Classé dans : Catholicisme — Vincent Pellegrini @ 12:56
Le pape Benoît XVI a célébré dimanche pour la première fois en public une messe en tournant le dos aux fidèles. Cette manière de dire la messe caractérisait la liturgie ancienne que le souverain pontife a réhabilitée il y a six mois. A noter que dans un livre publié en 2004 en anglais (et en 2006 en français par la maison d’édition “Ad solem”) et consacré à l’orientation de la prière liturgique*, celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger écrivait en préface: “Pour le catholique pratiquant ordinaire, les changements les plus patents de la réforme liturgique du second concile du Vatican semblent tenir en deux points: la disparition du latin, et le fait d’avoir tourné les autels vers le peuple. Ceux qui liront les documents de référence seront surpris de constater qu’en vérité ni l’un ni l’autre ne se trouve dans les décrets du concile. (…) Il n’y a rien dans le document conciliaire qui concerne le fait de tourner les autels vers le peuple; ce point n’apparaît que dans les instructions post-conciliaires.” Le cardinal Ratzinger cite ensuite les textes (directives) disant qu’il est “préférable” et “souhaitable” de célébrer vers le peuple, mais ajoute que “cela n’implique aucune obligation” et que ce “n’est qu’une simple suggestion” comme l’a précisé le 25 septembre 2000 la Congrégation pour le culte divin. Joseph Ratzinger ajoute (la préface du livre a été signée en 2003): “L’orientation physique, dit la Congrégation, doit être distinguée de l’orientation spirituelle. Même s’il célèbre vers le peuple, le prêtre devrait toujours être orienté vers Dieu par Jésus-Christ. Rites, signes, symboles et paroles jamais ne pourront épuiser la réalité intérieure du mystère du salut. Voilà pourquoi la Congrégation met en garde contre toute position unilatérale et rigide dans ce débat.”
En célébrant dimanche dernier, certaines parties de la nouvelle messe dos au peuple, Benoît XVI ne fait donc que matérialiser une pensée liturgique déjà exprimée dans ses écrits. Le pape ajoute d’ailleurs dans la préface du livre précité: “Cet ouvrage récapitule un débat, qui, en dépit des apparences, n’a jamais été conclu, pas même après le deuxième concile du Vatican. Le liturgiste d’Innsbruck Josef Andreas Jungmann, l’un des architectes de la Constitution conciliaire sur la sainte Liturgie, s’est résolument opposé, dès le tout début, au slogan polémique selon lequel auparavant le prêtre célébrait en tournant le dos au peuple; il souligne avec force que le point à considérer n’est pas que le prêtre se détournait des fidèles, mais au contraire qu’il se tournait dans la même direction qu’eux. La liturgie de la Parole revêt le caractère de la proclamation et du dialogue: adresses et répons lui appartiennent à juste titre. Mais dans la liturgie de l’Eucharistie, le prêtre conduit l’assemblée en prière en direction du Seigneur vers qui il se tourne avec elle. C’est pourquoi, dit Jungmann, la direction commune du prêtre et du peuple est si intrinsèquement adaptée à l’acte liturgique. Louis Boyer (qui fut comme Jungmann l’un des liturgistes artisans du Concile) et Klaus Gamber ont l’un et l’autre, chacun à sa manière, traité de cette même question. En dépit de leur grande renommée, il ne leur fut d’abord pas possible de faire entendre leur voix, si forte et insistante était la tendance à communaliser la célébration liturgique, qui poussait à considérer dès lors le face à face du prêtre et des fidèles comme une absolue nécessité. Ces derniers temps, l’atmosphère s’est peu à peu apaisée…”
Dimanche passé, en tout cas le pape a fait un geste symboliquement fort pour recentrer le débat et réinterpréter les directives de l’Eglise. Au cours de la cérémonie de baptême de 13 bébés d’employés du Vatican «le pape se trouvera à certains moments le dos tourné aux fidèles et le regard vers la croix», avait indiqué auparavant l’Office des célébrations liturgiques en décrivant la messe qui s’est déroulée dans la Chapelle Sixtine. «Pour le reste, la célébration se déroulera normalement et le missel (livre liturgique) ordinaire, c’est-à-dire celui introduit par Paul VI après le Concile Vatican II, sera utilisé», avait aussi préalablement précisé l’Office. Même s’il a tourné le dos au peuple durant la célébration, le pape a donc célébré la nouvelle messe en italien.
Benoît XVI a décidé en juillet dernier d’autoriser la célébration de l’ancienne messe en latin, selon le «missel de Saint Pie V». Le missel de Saint Pie V a été promulgué en 1570 dans le cadre de la réforme liturgique initiée par le concile de Trente et il a subi plusieurs fois des retouches, dont la dernière à l’époque du pape Jean XXIII en 1962 (nlr. l’ancienne messe était donc la messe célébrée durant le Concile Vatican II (1962-1965) puisque la nouvelle messe n’a été introduite qu’en 1970). C’est pourquoi Benoît XVI préfère parler du missel «de Jean XXIII» en parlant de l’ancien rite.
Vincent Pellegrini avec ATS/AFP
Benoît XVI a décidé en juillet dernier d’autoriser la célébration de l’ancienne messe en latin, selon le «missel de Saint Pie V». Le missel de Saint Pie V a été promulgué en 1570 dans le cadre de la réforme liturgique initiée par le concile de Trente et il a subi plusieurs fois des retouches, dont la dernière à l’époque du pape Jean XXIII en 1962 (nlr. l’ancienne messe était donc la messe célébrée durant le Concile Vatican II (1962-1965) puisque la nouvelle messe n’a été introduite qu’en 1970). C’est pourquoi Benoît XVI préfère parler du missel «de Jean XXIII» en parlant de l’ancien rite.
Vincent Pellegrini avec ATS/AFP
*”Se tourner vers le Seigneur – Essai sur l’orientation de la prière liturgique”, Uwe Michael Lang, préface du cardinal Joseph Ratzinger, éditions “Ad Solem”, 2006, site internet www.ad-solem.com
janvier 2008
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire