dimanche 16 janvier 2011

Non, l’Europe n’a pas de racines musulmanes…

Non, l’Europe n’a pas de racines musulmanes…
Classé dans : Religions non-chrétiennes — Vincent Pellegrini @ 21:19
Trouvé sur le blog du salon beige   cet article sur le livre de Gouguenheim dont j’ai déjà parlé sur ce blog. Je reviens à cet article d’un autre blog, car il synthétise bien les choses alors que la TV ne cesse de faire tourner en boucle une vieille série documentarie intitulée “Quand le monde parlait arabe”, qui oublie totalement cette réalité historique.
“ Sylvain Gouguenheim met un pavé dans la mare de la pseudo filiation culturelle monde occidental-monde musulman. Ce professeur d’histoire médiévale à l’Ecole normale supérieure de Lyon met à mal ce préjugé : le savoir grec antique philosophie, médecine, mathématique, astronomie), après avoir tout à fait disparu d’Europe, a trouvé refuge dans le monde musulman, qui l’a traduit en arabe, l’a accueilli et prolongé, avant de le transmettre finalement à l’Occident, permettant ainsi sa renaissance, puis l’expansion soudaine de la culture européenne. Cette vulgate n’est qu’un tissu d’erreurs. Même devenus ténus et rares, les liens avec Byzance ne furent jamais rompus : des manuscrits grecs circulaient. Durant les prétendus “âges sombres”, des connaisseurs du grec n’ont jamais fait défaut, notamment en Sicile et à Rome. De 685 à 752 règne une succession de papes d’origine grecque et syriaque ! En 758-763, Pépin le Bref se fait envoyer par le pape Paul Ier des textes grecs, notamment la Rhétorique d’Aristote. Nombre de Pères de l’Eglise citent Platon et bien d’autres auteurs païens, dont ils ont sauvé des pans entiers. L’Europe est donc demeurée constamment consciente de sa filiation à l’égard de la Grèce antique, et se montra continûment désireuse d’en retrouver les textes. Ce ne furent pas les musulmans qui firent l’essentiel du travail de traduction des textes grecs en arabe. Même ces grands admirateurs des Grecs que furent Al-Fârâbî, Avicenne et Averroès ne lisaient pas un mot des textes originaux, mais seulement les traductions en arabe faites par les Araméens chrétiens ! Parmi ces chrétiens syriaques, qui maîtrisaient le grec et l’arabe, Hunayn ibn Ishaq (809-873) forgea l’essentiel du vocabulaire médical et scientifique arabe en transposant plus de 200 ouvrages. Arabophone, il n’était en rien musulman, comme d’ailleurs pratiquement tous les premiers traducteurs du grec en arabe. Une vision déformée de l’histoire nous fait gommer le rôle décisif des Arabes chrétiens dans le passage des oeuvres de l’Antiquité grecque d’abord en syriaque, puis dans la langue du Coran. La réception de la pensée grecque par les musulmans fut sélective, limitée, sans impact majeur sur les réalités de l’islam. Même en disposant des oeuvres philosophiques des Grecs, l’islam ne s’est pas véritablement hellénisé. Les traducteurs du Mont-Saint-Michel ont fait passer presque tout Aristote directement du grec au latin, plusieurs décennies avant qu’à Tolède on ne traduise les mêmes oeuvres en partant de leur version arabe. Au lieu de rêver que le monde islamique du Moyen Age, ouvert et généreux, vint offrir à l’Europe languissante et sombre les moyens de son expansion, il faudrait encore se souvenir que l’Occident n’a pas reçu ces savoirs en cadeau. Il est allé les chercher, parce qu’ils complétaient les textes qu’il détenait déjà. Et lui seul en a fait l’usage scientifique et politique que l’on connaît.”

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