samedi 28 avril 2012

Rome Ecône


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

Chaud et froid

Le préambule doctrinal clarifié par Ecône et envoyé à Rome la semaine dernière a fait dire au Vatican qu’un «pas en avant» avait été fait. Même si c’est déjà un quasi miracle, il est difficile de dire s’il débouchera finalement sur un vrai accord. La maison généralice de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, qui est à Menzingen (canton de Zoug) et qui parle pour le mouvement d’Ecône, a en effet diffusé sur son agence de presse officielle (www.dici.org) un message qui tempère notre optimisme et souffle un peu le froid. La position officielle d’Ecône est ainsi celle-ci: «La presse annonce que Mgr Bernard Fellay a adressé une «réponse positive» à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et qu’en conséquence la question doctrinale est désormais résolue entre le Saint-Siège et la Fraternité Saint-Pie X. La réalité est autre. Dans un courrier du 17 avril 2012, le Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X a répondu à la demande d’éclaircissement que lui avait faite, le 16 mars, le cardinal William Levada, au sujet du Préambule doctrinal remis le 14 septembre 2011. Comme l’indique le communiqué de presse de la Commission pontificale Ecclesia Dei, daté de ce jour, le texte de cette réponse sera examiné par le Dicastère (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) et soumis ensuite au jugement du Saint-Père. Il s’agit donc d’une étape et non d’une conclusion.»  La balle est désormais dans le camp de Rome qui a examiné la réponse d’Ecône mercredi. Soit le Vatican se satisfait des déclarations de clarification d’Ecône et lui ouvre par la voie canonique une entrée dans l’Eglise officielle, soit la clarification reste insuffisante et l’on peut oublier pour très longtemps toute réconciliation entre Ecône et Rome. Les prochaines semaines seront donc décisives. Il faut espérer une réconciliation car elle permettrait d’assister en Valais plus librement à la «forme extraordinaire» de la messe qui est l’ancienne messe en latin avec les rubriques de Jean XXIII. Rome a certes déjà libéralisé l’ancienne messe en latin, mais le groupe qui s’est formé en Valais en 2009 pour en demander la célébration (association Apfel – Association pour la forme extraordinaire de la liturgie) n’a pas encore reçu de réponse positive des autorités ecclésiastiques (www.summorum.ch).    


lundi 23 avril 2012

Fin de vie


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

Fin de vie



-         L’agence Apic nous apprend que les médecins suisses sont confrontés à une hausse des demandes de suicide assisté. Et un tiers des cas provient de personnes qui ne souffrent pas d´une maladie entraînant la mort, démontre une étude du Fonds national de la recherche scientifique (FNS). La problématique est devenue suffisamment fréquente pour plonger dans l’embarras de nombreux médecins suisses. La dynamique est pourtant facile à démontrer. Dans notre société, la vie n’est plus sacrée comme elle l’était auparavant, quand seul le Créateur pouvait rappeler à lui ses enfants. Aujourd’hui, on avorte souvent par «confort» à tel point que l’interruption volontaire de grossesse est quasiment devenue un moyen contraceptif. L’effet abortif de la pilule du lendemain n’entraîne plus aucun scrupule de conscience chez beaucoup. Parallèlement et paradoxalement, on s’acharne à donner des enfants par fécondation in vitro aux couples stériles. La famille de deux enfants a imposé son modèle standard et la Suisse ne renouvelle plus ses générations. Or, le non-respect de la vie à la naissance entraîne progressivement le non-respect de la vie au moment de la vieillesse. Tout se tient et l’euthanasie sera sans doute le prochain grand débat de notre société. La perte des valeurs chrétiennes plonge la Suisse postmoderne dans l’hiver démographique et éthique.  

-         La police cantonale valaisanne fait du bon travail. J’en suis convaincu. Et lors de la présentation de son rapport 2011 elle a bombé le torse parce que la criminalité est moins importante dans notre canton que dans bien des régions suisses. Pourtant, un chiffre m’a intrigué. En effet, 50% des infractions recensées en 2011 en Valais étaient le fait d’étrangers résidant en Suisse ou non. En 2010, ce chiffre était de 45,2%. Cela tend à montrer que notre canton a des problèmes dans l’intégration et l’immigration, même si l’on comptabilise dans la statistique les infractions à la loi sur les étrangers (séjours illégaux, travaux lucratifs non autorisés, etc.). Sous l’ère de Jean-René Fournier et de Françoise Gianadda, le canton avait promis de donner aux étrangers un cours d’intégration qui a été confectionné à l’université de Genève. Qu’est-il devenu?

Deux petits pas sur le sable mouillé


“Deux petits pas sur le sable mouillé”



Histoire vécue - Le récit bouleversant de la maladie d’une petite fille fait l’objet d’un témoignage de sa maman, Anne-Dauphine Julliand, vendredi prochain à Sion.





L’histoire commence sur une plage, quand Anne-Dauphine remarque que sa fille, Thaïs, marche d’un pas hésitant, son pied pointant vers l’extérieur. Les médecins découvrent que Thaïs est atteinte d’une maladie dégénérative. Elle vient de fêter ses deux ans et il ne lui reste que quelques mois à vivre. Alors Anne-Dauphine fait une promesse à sa fille: “Tu vas avoir une belle vie. Pas une vie comme les autres petites filles, mais une vie dont tu pourras être fière. Et où tu ne manqueras jamais d’amour.”

Il nous faut parfois une longue marche pour atteindre notre objectif, et parfois cette marche n’est que deux petits pas, deux empreintes dans le sable mouillé, puis plus rien.



Les traces dans le sable

Cela me fait penser au texte d’Ademar de Barros, poète brésilien: “Les traces dans le sable”: “Une nuit, un homme fit un rêve. Il marchait au bord de la mer en compagnie du Seigneur.  Sur le fond du ciel, il voyait se dérouler les scènes de sa vie. Il remarquait, dans chaque scène, deux traces parallèles de pas dans le sable. L'une était la sienne; l'autre celle du Seigneur. À la fin, il se retourna pour voir toutes les empreintes sur le sable. Il s'aperçut alors qu'à divers moments de sa vie, il n'y avait qu'une trace de pas. Et que cela correspondait aux heures les plus tristes et les plus sombres de sa vie. Intrigué, il dit au Seigneur: “Tu m'as assuré que Tu marcherais toujours à mes côtés. Mais je m'aperçois qu'aux périodes les plus dures de ma vie, il n'y a plus qu'une empreinte dans le sable. Pourquoi m'as-tu abandonné quand j'avais le plus besoin de Toi?". Le Seigneur se tourne alors vers lui et lui répond: "Mon enfant, mon très cher enfant, Je t'aime et ne saurais t'abandonner. Si tu ne vois qu'une trace de pas aux moments les plus difficiles de ton existence, c'est qu'alors, tout simplement, Je te portais dans mes bras...”



On ne voyait pas une petite fille malade

A la maison comme à l’hôpital, chacun se sentait bien auprès de Thaïs et ressentait le besoin de venir auprès d’elle. Dans une interview accordée à la Fondation Lejeune, en mai 2011, Anne-Dauphine raconte: “Dès le début, Thaïs avait accepté sa maladie. Elle avait compris ce qui l’attendait, mais elle ne s’est jamais révoltée. Elle vivait pleinement sa vie. Elle était, surtout, complètement habitée par l’amour. Ainsi, quand on rentrait dans sa chambre, on sentait autre chose et on ne voyait pas une petite fille malade, mais une petite fille. Comme les autres, elle pouvait être gaie, espiègle. Elle était aussi attentive, à l’écoute. D’ailleurs, parmi ceux qui sont venus la voir, plusieurs m’ont dit, après avoir lu mon livre, qu’ils n’avaient pas réalisé qu’elle ne parlait plus !”

Aujourd’hui, on se rend compte qu’il se passe vraiment quelque chose autour de ce récit, comme il se passait vraiment quelque chose autour de Thaïs. En une année, ce sont 200’000 lecteurs qui ont été touchés. Ce petit livre avec, en couverture, la photo de Thaïs marchant sur le sable mouillé, circule de main en main, de coeur en coeur. Combien ne m’ont pas dit: “Ma femme l’a lu, elle a été très touchée. Je voulais le lire également, mais depuis il circule dans la famille et je n’arrive pas à mettre la main dessus.”



Nous voulons des héros

Que ce témoignage touche tant et tant de coeurs est un signe magnifique d’espérance pour notre monde qui a soif d’héroïsme. Nous voulons des héros ! Non pas de ces héros forts, sûrs d’eux mêmes et invincibles, comme nous pensons l’être trop souvent nous-mêmes. Non! Nous voulons de ces héros qui nous montrent que nous sommes petits, faibles et fragiles. De ces héros blessés. De ces héros infirmes. De ces héros qui pleurent. De ces héros qui ne peuvent pas s’en sortir tout seuls. De ces héros qui ont besoin de la main tendue des autres. De ces héros qui ont besoin d’être portés dans les bras du Seigneur.

Car c’est bien là que nous mène la vie. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais une longue maladie dégénérative de notre orgueil, de notre suffisance, de notre indépendance. Les événements de notre vie nous rappellent que nous avons besoin des autres, besoin de Dieu, que nous ne pouvons pas nous suffire à nous-mêmes.



Les aspirations de notre coeur

Et même si souffle sur notre monde moderne un courant d’idées qui voudrait supprimer la vie quand elle ne correspond pas à l’idée qu’on s’en est fait, ou proposer aux citoyens âgés de s’ôter la vie quand celle-ci semble n’avoir plus de sens pour eux, le succès du témoignage de Thaïs nous montre que notre coeur est toujours intact et que les aspirations les plus grandes et les plus généreuses y habitent toujours. Du haut de ses deux ans, Thaïs nous ouvre le chemin.



Une bombe aveuglante

Anne-Dauphine dira : “Ça me fait l’effet d’une bombe aveuglante. Sans un mouvement et sans un mot, Thaïs me livre un secret, le plus beau, le plus convoité : l’Amour. Celui avec une majuscule. (...) Comment sait-elle ? Comment est-ce possible ? Thaïs est privée de tout. Elle ne bouge pas, elle ne parle pas, elle n’entend pas, elle ne chante pas, elle ne rit pas, elle ne voit pas. Elle ne pleure même pas. Mais elle aime. Elle ne fait que cela, de toutes ses forces. A travers ses blessures, ses infirmités, ses défaillances. L’amour de Thaïs ne s’impose pas, il s’expose. Elle se présente à nous comme elle est, vulnérable et fragile. Sans carapace, sans armure, sans rempart. Sans peur. (...) Près de deux ans auparavant, en apprenant l’étendue des dégâts que provoquerait sa maladie, je m’étais posé une question : “Que lui restera-t-il ?” L’amour. Il lui restera l’amour. Celui que l’on reçoit. Et celui que l’on donne aussi.”



Olivier Dehaudt
président de Choisir la Vie



“Deux petits pas sur le sable mouillé”, Anne-Dauphine Julliand, témoignage, Éditions les arènes, 228 pages, 25 francs.

samedi 14 avril 2012

Le retour du protectionnisme

Cavalier seul
Vincent Pellegrini


La crise européenne a vu émerger des mouvements souverainistes réclamant le retour d’un certain protectionnisme aux frontières nationales. Parmi les personnalités souverainistes, il en est une qui fait partie des dix candidats à la présidentielle française. Il s’appelle Nicolas Dupont-Aignan et déclarait récemment au «Figaro Magazine»: «Depuis des années, l’Europe et la France font preuve d’une naïveté coupable et ont accepté un libre-échange déloyal. J’accepte la libre concurrence lorsqu’elle s’exerce entre partenaires qui ont un niveau social et environnemental à peu près équivalent. Le libre-échange intégral n’est pas jouable. On en a la preuve aujourd’hui lorsque des stratégies offensives sont mises en place par des pays qui pratiquent l’esclavage humain et qui polluent la planète à grande échelle. Cette naïveté a un coût: elle a conduit à la destruction de trois millions d’emplois industriels entre 2003 et 2009 en Europe…» Et le candidat de prôner un «protectionnisme intelligent» en taxant les importations de certains pays qui se livrent au dumping social et environnemental. Il est vrai qu’un pays comme la Chine a réussi à mettre la main même sur l’industrie des panneaux solaires. Une Chine qui a de nombreux ingénieurs formés et qui peut tout à fait concurrencer l’Europe dans le high-tech surtout parce qu’elle est devenue l’usine du monde. Les Etats-Unis ont réagi, l’Europe pas, explique Nicolas Dupont-Aignan qui accuse dans la foulée la Chine d’avoir sous-évalué sa monnaie de 50%. Pour lui, la sortie de l’euro est la seule façon de rétablir une juste concurrence entre pays européens eux-mêmes. Il propose aussi de baisser de moitié l’impôt sur les sociétés pour qu’elles réinvestissent leurs bénéfices en France.

-         Il y a du pain sur la planche pour les parlementaires valaisans qui sont censés défendre un canton de propriétaires. Un groupe de travail du Département fédéral des finances veut en effet supprimer la possibilité de déduire du revenu fiscal  les intérêts sur les dettes et en particulier les intérêts hypothécaires. Ce serait un coup encore plus dur que le récent refus de l’épargne logement pour les familles dites nombreuses (plus de deux enfants…) qui ont construit pour se donner un avenir.


dimanche 8 avril 2012

Schengen et la burqa

Cavalier seul

Vincent Pellegrini

-         Les dernières statistiques de la criminalité en Suisse ont surtout mis en valeur l’explosion des larçins transfrontaliers. De quoi pointer du doigt l’accord Schengen. «Les postes-frontière vides donnent l’impression d’un certain laxisme face aux malfrats», a admis la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro dans «24 Heures». Les vols ont augmenté de 16% sur le plan suisse et de 8% en Valais. Sur le plan national, la petite criminalité, celle qui pourrit la vie au quotidien, est en augmentation et laisse un sentiment d’insécurité dans la tête des citoyens. A l'échelle nationale, les statistiques font état d'une augmentation du nombre de prévenus issus du processus d'asile ou ne vivant pas dans le pays. De quoi donner quelques points de plus à l’UDC.

-         «Ces 600 milliards qui manquent à la France», le livre du journaliste Antoine Peillon (paru au Seuil) tombe à la veille des élections présidentielles françaises. Du blé à moudre pour les candidats de droite ou de gauche qui ont les banques suisses dans leur collimateur. Ils oublient l’île de Saint-Barth dans les Antilles françaises qui a été élevée au rang de paradis fiscal. Ce sujet est développé par Olivier Grivat sur le site www.lesobservateurs.ch.

-         La Suisse émet en direction de l’islamisme des signaux pour le moins contradictoires. Le Tribunal fédéral a confirmé une amende infligée à des parents de Bâle-ville ne voulant pas que leurs deux filles  participent à un cours de natation mixte à l’école primaire. Mais durant la dernière session, le Conseil des Etats a refusé de suivre une motion d’Oskar Freysinger interdisant les cagoules durant les manifestations et interdisant aussi de cacher son visage dans des lieux publics comme l’administration, les transports publics et lors de contrôles d’identité, ce qui vise implicitement  la burqa. De plus, un homme qui oblige sa femme à porter la burqa n’a rien à faire en Suisse car il viole les valeurs de notre Etat démocratique. On n’a pas fini de parler de la burqa car une initiative la concernant pourrait bien être lancée. Un sondage de «20 minutes» montre en tout cas que trois Suisses sur quatre sont opposés à la présence de burqas dans les lieux publics.