La revue «Catholica» a publié cet automne un article de José Maria Sanchez intitulé : « Synodalité : flux et reflux d’un concept » L’auteur plante d’emblée le décor : « Le temps écoulé depuis le Concile Vatican II se caractérise par un certain refus de l’autorité à l’intérieur de l’Eglise, tant du point de vue théorique que de celui des pratiques ecclésiastiques plus ou moins répandues, le tout pouvant être désigné par un mot passe-partout : synodalité. »
Entendons-nous, il y a un concept de synodalité tout à fait conforme au fonctionnement même hiérarchique de l’Eglise. Mais aujourd’hui, ce terme sert surtout à ceux qui veulent lutter contre « le centralisme romain » ou qui veulent convoquer un nouveau concile dans le même état d’esprit d’une théologie univoquement dirigée contre un certain nombre d’orientations papales (il n’est qu’à lire le dernier livre des éditions Saint-Augustin intitulé «A quand ce concile ? » pour s’en convaincre). En fait, nombre de clercs interprètent faussement la synodalité car ils l’enferment dans une herméneutique erronée de Vatican II. Le dernier concile n’a en effet pas opposé comme eux Eglise hiérarchique et Eglise du peuple de Dieu. On retrouve cette même vision manichéenne dans l’opposition entre Eglise sacramentelle et Eglise de la Parole…
Cette fausse interprétation de la notion de synodalité vient du fait qu’on recherche un pluralisme intra-ecclésial basé presque exclusivement sur la communion et qui s’accommode donc assez mal de la ligne papale (cet aspect est très fort dans le livre précité des éditions Saint-Augustin). Alors que le consensus devrait exprimer la communion dans la confession d’une même foi. On ne peut de toute façon pas s’affranchir de la constitution hiérarchique de l’Eglise. Pour revenir à la synodalité, José Maria Sanchez explique qu’elle « n’a pas été l’objet d’une véritable réflexion au concile Vatican II alors qu’il a abordé la question de la collégialité ». Autrement dit, il a fallu deviner la synodalité au travers des réformes institutionnelles promues par Vatican II et surtout à travers leur réception. Or, aujourd’hui cette synodalité est souvent perçue comme un moyen légitime de limiter la primauté romaine. Pour l’auteur de l’article, l’expansion de la synodalité se traduit notamment par « le renforcement des églises locales contre la conception universelle de l’Eglise » (de fait, nombre d’évêques mettent par exemple toutes sortes d’obstacles à l’application du motu proprio de Benoît XVI sur l’ancienne messe ou au respect des rubriques du nouveau missel romain) et l’auteur décrit ce phénomène comme « une insistance sur la démocratie ecclésiale ». Comme si l’Eglise devait se calquer sur les structures laïques contemporaines pour pouvoir encore parler aux hommes d’aujourd’hui. Cette priorité mise sur la communication et sur l’adaptation de l’Eglise aux formes du monde contemporain (sans une vraie place donnée aux réalités surnaturelles) est très perceptible dans le livre des Editions Saint-Augustion que nous avons cité ci-dessus. J’aurai l’occasion d’y revenir plus en détail.
Vincent Pellegrini
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