lundi 17 janvier 2011

L’exégèse et le mystère des Rois mages…

Vincent Pellegrini @ 20:22
On fête le 6 janvier l’Epiphanie qui est la manifestation du Christ roi du monde à travers sa présentation aux Rois mages. Dans l’Evangile (Mt. II) il est dit : «…voici que des mages venus de l’Orient arrivèrent à Jérusalem disant : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son astre à l’Orient, et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » On connaît la suite, Hérode fait appeler les mages, «apprit d’eux exactement le temps de l’apparition de l’astre», les mit sur le chemin de Bethléem où ils se prosternèrent devant l’enfant Jésus et lui offrirent – toujours dans l’Evangile – de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Les mages repartirent ensuite dans leur pays sans avertir Hérode qui perpétra le massacre des innocents.
L’Evangile ne parle donc pas de rois mais seulement de mages. Ce mot vient de l’iranien, langue dans laquelle il désigne une caste sacerdotale. S’agissait-il donc de prêtres venus de Perse (Iran-Irak) et versés dans l’astronomie? Dès le IIe siècle après J.-C, les mages furent appelés rois. Comme il y avait trois présents, la tradition a supposé qu’ils étaient trois… Le psaume 72 prophétise d’ailleurs aussi que trois rois se prosterneront devant le Messie. Au VIIe siècle apparaissent les noms de Bithisarea, Melchior et Gathaspa qui deviennent Gaspard, Melchior et Balthazar sous la plume de Saint Bède le Vénérable au VIIIe siècle.
Les ossements des mages sont arrivés à Cologne en 1164 en provenance de Milan qui avait été prise par l’empereur. Benoît XVI s’est d’ailleurs recueilli devant ces reliques lors des dernières JMJ de Cologne. En résumé, il est difficile de soutenir que l’épisode des mages soit uniquement symbolique dans les Ecritures comme le font même parfois certains curés car l’Evangile donne nombre de détails précis et développe l’histoire. De plus, un papyrologue de renommée mondiale, Carsten Peter Thiede, parlant de l’Evangile de Matthieu (qui a relaté l’épisode des mages) déduit à partir de l’examen d’un papyrus conservé à Oxford que cet évangile a été écrit au 1er siècle (dans les années 50-60, guère plus) alors qu’il existait encore des témoins directs, et non à partir des années 80, soit une génération plus tard comme le pensent nombre d’exégètes (voir notamment le livre traduit aux éditions Laffont et co-écrit avec l’Américain Matthew d’Ancona, « Témoins de Jésus »). Le papyrologue qui se sert notamment de la paléographie comparative, a par exemple étudié le style oncial biblique du papyrus, style qui a été abandonné dans la 2e moitié du Ier siècle. Ses conclusions rejoignent en gros celles d’un chercheur français, Philippe Roland, qui a publié un livre aux éditions Saint Paul en 1994 (”L’origine et la date des Evangiles”). Ce même Philippe Roland vient par ailleurs de publier aux éditions de Paris une réédition d’un livre de 2002 qui est intitulé: “La mode “pseudo” en exégèse, le triomphe posthume d’Alfred”. Un livre dans lequel il répond notamment – en postface – à la volée de bois vert que lui avait décochée le Père Grelot. Dommage que des gens coomme Philippe Roland (ou Jean Carmignac) soient ignorés des écoles d’exégèse dominantes car ils posent savamment de vraies questions et pourraient alimenter un vrai débat utile à l’objectivité de la recherche.
Reste l’étoile… On a beaucoup écrit là-dessus. Les croyants doivent-ils y voir une manifestation surnaturelle ? Ou une vraie étoile ? On parle de deux supernovae observées en plein jour à cette époque par les Chinois, de la conjonction de deux planètes dans la constellation du Poisson, de l’alignement de Jupiter et de Saturne attestée en l’an – 7. Certains ont même parlé du passage de la comète de Halley… Dison que les étoiles, comme le dit la Bible, sont les agents et les témoins de la gloire divine.
Vincent Pellegrini

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