lundi 17 janvier 2011

Le gémissement de la carotte suite

Le gémissement de la  carotte suite

Berne (AP) Les plantes ont leur «dignité» et méritent le respect dévolu aux créatures vivantes. C’est ce que conclut la Commission d’éthique pour la biotechnologie dans le domaine non-humain (CENH). Ainsi, si on peut couper une salade pour la manger, il est moralement répréhensible de la prendre pour jouer au football. La commission admet également, à certaines conditions, les modifications génétiques sur les végétaux. Dans sa prise de position publiée lundi à Berne, la CENH a tranché la question hautement controversée de la dignité morale des entités végétales. Certains rejettent en effet purement et simplement l’idée que les plantes ont une «dignité». D’autres considèrent comme insensé de justifier leur utilisation car on se situe sur «un terrain moralement neutre». Parallèlement, des voix contestent l’appartenance des végétaux aux être vivants dignes de respect parce que cela relativiserait et affaiblirait les devoirs, prépondérants sur le plan moral, envers les hommes et les animaux. Un seul point a fait l’unanimité parmi les membres de la commission: tout acte de nuisance arbitraire envers les plantes est moralement répréhensible. Si trancher une salade dans le jardin ne pose pas de problème, décapiter sans raison une fleur au bord de la route devient condamnable.
Pour une majorité de la CENH, «l’instrumentalisation totale des végétaux» requiert une justification au point de vue moral. Ceci concerne aussi bien les «collectivités végétales» que les espèces ou une seule entité végétale. La commission a également refusé d’accorder à l’homme une «propriété absolue sur les végétaux». En résumé, personne n’est en droit de disposer des plantes selon son bon plaisir. La CENH considère que «la modification génétique des végétaux ne contredit pas l’idée de la dignité de la créature pour autant qu’elle ne porte pas atteinte à leur autonomie, c’est-à-dire leur capacité de reproduction ou leur capacité d’adaptation, et sous réserve des limitations liées à l’éthique sociale en matière de modification génétique des plantes».
Par contre, la CENH n’est pas entrée en matière pour ce qui concerne le dépôt de brevets sur les végétaux. Elle estime qu’il s’agit d’une problématique d’éthique sociale et qu’elle n’est pas liée au respect des plantes au nom de leur valeur morale. En revanche, la responsabilité de l’être humain est établie en matière de diversité biologique: s’il modifie génétiquement une plante, il doit prendre en compte la conservation et la protection «des structures relationnelles naturelles», c’est-à-dire des structures qui ne sont pas sous l’influence de l’homme. En outre, toute action utilisant des plantes en vue de la conservation de l’espèce humaine est moralement justifiée pour autant que les principes de proportionnalité et de précaution soient respectés. AP
commentaire de Vincent Pellegrini: et voici l’étape suivante de “l’écologie profonde” qui pointe: donner au monde végétal une dignité certes pas similaire mais analogique à celle du monde humain. Bref, on efface peu à peu les barrières entres mondes végétal, animal et humain. C’est la confusion philosophique! Voilà ce que c’est que d’envoyer balader les dernières traces de la philosophie réaliste à soubassement aristolécien. Or, celle-ci distinguait l’âme végétale (forme organisatrice animant la matière organique vivante végétale), de l’âme animale et de l’âme humaine (cette dernière étant douée de potentialités qui  la font émerger de l’animalité pour atteindre un stade qualitatif d’un autre ordre). Nos philosophes en herbe se contredisent par ailleurs, puisqu’ils proclament la dignité intrinsèque du monde végétal tout en acceptant son bidouillage complet par la manipulation génétique. Et nos philosophes en herbe passent à côté de l’un des plus grands problèmes d’éthique sociale du siècle en refusant de  débattre sur le  dépôt de brevets sur les végétaux. Lorsque les multinationales auront breveté tout ce qui peut l’être dans le monde végétal, la faim sera encore plus difficile à combattre sur cette planète.  Dans une vision d’écologie chrétienne, par contre, on peut dire que la nature a une dignité intrinsèque comme créature de Dieu, mise au service de la beauté du monde et des besoins de l’homme. Le chrétien respecte la nature que lui confie Dieu en la gérant de manière responsable et en sachant bien qu’il n’y a pas similitude de dignité entre une plante et un animal et entre un animal et l’homme même si tous sont respectables. Bref, la philosophie réaliste et chrétienne distingue clairement les divers ordres de la création pour mieux les unir dans le dessein créateur.
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12 avril 2008

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