L’UDC Valais a déposé en avri dernier une interpellation au Grand Conseil concernant les carrés musulmans dans nos cimetières et en particulier la demande faite à Monthey par la communauté musulmane turque de disposer d’un tel carré confessionnel. Le député Antoine Carraux a développé cette interpellation le 11 octobre dernier.
Le Conseil d’Etat valaisan lui a apporté la réponse suivante, que l’on peut retrouver sur le site Internet de l’UDC Valais :
«La question du carré confessionnel appelle la remarque suivante:Dans l’islam, l’espace de la mort, à son origine, ne relève pas de la prescription coranique et le carré confessionnel n’est donc pas constitutif de la foi. Il ne représente dès lors pas une priorité pour la pratique religieuse dans l’islam et ne l’est d’ailleurs pas dans de nombreux pays à forte composante musulmane. De ce fait déjà, le carré confessionnel ne se justifie pas sur notre territoire. Par contre, dans notre société suisse, le cimetière laïque est profondément ancré. La dernière guerre de religions dans notre pays qu’a constitué le Sonderbund, a abouti aux constitutions fédérales de 1848 puis de 1874. La gestion de l’état civil a été retirée aux prêtres et pasteurs et confiée aux officiers de l’état civil laïques.
Quant à la gestion des cimetières, elle a été confiée aux autorités communales. Le Conseil fédéral, en 1888, avait élaboré un projet de loi sur les sépultures qui visait à assurer l’égalité de traitement et l’égalité des êtres devant la mort en application de nos principes démocratiques. Riches ou pauvres, puissants ou inconnus, croyants ou non, l’objectif était bien que chacun soit enterré dans le cimetière communal sans aucune distinction. Ce projet de loi a finalement été abandonné, le Conseil fédéral ayant préféré faire confiance au bon sens pour l’application de ces principes, sans avoir besoin de recourir à une législation spécifique. Même si l’on a connu dans certains endroits de grandes réticences concernant notamment la sépulture de personnes divorcées ou ayant mis fin elles-mêmes à leurs jours, chacun est acquis aujourd’hui à l’égalité devant la mort, qui découle – comme je viens de le dire – de l’égalité des êtres. Chacun est également attaché à nos cimetières communaux, où tous nos défunts sont enterrés côte à côte. Il est incontestable que la laïcisation des cimetières a participé et participe encore à notre cohésion nationale. Elle correspond à notre conception de l’égalité et de la démocratie. C’est dans ce sens, Monsieur le député, que le Conseil d’Etat encourage vivement les communes à continuer de gérer les cimetières de nos villes et villages. L’art. 152 de la loi sur la santé et l’ordonnance d’application du Conseil d’Etat du 17.03.1999 qui règlent les questions plus techniques de gestion des sépultures et des cimetières respectent les principes constitutionnels et contiennent les dispositions suffisantes pour assurer la pérennité du cimetière tel que nous le voulons, c’est-à-dire respectueux de l’égalité de tous les citoyens, même au moment de leur mort.
L’entrée en matière pour des sépultures différenciées selon les religions, qui correspondant à une demande actuelle de certaines communautés musulmanes, heurterait le principe constitutionnel d’égalité devant la loi et risquerait de porter atteinte à la cohésion nationale. Elle serait suivie inévitablement de revendications similaires de la part d’autres communautés religieuses, ce qui ne manquerait pas à moyen terme d’avoir des conséquences fâcheuses pour notre société. Vous penserez peut-être que j’ai beaucoup insisté sur la cohésion nationale, mais vous pouvez constater comme moi qu’elle doit demeurer une priorité des autorités politiques à tous les niveaux.
Enfin, si l’intégration stipule de bonnes conditions d’accueil, il n’en demeure pas moins qu’elle stipule aussi une volonté de la part des populations migrantes de s’accoutumer aux us et coutumes de notre pays et d’accepter l’ordre constitutionnel et démocratique dont il s’est doté au cours des siècles.”
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire