lundi 17 janvier 2011

Crise financière: le serpent boursier se mord la queue

Crise financière: le serpent boursier oublie toute finalité autre que lui-même et se mord la queue
Classé dans : Religions non-chrétiennes — Vincent Pellegrini @ 0:10
La crise qui secoue une énième fois la planète financière se trouve fort bien décrite par les analystes. Ceux-ci restent dans le descriptif des causes secondes et ils le font plutôt bien. Mais pour relever à long terme les défis anthropologiques de ce fiasco boursier, il faut chercher les causes premières. Une approche téléologique révèle d’emblée que les problèmes de la finance internationale viennent surtout du fait qu’elle est sortie de son rôle d’instrument ou de moyen pour devenir sa seule fin. Or, l’argent ne peut pas être la fin ultime de l’argent, même sous prétexte de maximisation des rendements. La finance spéculative fait courir un risque systémique énorme à toute l’économie mondiale. Pourtant, en matière de bourse comme d’agir humain, on devrait appliquer cette maxime reprise dans l’une des fables de La Fontaine: «En toute chose il faut considérer la fin». Et cette fin, pour la finance, devrait être non seulement l’enrichissement de certains, mais aussi le bien commun. Nos retraites, l’économie, etc., dépendent en effet de plus en plus du système financier globalisé.  Les vraies banques universelles – il n’y a qu’à regarder chez nous – qui ont fait attention à ne pas se déconnecter de la réalité et qui ont centré leur activité sur l’économie réelle ainsi que sur les besoins de la population, s’en sortent nettement mieux que les autres lorsque le système part en vrille.
Alors, pourquoi les Etats ne remettent-ils pas fondamentalement en cause les dogmes qui perpétuent la domination planétaire du modèle Wall Street? Le marché financier globalisé se veut presque totalement autonome alors qu’il n’est manifestement pas capable de se réguler tout seul. On trouve normal que les mentalités et l’économie aient été presque totalement financiarisées. Le marché boursier est pourtant devenu une sorte de gnose avec ses mages. Ces analystes et autres ingénieurs financiers laissent croire qu’ils détiennent le Secret. Mais les produits et les mécanismes sont devenus tellement complexes qu’ils ne permettent plus d’identifier clairement les risques systémiques. Dans ce monde où l’on ne travaille plus à l’échelle d’un pays ni même d’un continent mais du monde, la cupidité (bonus des opérateurs et des actionnaires) est érigée en vertu publique. Ce n’est pas un hasard si la valeur des transactions financières équivaut à trente fois le produit mondial.  Comme le disait le professeur Paul H. Dembinski dans l’ouvrage «Car c’est de l’homme qu’il s’agit» (Parole et silence – Desclée de Brouwer): «La finance en tant que  mode de transformation de l’épargne en investissement, en tant que moyen intertemporel de transfert des ressources est indispensable, mais elle doit rester cantonnée à son rôle d’instrument au service d’autres finalités.»
Vincent Pellegrini
16 septembre 2008


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