vendredi 14 janvier 2011

Joseph Ratzinger et “la réforme de la réforme” liturgique

 Vincent Pellegrini
La réforme de la réforme liturgique est un thème cher à Benoît XVI. En 2003, alors qu’il était encore Joseph Ratzinger, il écrivait ceci dans une lettre à un traditionaliste allemand qui se passe de presque tout commentaire (sur le site Benoît et moi et traduit du site Una Vox):
“Cher docteur Barth,
Je vous remercie cordialement pour votre lettre du 6 avril à laquelle je trouve seulement maintenant le temps de répondre. Vous me demandez de m’activer pour une plus vaste disponibilité du rite romain ancien. En fait, vous savez que je ne suis pas sourd à une telle demande. Durant tout ce temps, mon travail en faveur de cette cause est bien connu. À la question de savoir si le Saint Siège « réadmettra le rite ancien partout et sans restrictions », comme vous le désirez et en avez entendu la rumeur, on ne peut pas répondre simplement, ni apporter une confirmation sans quelque difficulté. L’aversion de beaucoup de catholiques, insinuée en eux pendant de nombreuses années, contre la liturgie traditionnelle qu’avec dédain ils appellent « préconciliaire » est encore trop grande. Et il faudrait tenir compte de la résistance considérable de la part de beaucoup d’évêques contre une réadmission générale. C’est toutefois autre chose de penser à une réadmission limitée. La demande pour l’ancienne liturgie est elle-même limitée. Je sais bien sûr que sa valeur, ne dépend pas de la demande qu’elle suscite, mais il n’en reste pas moins que la question du nombre de prêtres et laïques intéressés joue un certain rôle. En outre, une telle mesure, à seulement 30 ans de la réforme liturgique de Paul VI, ne peut être réalisée que par degrés. Toute hâte ultérieure ne serait sans doute pas une bonne chose. Je crois toutefois, qu’à long terme l’Église romaine doit avoir de nouveau un seul rite romain. L’existence de deux rites officiels pour les évêques et pour les prêtres est difficile « à gérer » en pratique. Le rite romain du futur devrait être unique, célébré en latin ou en langue vernaculaire, mais totalement dans la tradition du rite qui a été transmis. Il pourrait assumer quelque nouveauté avérée valide à l’expérience, comme les nouvelles fêtes, quelques nouvelles préfaces de la Messe, un lectionnaire étendu – plus de choix qu’avant, mais pas trop -, un « oratio fidelium », c’est-à-dire une litanie fixe d’intercessions suivant les Oremus, avant l’offertoire où il avait auparavant son emplacement. Cher docteur Barth, si vous vous engagez à travailler pour la cause de la liturgie de cette façon, vous ne vous trouverez sûrement pas seul, et préparerez « l’opinion publique ecclésiale » à d’eventuelles mesures en faveur d’un usage étendu des livres liturgiques d’avant. Toutefois il faut être attentif à ne pas réveiller des attentes trop hautes ou maximalistes parmi les fidèles traditionnels. Je saisis l’occasion pour vous remercier de votre engagement appéciable pour la liturgie de l’Église romaine dans vos livres et dans votre enseignement, même si ici et là je désirerais davantage de charité et de compréhension envers le magistère du Pape et des évêques. Puisse la graine semée par vous germer et porter beaucoup de fruits pour la vie renouvelée de l’Église dont « la source et le sommet », réellement son véritable coeur, est et doit rester la liturgie. Bien volontiers, je vous donne la bénédiction que vous me demandez.
+ Joseph Ratzinger
Commentaire de Vincent Pellegrini: Selon les échos que j’ai, cette réforme de la réforme (”Je crois toutefois, qu’à long terme l’Église romaine doit avoir de nouveau un seul rite romain“). pourrait par exemple être étudiée dans le sens d’une messe où le prêtre célébrerait la liturgie de la parole face à l’assemblée, puis se tournerait face au Seigneur (dos au peuple) pour la partie eucharistique (offertoire, canon). Il y a en tout cas un courant liturgique de plus en plus influent qui va dans cette direction.

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