire car le sujet n’est en fait pas si évident que cela.
A la lecture de notre édition du 20 septembre, l’on constate certes que l’Eglise catholique valaisanne insiste dans le reportage pour dire qu’il ne s’agit pas d’un remariage, qu’il n’y a pas de robe de mariée, ni de bénédiction des alliances, ni d’échange des consentements devant le prêtre et que la cérémonie doit se faire dans un cadre restreint à la famille et aux amis proches uniquement. Mais les deux personnes remariées civilement qui ont témoigné dans «Le Nouvelliste» ont apparemment vécu cette cérémonie comme une deuxième union scellée par eux-mêmes sous le regard de Dieu et avec l’accompagnement de l’Eglise. Lui: «La mise de côté des personnes divorcées, c’est souvent une critique que l’on fait à l’Eglise. Avec cette cérémonie, ce n’est pas le cas. Nous avons l’impression d’être dans la norme. C’est aussi reconnaître qu’on a le droit de se tromper.» Et elle: «Lorsque nous avons appris que nous avions la possibilité de nous remarier, j’ai ressenti une joie intérieure. J’avais besoin d’un moment de prière, de recueillement pour célébrer cet événement. Tout est question de croyance.»
Voilà pour le ressenti des divorcés remariés civilement qui ont bénéficié de la cérémonie proposée par l’Eglise valaisanne. Tout le monde leur reconnaîtra d’ailleurs le droit de bénéficier d’un accompagnement spirituel. Mais ici le message pastoral de l’Eglise valaisanne est-il suffisamment clair ou se trouve-t-il quelque peu brouillé du fait par exemple que le prêtre bénit la maison du couple remarié civilement et qu’il y a une véritable cérémonie?
Pour en débattre sereinement – car les nombreuses réactions reçues au journal nous obligent à revenir sur le sujet – il faut se référer au fascicule édité par le Diocèse de Sion. Cette brochure s’intitule sobrement : «Proposition de prières pour les divorcés remariés» (on parle bien sûr ici implicitement des divorcés remariés civilement et non religieusement). Le fascicule explique que les «célébrations devraient avoir lieu le plus souvent au domicile du nouveau couple». Deux possibilités sont offertes: «A un moment fixé librement et dans ce cas la célébration est assez développée». Ou «après une messe en paroisse dominicale ou de semaine avec une formule plus simple». Le diocèse précise: «S’il était impossible de se rendre au domicile du couple, on pourrait alors inviter les personnes à participer à une messe paroissiale puis, après le départ de l’assemblée, choisir la formule C.» On présentera donc ci-dessous ces formules A, B et C… En précisant «que ces différentes célébrations peuvent être présidées par un prêtre ou un diacre ou encore par un laïc formé».
Formule A: Au domicile du couple, sans messe paroissiale préalable.
1) Musique ou chant. 2) prière. 3) «Mot d’accueil qui mentionne clairement l’impossibilité du mariage, par exemple… Chers N. et N., nous nous réjouissons d’être avec vous pour vivre ce moment de partage et de prière. Malgré l’impossibilité dans laquelle vous vous trouvez de vous donner le sacrement de mariage, vous avez souhaité au plus profond de votre cœur, mettre votre vie commune sous le signe de l’amour de Dieu. L’Eglise répond à votre désir pour que vous sachiez qu’elle vous accompagne sur le chemin que vous avez choisi…». 4) Prière à choix ou prière rédigée par le couple avec l’aide du célébrant. 5) Demande de pardon et récitation du «Je confesse à Dieu» ou d’autres prières à choix. 6) Temps de la Parole. 7) Profession de foi baptismale.  Geste: le prêtre remet au couple une bougie ou un crucifix. 9) Bénédiction de la maison. 10) Aspersion des différentes pièces de la maison avec l’eau bénite. 11) Prière universelle. 12) Récitation du Notre Père 13) Envoi par une bénédiction. Si le ministre est un laïc, il peut conclure en se signant: «Aujourd’hui, le salut est venu dans cette maison. Que la paix de Dieu repose sur elle et sur tous ceux qui l’habitent…» 15) Chant.
Formule B. Au domicile du couple après une messe. On ne prend alors que les numéros 3-4-5-6c(Evangile)-8-9-10-13-14.
Formule C. Après une messe paroissiale dans l’église. Le ministre accueille le couple à l’entrée du Chœur ou dans une chapelle latérale en disant : «N. et N., l’Eglise vous accueille, vous qui désirez de tout votre cœur mettre vos vies sous le signe de l’amour de Dieu, malgré l’impossibilité dans laquelle vous vous trouvez de vous donner le sacrement du mariage… » Suivent ensuite une prière et le «Je confesse à Dieu» accompagné d’une prière dans laquelle le prêtre dit : «Que le Dieu Tout-Puissant vous fasse miséricorde, qu’il vous pardonne vos péchés et vous conduise à la vie éternelle. Amen.» Puis le prêtre dit: «Ecoute, Seigneur Jésus, la prière de N. et de N. qui se placent sous ton regard…(etc.)». Et le ministre conclut sur une courte prière.
Je n'ai qu'une conclusion à faire, l'église qui est en Valais fait quelque chose que Rome n'autorise pas car elle donne la fausse impression aux divorcés remariés qu'ils sont en ordre avec l'Eglise. 
Vincent Pellegrini
22 septembre 2007


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