Vincent Pellegrini
Le site de L’Institut Religioscope publie un article de l’un de ses chercheurs (Patrick Haenni) sur l’islam en France et en chiffres de 1989 à 2009. En voici quelques extraits: “…nous y découvrons que ce qui progresse le plus fortement n’est pas la pratique religieuse, mais l’identification à l’islam. (…) C’est donc bien en tant que référentiel identitaire plus que comme pratique religieuse que l’islam progresse au sein de la république. Cela se traduit par une stabilité des pratiques religieuses individuelles et une légère progression des pratiques religieuses de caractère collectif, lesquelles continuent pourtant de toucher plus les personnes âgées que les jeunes. (…) La prière progresse, mais de façon inconstante: alors qu’une baisse forte marqua la période 1989-1994, cette pratique reste stable jusqu’en 2001 où elle connaît à nouveau une hausse rapide mais laquelle ne parvient pas à compenser la perte des années 1989-1994 (41% de personnes déclarant prier quotidiennement en 1989 pour 39% aujourd’hui). La période du sursaut pieux (2001-2009) doit être notée et éventuellement mise en corrélation avec les évolutions de la scène internationale (11 septembre, deuxième intifada, guerre en Irak) : ces événements on pu favoriser la cristallisation en pratique religieuse de la progression «identitaire» de l’islam précédemment décrite. (…) Si le sondage relève certes que la fréquentation de la mosquée est en progression constante à partir de 1994 (…), cette progression doit être pondérée par la multiplication des lieux de culte facilitant l’accomplissement de ce devoir religieux. Mais elle confirme bien la structuration identitaire autour de la référence à l’islam, surtout chez les 18-35 ans: le taux déclaré de fréquentation de la mosquée double (red. chez eux) en 15 ans passant de 12% en 1994 à 23% en 2009. Mais encore une fois, ce sont les aînés qui, en proportion, remplissent le plus les lieux de culte: alors qu’ils sont 23% des 18-35 à fréquenter la mosquée le vendredi, ils sont en revanche 41% des plus de 55 ans à s’acquitter de cette obligation. En raison de l’effondrement de la pratique religieuse catholique, l’islam présente bien sûr un taux plus élevé: 5% des catholiques disent aller à l’église une fois par mois… (…) C’est la pratique sociale par excellence, le ramadan, qui subit une hausse véritablement importante : 70% des personnes interrogées affirment jeûner pendant tout le ramadan alors qu’ils n’étaient que 60% en 1994. Et là, l’écart de pratique entre jeunes et vieux se résorbe: 71% des 18-24 ans déclarent faire le ramadan pour 85% des vieux. Pourtant, la pratique du ramadan semble s’être stabilisée et avoir atteint un plafond: le taux de 2009 est identique à ce qu’il fut en 2001. Le ramadan se met à plafonner au moment où le taux de la prière individuelle augmente sensiblement: comme si les évolutions internationales poussaient vers plus d’islam mais moins en société.”
Commentaire de Vincent Pellegrini: Je retiens de cette étude que les musulmans de France sont cinq à huit fois plus pratiquants que les catholiques pour ce qui est de la fréquentation des lieux de culte, qu’ils s’acquittent beaucoup mieux de leurs obligations de prière et que 71% des jeunes musulmans pratiquent en France le ramadan. La suite du “match” christianisme-islam en France est d’autant plus facile à imaginer que les musulmans, dès qu’ils sont suffisamment nombreux, ont beaucoup plus de revendications que les chrétiens dans l’espace public… Je ne suis donc pas aussi optimiste que l’auteur de l’étude ci-dessus.
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