janvier 2008
Lors de son voyage en Egypte, où il a rencontré les autorités de l’islam sunnite et des étudiants, le président de la Confédération suisse Pascal Couchepin a eu l’occasion de parler de l’interprétation de l’islam et de son rapport à la modernité. A ce sujet, il faut bien reconnaître que les musulmans qui veulent interpréter l’islam pour l’actualiser (il s’agit d’une religion du désert du VIIe siècle) sont confrontés à une véritable aporie. Pour actualiser ledit islam il faut en effet l’interpréter et donc sortir de sa littéralité. Or, et pour schématiser, en Islam Dieu est un texte du VIIe siècle dicté mot à mot à Mahomet qui le recevait en état d’extase. “Le texte du Coran se présente comme une dictée surnaturelle, enregistrée par le prophète inspiré. Le prophète Mahomet et tous les musulmans à sa suite vénèrent dans le Coran une forme parfaite de la Parole divine. Si la chrétienté est, fondamentalement, l’acceptation et l’imitation du Christ avant l’acceptation de la Bible, en revanche l’islam est l’acceptation du Coran avant l’imitation du prophète”, écrivait le cardinal Journet dans “L’Eglise du Verbe incarné” (Tome V, compléments et inédits, éditions Saint-Augustin). Difficile donc de sortir du mot à mot du Coran lorsque Dieu parle l’arabe et fixe jusqu’à l’expression et ce même si Dieu utilise comme intermédiaire l’archange Gabriel… Un commentaire posté dans le blog ci-dessous fait d’ailleurs remarquer: “Dans l’histoire, plusieurs communautés musulmanes ont certes adapté les bases légales (islamiques) pour les rendre supportables, mais pas en se basant sur une approche globale et honnête des textes sacrés — seulement en s’en éloignant, de manière ciblée. Et cette méthode est condamnée, aujourd’hui, car les croyants peuvent aisément se rendre compte que les modérés ne se fondent pas sur l’Islam tel qu’il est, qu’ils doivent, pour imposer leurs idées, rejeter des pans essentiels des bases les plus élémentaires de la religion.”
La question est difficile. De sa résolution dépend pourtant l’intégration de l’islam dans le nouveau monde. Un université islamique comme celle de l’Ezzitouna de Tunis a ouvert la voie et semble avoir montré que la chose était possible… A noter encore que le catholicisme a une autre vision que l’islam de l’inspiration dont ont bénéficié les auteurs des Saintes Ecritures. Pour le catholicisme, l’inerrance scripturaire n’enlève pas à l’auteur inspiré ses qualités humaines. L’inspiration préserve la liberté, le style et la culturalité de l’auteur, qui n’est pas infaillible sur des questions géographiques par exemple, mais qui est infaillible (c’est “l’inerrance scripturaire”) dans tout ce qui est important pour la foi. Le croyant adhère par exemple au fait que le Christ faisait des miracles, ceux-ci étant signalés par les Ecritures saintes pour prouver la divinité du Christ.
Vincent Pellegrini
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