lundi 17 janvier 2011

Le tombeau de Jésus par Caméron: un OGM médiatique

— Vincent Pellegrini @ 11:45
Chaque année, à Pâques, une télévision française ou suisse nous sert un “documentaire” démolissant le christianisme. Cette année, c’est «Le tombeau de Jésus » (1), produit par le cinéaste James Cameron («Titanic», «Alien», «Terminator») etc.   Dans un article paru dans Le Nouvelliste et La Liberté, Pascal Fleury, journaliste à La Liberté, a traité le sujet et fait parler le Jésuite et archéologue Jean-Bernard Livio, spécialiste de la Terre Sainte. Il écrit notamment au sujet de ce film:
  • “Ce n’est «rien d’autre qu’un bon polar», estime le bibliste et archéologue Jean-Bernard Livio. Ce documentaire, réalisé par le journaliste israélo-canadien Simcha Jacobovici, a suscité une vive polémique l’an dernier. Il prétend que les ossuaires
    trouvés en 1980 dans une tombe rupestre de Talpiot, au sud de Jérusalem, étaient ceux de Jésus et de sa famille, dont sa mère Marie, «son épouse» Marie Madeleine
    et «leur fils» Judas. «A l’instar d’autres oeuvres sur le même sujet dont il s’inspire –
    comme le «Da Vinci Code» de Dan Brown – ce film manipule habilement vérités et approximations pour livrer un bon produit qui captive le téléspectateur. Mais sa démonstration ne parvient jamais à être convaincante pour le spécialiste.» Il n’est «pas plausible», selon Jean-Bernard Livio, que toute la famille de Jésus ait été enterrée à Jérusalem. «Jésus l’a été très rapidement – avant le sabbat– dans un tombeau qu’un de ses admirateurs riches a mis à disposition pour l’occasion. Il est vrai aussi que Jacques, le “frère” de Jésus, a été assassiné – et donc enterré – en 44 à Jérusalem, comme le relate l’historien juif Flavius Josèphe. (note de vp: le mot frère n’a pas le même sens chez les Hébreux du temps de Jésus qu’aujourd’hui). En revanche, les lieux de sépulture des autres personnages du film de Cameron nous sont totalement inconnus. Rien ne nous permet de présumer qu’ils soient restés ensemble pendant des décennies, alors que la tradition chrétienne les signale «envoyés» de par le monde après la mort et la résurrection de Jésus.» «Rien ne nous permet non plus de croire, ajoute-t-il, que la famille de Jésus ait pu tout à coup faire fortune,au point de s’offrir une sépulture familiale de l’envergure de celle de Talpiot. Et comment justifier que ce tombeau ait pu se trouver à une telle distance de la ville. Prétendre qu’il s’agit d’un site de tombes chrétiennes hors les murs est un anachronisme évident. Jamais les chrétiens n’ont eu de cimetière propre dans la région avant le IVe siècle.» Dans l’ouvrage «La découverte du tombeau de Jésus» (2), publié en réaction au documentaire de James Cameron, l’archéologue Estelle Villeneuve, le physicien Jean Vernier et l’exégète Jean Radermakers se montrent tout aussi critiques. Dénonçant l’absence de rigueur logique de l’argumentation et le manque de recul critique des auteurs, ils affirment que «l’affaire de la tombe de Jésus tient de l’OGM médiatique, fabriqué au goût des consommateurs par des spécialistes de l’audimat». Passé au crible de l’analyse scientifique, le documentaire perd en effet toute sa crédibilité: erreurs de traductions d’inscriptions d’ossuaires, bases de calculs statistiques sujettes à caution, manque de précaution dans le prélèvement d’échantillons osseux ou de patines minérales. Pour conforter leur théorie, les auteurs du film vont jusqu’à récupérer le fameux ossuaire gravé au nom de «Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus». Pourtant sa taille et son inscription ne correspondent absolument pas au descriptif fait par les archéologues des fouilles de Talpiot. Vraiment, du grand cinéma…
    PFY
    1) Documentaire diffusé hier et ce lundi sur TSR2. Le même sujet a fait l’objet d’un
    livre, «Le tombeau de Jésus», Editions Michel Lafon, 2007.
    2) «La découverte du tombeau de Jésus», Editions Fidélité.

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