samedi 19 décembre 2015

Religion laïque


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

-                   L’Association des maires de France a publié un «Vade-mecum de la laïcité» dans lequel elle demande d’interdire les crèches de Noël dans les mairies. Elle s’inquiète même de «potentielles entorses à la laïcité dans le cadre du soutien apporté à des manifestations considérées comme traditionnelles (processions, baptêmes de navires, bénédictions de bâtiments…)». Ce petit catéchisme de la religion laïque – car c’en est une – prétend déraciner le christianisme du sol de France et déshériter les enfants de ce patrimoine spirituel, commente l’agence dici.org.

-         Une cérémonie de mariage, oui! Mais pas religieuse. Bien que les religions perdent des adeptes, la société continue à avoir besoin de rituels. Pour répondre à cette demande la célébrante fribourgeoise Tania Kohler propose des mariages laïques, nous apprend l’agence Protestinfo. Oui, le laïcisme est bien la dernière des religions comme l’a affirmé un philosophe. Pour le philosophe laïque Luc Ferry, il n’y a d’ailleurs pas besoin d’être adepte d’une religion pour avoir une vie spirituelle. Il avoue tout de même: «Je n’ai aucune opposition aux religions de manière générale. Simplement, les religions reposent sur le principe de la foi, de la vérité révélée, et je n’ai pas la foi. Mais j’ai le plus grand respect pour les religions d’une manière générale et en particulier pour le christianisme. J’ai écrit mille fois que si je devais garder un seul livre sur une île déserte, ce serait l’Evangile de Jean.» Et même pour la conseillère nationale du PS Ada Mara: «qu’on le veuille ou non, les religions font partie de notre société.»


-                   Recevant les évêques allemands en visite ad limina, le pape François a notamment déclaré au sujet de l’Allemagne: «D’autre part, dans les régions de tradition catholique, on remarque de façon particulière une baisse très forte de la participation à la messe du dimanche et à la vie sacramentelle. Alors que dans les années soixante, partout encore, presque tous les fidèles participaient tous les dimanches à la messe, aujourd’hui, ils représentent souvent moins de dix pour cent. Le sacrement de la pénitence a presque disparu. Le jubilé extraordinaire de la miséricorde offre l’opportunité de faire redécouvrir le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Dans la confession débute la transformation de chaque fidèle et la réforme de l’Église.»

lundi 14 décembre 2015

«Le fumier du diable»


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

-         Le journaliste Patrice de Plunkett vient de publier aux éditions Artège un livre intitulé: «Face à l’idole argent: la révolution du pape François.» L’auteur y dénonce notamment le consumérisme compulsif de notre société. Le pape a résumé ainsi la situation créée par l’idolâtrie de l’argent qui prime sur l’humain lors de son discours de Santa Cruz en Bolivie: «Et derrière tant de douleur, tant de mort et de destruction, on sent l’odeur de ce que Basile de Césarée appelait le fumier du diable; le désir sans retenue de l’argent qui commande.»  Patrice de Plunkett attaque l’idéologie libérale-libertaire comme une «structure de péché» (Jean-Paul II), «une structure du mal» (Benoît XVI). Pour lui,  nous sommes en face d’une structure totalitaire générant l’avilissement de l’homme et la dévastation du monde. Pour l’auteur, bien peu sont disposés à s’avouer que «l’argent est le sang du  pauvre». Le pape François a d’ailleurs commencé à faire le ménage au Vatican en nommant une commission de l’économie chargée de surveiller et de transformer en profondeur les institutions financières du Saint-Siège. Certaines découvertes de cette commission et d’autres organes chargés de réformer les finances ainsi que la Curie ont déjà fait l’objet de fuites dans la presse (affaire des Vatileaks). Lors de la conférence de presse donnée durant son retour d’Afrique, le 30 novembre, le pape François a qualifié ainsi la situation économique actuelle dans le monde: «C’est un système économique où le centre est l'argent, le dieu de l'argent.»
-         Le tribalisme a rendu assez difficile la décolonisation en Afrique. Lors de son dernier voyage en Afrique, le pape François a condamné ainsi face aux jeunes kenyans ce tribalisme qui perdure jusqu’à aujourd’hui: «Le tribalisme détruit une nation; le tribalisme c’est avoir les mains cachées derrière le dos et avoir une pierre dans chaque main pour la lancer contre l’autre. Si vous ne dialoguez pas et ne vous écoutez pas entre vous, alors il y aura toujours du tribalisme qui est comme un ver qui ronge la société. Nous sommes tous une nation! Vaincre le tribalisme est un travail de tous les jours; c’est un travail de l’oreille: écouter l’autre; un travail du cœur: ouvrir mon cœur à l’autre; un travail des mains: se donner la main l’un l’autre. Et maintenant donnons-nous la main les uns les autres 

lundi 7 décembre 2015

Un islam équivoque


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

Les derniers attentats de Paris conduisent à s’interroger à nouveau sur l’islam. Philippe d’Iribarne est anthropologue et directeur de recherches au CNRS. Il est l’auteur en 2013 de «L’Islam devant la démocratie» aux éditions Gallimard. Pour lui, l’islam doit sortir de l’équivoque. Il déclarait après la tuerie de Paris: «On rencontre dans l’islam deux tendances face auxquelles il est facile de prendre parti. D’un côté, un islam qui, porté par des intellectuels musulmans modernistes et quelques imams, accepte pleinement la liberté de conscience telle que l’Occident l’a conçue, se livre à une lecture du Coran attentive à son contexte historique et privilégie son message spirituel. De l’autre, un islam salafiste attaché à une lecture littérale du Coran jusque dans ses passages les plus vengeurs, qui prône une lutte sans merci contre l’Occident.» Et d’ajouter au sujet de l’islam en France: «Mais, entre ces deux tendances, où mène  un islam, sans doute majoritaire, dont le rapport à l’Occident est fort équivoque? Avec mille nuances, cet islam résiste plus ou moins sourdement à l’Occident. Même s’il ne le proclame pas haut et fort, il partage de fait avec l’islam pratiqué dans les pays musulmans un refus de la liberté de conscience, avec ce qu’elle implique de droit de quitter l’islam pour embrasser une autre religion, de droit pour une musulmane d’épouser un non musulman, de droit de respecter ou non le ramadan. Il refuse de s’engager dans une lecture critique du Coran. Ne se contentant pas de chercher à  éclairer les âmes, il déploie une pression communautaire visant à contrôler les corps, et se polarise sur la tenue des femmes. Il vise à construire une forme de contre-société marquée par le règne du halal. Certes, il n’invite pas directement à la violence, mais il tend à l’excuser, voire à la justifier au nom du bien. Il met en avant les valeurs de la République pour réclamer d’être traité à l’égal des autres religions, mais ne se sent nullement tenu de les respecter lui-même.» Pour le chercheur, cette équivoque, avec la sorte d’hostilité larvée qu’elle entretient à l’égard de l’Occident, est grave. Elle favorise, chez ceux qui sont en quête d’absolu ou à la recherche d’une identité sans faille, un engagement dans l’action violente. La formation d’imams à la française et la fermeture des mosquées salafistes deviennent urgentes.