La Suisse a pris beaucoup de retard dans cette réflexion sur la formation des imams. La solution de l’Institut catholique de Paris choisi par la France est un premier pas mais ne résoud pas le problème de la modernisation de l’enseignement de l’islam pour les imams officiant en Europe. C’est la formation théologique de base qui pose problème. La théologie classique de l’islam que l’on rencontre dans les universités des pays musulmans – fondée sur le Coran, la sunna (tradition) et le fiqh (jurisprudence après la révélation à Mahomet) – traduit, selon la formulation de l’islamologue Jean-Paul Charnay “une islamitude qui ne coïncide pas avec ce que nous appelons la modernité”. Cette théologie classique de l’islam – qui doit d’ailleurs encore inventer une exégèse propre – c’est en gros la charia figée au IXe siècle en réaction aux tentatives de rationalisation de l’islam. Nicolas Sarkozy avait essayé – en vain -de faire former les imams à l’université Ezzitouna de Tunis qui est “eurocompatible” sur le plan des valeurs avec les sociétés occidentales. Mais Ezzitouna est une exception dans les pays musulmans et comme disait Malek Chebel dans une interview à “L’Express”: “Je suis persuadé que l’islam peut être compatible avec la modernité, s’il se déleste, c’est vrai, des versets (red. du Coran) qui posent problème.” Et c’est là qu’est tout le problème, car pour l’immense majorité des musulmans le Coran est inabrogeable sur quelque point que ce soit lorsque son sens littéral est obvie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire