lundi 27 février 2012

Familles nombreuses

Cavalier seul

 Vincent Pellegrini


Le pape a salué le 15 février dernier des représentants de l’Association nationale italienne des familles nombreuses présents à l’audience générale du mercredi, en la salle Paul VI du Vatican, nous explique l’agence Zenit. Benoît XVI a déclaré: «Dans le contexte social actuel, les noyaux familiaux avec de nombreux enfants constituent un témoignage de foi, de courage et d’optimisme, parce que sans les enfants, il n’y a pas d’avenir.» Dans la foulée, il a appelé les autorités, spécialement les législateurs, à soutenir ces familles qui «constituent une richesse et une espérance pour tout le pays». Malgré l’hiver démographique qui touche aussi la Suisse, le Conseil fédéral ne veut rien entendre de l’initiative populaire de l’UDC qui veut faire bénéficier d’une déduction fiscale les parents qui gardent eux-mêmes leurs enfants à la maison. Le Conseil fédéral n’y opposera même pas un contre-projet. Pourtant, il ne peut généralement pas y avoir de famille nombreuse si l’un des parents n’est pas à la maison. Une maman devrait avoir le libre choix d’aller travailler dans une entreprise ou de travailler à la maison à l’éducation  et au suivi de ses enfants. L’avenir démographique de la Suisse dépend du libre choix du modèle familial. La déduction fiscale proposée pour la garde par des tiers est insuffisante pour les familles nombreuses. Lorsqu’une mère choisit de rester à la maison pour s’occuper de ses enfants, elle rend un service inestimable à la société. Car si l’enfant est laissé à lui-même, tôt ou tard c’est la société qui paie, même sur le plan scolaire. Zoug et Lucerne ont offert un rabais pour les parents qui gardent leurs enfants. Le modèle est donc viable. Le Conseil fédéral fait comme si le but du mariage était de servir l’économie plutôt que la famille. En fait, ce même Conseil fédéral ne veut pas travailler pour la famille traditionnelle. Celle-ci est désormais attaquée de tous côtés et même dans son essence avec la théorie du «gender» selon laquelle le sexe n’est pas déterminé biologiquement mais par des facteurs sociaux et familiaux. Quand on comprendra la valeur des familles nombreuses traditionnelles, il sera malheureusement trop tard.

dimanche 19 février 2012

En marge

Cavalier seul

 Vincent Pellegrini

-         Vues de Suisse, les prémisses de l’élection présidentielle française ont un goût exotique si l’on compare les systèmes politiques suisse et français. J’ai trouvé un petit candidat à la présidentielle qui vient de Reims. Il s’appelle Patrick Bourson, dirige un domaine produisant du Champagne et personne n’en parle même s’il a recueilli les 500 signatures pour être candidat. Il s’est lancé en politique car il refuse de voter Marine Le Pen depuis qu’elle a dit à de réitérées reprises qu’en cas de victoire elle ne toucherait pas à la loi Weil qui autorise l’avortement. A cause de sa position sur l’avortement, Marine Le Pen – encore faut-il qu’elle réunisse 500 signatures pour être candidate – n’aura pas le vote des catholiques affirmés. Et si elle joue simplement tactique pour être plus consensuelle, elle ment, ce qui n’est pas acceptable.

-         J’apprécie énormément le nouveau média électronique www.lesobservateurs.ch au travers duquel Uli Windisch et ses amis de plume asticotent avec force arguments la bien-pensance de gauche et le politiquement correct. Tout passe au crible d’une critique rationnelle: radio-télévision publique au-dessus de l’Etat et des citoyens, politique de l’asile erratique, guerre fiscale contre la Suisse, le «gâchis de Jean Ziegler», «La Suisse ou le succès d’un protectionnisme discret», etc. Aucune icône des médias n’est épargnée. Pourvu que cela dure.

-         J’ai trouvé juste cet argument des Cantons alpins contre l’initiative liberticide des résidences secondaires: «L’hôtellerie souffre de ses infrastructures vétustes. Elle doit répondre à un besoin de modernisation énorme. Les rénovations des établissements hôteliers auxquelles il faut procéder ne peuvent aujourd’hui plus être financées que par le biais d’un subventionnement croisé provenant de la vente de résidences secondaires». Et je comprends de moins en moins le conseiller national valaisan Stéphane Rossini qui a donné le 1er février dans nos colonnes «un oui de désaccord» à cette initiative qu’il trouve lui-même «mauvaise». L’initiative va en effet tuer nombre d’emplois  en Valais où 12.6% du PIB est généré grâce aux résidences secondaires.

lundi 13 février 2012

Ecône et la sémantique

Cavalier seul

 Vincent Pellegrini

Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie X (Ecône) a redit dans un sermon prononcé le 2 février au séminaire de Winona (Etats-Unis) qu’il ne pouvait pas signer le préambule doctrinal nécessaire à la régularisation des traditionalistes d’un point de vue ecclésial. Mgr Fellay a redit sa vive opposition à l’œcuménisme et à la liberté religieuse, les deux principaux points doctrinaux du Concile Vatican II (1962-1965) contenus dans le préambule et qui lui posent problème. Un théologien, pour permettre à Ecône de contourner cet obstacle, a écrit dans la revue Catholica que si l’Eglise peut ne pas égaler la Vérité, elle ne peut pas trahir la Vérité. Au Concile Vatican II, ce magistère fut doctrinal et pastoral mais pas dogmatique. Aucun dogme ne fut en effet prononcé à Vatican II par l’anathème ou la proclamation. Toujours est-il que l’avenir des relations entre Ecône et Rome tient désormais tout entier dans les mains du pape Benoît XVI qui a beaucoup fait pour la réintégration canonique de la Fraternité Saint-Pie X. Il ne reste plus qu’à espérer que le pape, de toute son autorité pontificale, d’ailleurs reconnue par Ecône, forcera solennellement les traditionalistes à revenir au bercail. Le temps de la sémantique a assez duré. Il faut désormais des actes. Sinon Ecône peut oublier pour très longtemps une régularisation. Actuellement, Rome examine la deuxième réponse de Mgr Fellay au préambule doctrinal rédigé par le Vatican. Selon un vaticaniste, c’est une réponse qui n’est pas une réponse. Cela signifie qu’il y a une division au sein de la Fraternité Saint-Pie X entre les ultras et les plus modérés. La chose est connue et Mgr Fellay doit naviguer comme il peut entre les deux courants contraires qui agitent la Fraternité qu’il préside. Un arrangement entre Ecône et Rome tiendrait du miracle. Finalement, c’est peut-être à Dieu que reviendra le dernier mot. Ecône, en tout cas, ferait bien d’accepter Vatican II interprété à la lumière de la Tradition. En 1988, Mgr Lefebvre et le cardinal Ratzinger s’étaient mis d’accord sur une déclaration avant que les choses ne déraillent. Pourquoi ne pas revenir à cette solution?

mardi 7 février 2012

Après le suicide

LIVRE. Un prêtre valaisan  parle du thème délicat du suicide et publie une «Lettre aux proches désemparés »

 Vincent Pellegrini



«Le vertige du suicide – Lettre aux proches désemparés», tel est le titre d’un ouvrage qui vient d’être publié aux Editions des Béatitudes et qui a été écrit par l’abbé Joël Pralong, curé dans le secteur paroissial de Nendaz. L’auteur parle avec beaucoup d’empathie et trace des pistes pour retrouver l’espérance.
Joël Pralong, pourquoi ce livre sur le suicide ?

Plus qu’une approche psychologique ou sociologique du phénomène, ce livre est un témoignage, celui d’un pasteur travaillant sur le terrain, qui a souvent été confronté à la réalité du suicide, tout particulièrement celui des jeunes. Je l’ai d’abord écrit avec les larmes des parents et amis traumatisés par l’absence brutale d’un fils, d’une fille, d’un ami, «qui a décidé de partir» comme on dit, mais aussi avec mes propres larmes, celles qui coulent à l’intérieur de celui qui se veut discrètement proche. Et puis, au-delà des drames et à l’intérieur des déchirures, j’ai cueilli de belles fleurs d’espérance. D’ailleurs, même les chardons produisent des fleurs, pas vrai? Une espérance plus forte que la mort chez ceux qui restent, la certitude d’un futur possible plein de lumière «de l’autre côté du voile», la force d’avancer, de continuer et d’aimer la vie malgré tout…tel un nouvel élan du cœur… une grâce donnée «d’en haut». Un livre qui laisse des traînées de lumière entre les lignes.

Le suicide est-il toujours vu comme un tabou?

Le suicide est un thème tabou. On en a honte. Un lourd silence pèse sur les proches. Les familles touchées par ce drame ne savent pas toujours comment l’annoncer, le diffuser, en parler. Parfois on préfère dire que c’était un accident, une mort subite. Et puis, une autre question vient corser la douleur du croyant, lancinante et torturante, en arrière-fond de la conscience: «Mon fils, ma fille… sera-t-il (elle) sauvé(e)?», surtout que, jusque dans les années 60, un suicidé n’avait pas droit à des obsèques chrétiennes ! La conscience collective en a été marquée au fer rouge, et les cicatrices ne sont pas encore refermées. Mais j’ai voulu, en quelque sorte, briser ce tabou en orientant les regards vers un Dieu «riche en miséricorde à cause du grand amour dont il nous a aimés» (Eph 2,4). Il faut oser en parler. Parler du suicide c’est oser parler de nos propres fragilités, sociales et personnelles, et chercher ensemble comment le prévenir, comment nous épauler les uns les autres.
Avez-vous une recette, des  pistes à proposer?

 Je salue au passage l’existence de bien des associations pour la prévention du suicide et l’aide apportée aux personnes endeuillées (par ex. www.parspas.ch en Valais) ainsi que d’autres initiatives personnelles. Ceci dit, et au risque d’être taxé d’utopiste, je pense que, plus en amont, nous devons nous efforcer de bâtir une civilisation de l’amour (Paul VI) par opposition à une civilisation de la mort qui s’appuie sur le profit économique, l’égoïsme érigé en systèmes d’exploitation de l’homme par l’homme, l’isolement, l’individualisme, la perte des valeurs, la négation de l’humain, l’absence de Dieu, et donc, d’espérance! Tandis que la civilisation de l’amour va plus loin que la justice, la tolérance ou le simple respect de l’autre, elle se construit sur des relations de charité, d’amour, de partage, de miséricorde, de souci du plus faible, donnant à chacun, au différent, la place et l’estime auquel il a droit. Elle éveille chez les jeunes tant de créativité en attente, en sommeil. Pour moi, l’Evangile en est la sève.
Quel est votre regard chrétien sur le suicide?

 Disons-le sommairement: le suicide n’est ni un acte de lâcheté, ni un acte de courage, de bravoure ou de liberté (ce qui pourrait le rendre attrayant et ainsi faire des adeptes), mais un acte de désespoir motivé par une souffrance intolérable. C’est une violence infligée à la vie. Autrement dit, en cherchant à mettre fin à ses jours, le suicidaire désire ce qu'il pense être un bien, et ce «bien», malheureusement,  le tue! En réalité, la personne qui met fin à ses jours cherche confusément à retrouver la paix intérieure, et nous espérons de tout notre cœur qu’elle puisse trouver Dieu qui est la paix. Mais je m’obstine à déclarer que l’acte du suicide n’est pas le bon ni le juste chemin pour être en paix, il est objectivement un mal parce qu’il fait trop souffrir ceux qui restent. Néanmoins, notre espérance en la Miséricorde de Dieu se veut têtue!
Quelle est l’attitude de l’Eglise?

 Loin de juger l’acte ou de condamner le suicidé, l’Eglise se veut accueillante à tous ceux qui désespèrent au point de se donner la mort. En célébrant leurs funérailles, elle désire les confier à la miséricorde de Dieu, sûre que Dieu leur ménage des voies particulières pour entrer dans sa lumière (voir catéchisme de l’Eglise, no 2280-2283). Elle nous invite à prier pour ceux qui sont partis de sorte que notre prière les soutienne et les accompagne sur leur chemin vers Dieu afin que, de «leur côté», ils aient l’audace et le courage de dire «oui» à la Miséricorde. Je termine par cette phrase pleine d’espérance de sainte Thérèse de Lisieux: «On ne peut tomber plus bas que dans les bras de Dieu!»

 Que dire aux proches d’une personne qui s’est suicidée?

Le suicide d’un proche crée un état de choc. Etre là, aux côtés de ceux qui souffrent, accueillir leurs larmes, écouter leur révolte, leur incompréhension… les soutenir, tout simplement, sans discours, sans vouloir expliquer l’inexplicable… C’est déjà beaucoup au départ. Accepter d’être pauvre devant l’événement,  de n’avoir rien à dire si ce n’est offrir ce que l’on a de plus précieux en nous: notre cœur. Ce sont dans ces circonstances que se dévoilent les amis. Par la suite, prendre des nouvelles, écrire un petit mot, apporter une fleur… Signifier qu’on est toujours là. Les petits riens prennent alors une importance inouïe sur le chemin du deuil. Viendra le temps du questionnement, du dialogue, de la quête de sens face à ce qui est arrivé, du besoin peut-être de parler avec des personnes d’expérience, qui ont passé par là…



Fiche signalétique
Le vertige du suicide – Lettre aux proches désemparés
Joël Pralong
Editions des Béatitudes
122 pages
17,60 francs - 11euros

dimanche 5 février 2012

Néo-réactionnaire

Cavalier seul



Vincent Pellegrini


Ivan Rioufol, du «Figaro» où il a aussi un blog (http://blog.lefigaro.fr/rioufol/) est en train de récolter un succès de librairie avec son livre «De l’urgence d’être réactionnaire» aux éditions PUF. Il est vrai que dans les médias et ailleurs il faut du courage pour ne pas suivre tels les moutons de Panurges les modes intellectuelles et sociales qui sont assénées comme des dogmes laïcs. Heureusement, il y a des esprits rebelles au psittacisme collectif. Fait par exemple partie des hommes intellectuellement courageux Mgr Léonard , primat de Belgique. La vice-premier ministre de Belgique  a osé dire de cet évêque à RTL-TVI: «Les croyants de notre pays mériteraient un autre représentant » et «Je n’aime pas ce genre de provocation contre la démocratie», relate l’agence APIC. Le crime de Mgr Léonard? Avoir dénoncé dans son dernier ouvrage «Agir en  chrétien dans sa vie et dans le monde» (éditions Fidélité) «les  nombreux abus commis actuellement en matière de démocratie parlementaire». Mgr Léonard s’insurge contre le fait que «le Parlement s’attribue le droit de décider par vote majoritaire du sens de la sexualité, de la différence du masculin et du féminin, de la signification du mot mariage, du rapport métaphysique de l’être humain à la finitude et à la mort, de la qualité des embryons méritant ou non d’être respectés». Mgr Léonard demande dès lors aux chrétiens d’être plus nombreux à s’engager en politique. Selon lui, un vote ne suffit pas toujours à fonder le droit face à la transcendance.

En Suisse aussi, il y a des néo-réactionnaires qui ont le courage de dénoncer certains dogmes politiquement corrects. Dans un dossier argumenté, le journal vaudois «Patrons» explique par exemple pourquoi il est illusoire et ruineux de poursuivre un objectif de transfert global de la route au rail plutôt que la complémentarité. Dix-huit ans après l’adoption de l’initiative des Alpes, la politique suisse de transfert de la route au rail aboutit à un échec prouvé par les chiffres. Même le Conseil fédéral a dû l’admettre du bout des lèvres. Et bien d’autres domaines, comme par exemple la question de l’islam, mériteraient des plumes courageuses.   


mercredi 1 février 2012

Rome-Ecône: les pourparlers ont échoué

Les pourparlers censés réconcilier les traditionalistes d’Ecône avec la Congrégation pour la doctrine de la Foi au Vatican ont échoué. Et seul le pape peut désormais encore sauver le processus. C’est ce qu’affirmaient hier plusieurs agences spécialisées dans les questions religieuses. Les traditionalistes devaient adhérer à un préambule doctrinal pour se réconcilier avec Rome. Après une première réponse envoyée à Rome en décembre et jugée insuffisante parce que «pas assez précise et pas assez directe », la fraternité lefebvriste a fait parvenir une deuxième réponse par son supérieur Mgr Fellay qui, a appris I.MEDIA de sources vaticanes, ne se révèle pas plus satisfaisante aux yeux de ceux qui l’étudient (Congrégation pour la doctrine de la foi). Dans cette réponse, la Fraternité Saint-Pie X remettrait en cause une grande partie de l’héritage du Concile Vatican II, explique Jean Mercier dans «La Vie ». La réponse de Rome est désormais entre les mains de Benoît XVI. Tout  n’est donc pas fini, mais une issue positive et une réintégration d’Ecône dans les structures officielles de l’Eglise constitueraient une énorme surprise. Les traditionalistes rejettent dans le Concile Vatican II la liberté religieuse (ils préfèrent la tolérance religieuse), l’œcuménisme (qui place selon eux toutes les religions sur pied d’égalité) et ils rejettent enfin la collégialité, accusée par eux de diminuer le pouvoir des évêques dans leur diocèse. La discussion entre Rome et Ecône a duré près de deux ans.
Vincent Pellegrini