16 octobre 2008
Même en Suisse romande, les musulmans convertis au christianisme subissent le rejet de leur communauté d’origine.
Classé dans : Religions non-chrétiennes — Vincent Pellegrini @ 13:31
L’Echo magazine publie aujourd’hui une très intéressante enquête sur les musulmans de Suisse romande convertis au christianisme. “Il subissent des pressions et le rejet de leurs communautés d’origine”, résume en exergue l’article. Le journaliste Thibaut Kaeser a réalisé une excellente enquête et réuni les témoignages de plusieurs de ces convertis, témoignages le plus souvent anonymes (les prénoms dans cet article sont pour la plupart des prénoms d’emprunt) car ces hommes et ces femmes doivent cacher leur conversion ou préfèrent vivre par prudence leur nouvelle foi uniquement de manière intime. “Nulle contrainte en religion” dit le Coran et certains y voient l’expression irréfutable de la tolérance islamique. “Mais force est de constater qu’elle peine à trouver une application concrète lorsque la question de la conversion d’un(e) musulman(e) à une autre religion, en l’occurrence le christianisme (démarche la plus fréquente), se pose”, constate le journaliste. Les témoignages choisis sont beaux car ils permettent de suivre le cheminement spirituel des musulmans convertis au christianisme vivant en Romandie. Mais s’ils se sentent libérés, ces musulmans subissent assez fréquemment le rejet de leur communauté, même en Suisse, car l’islam c’est aussi une culture régie par des codes rigides et ancestraux. La Marocaine Aicha est née dans un milieu ouvert et moderne mais elle n’a annoncé sa conversion qu’à une de ses soeurs vivant à l’étranger. Il faut dire qu’elle a été menacée par ses compatriotes. Presque normal, car “dans l’islam la conversion est synonyme de reniement de la religion familiale et de rejet de la communauté des croyants, l’oumma.”, explique l’article. De fait, le musulman converti est au mieux traité comme un paria. En Suisse, c’est moins virulent mais la réalité ne change guère, relève un spécialiste cité dans l’article. On parle aussi dans l’article de ces enfants qui n’osent dire que leur mère est devenue chrétienne ou de Saber qui n’ose en parler à sa famille. Pour les musulmans convertis, la liberté et les droits de l’homme en Occident sont associés au christianisme. C’est dans certains cas l’une des raisons de leur empathie pour le christianisme avant la démarche de conversion. Et puis, cet article donne quand même des raisons d’espérer avec le cas de la Kosovare Arta qui s’est montrée à visage ouvert alors qu’elle s’est convertie au catholicisme, mais qui a eu la joie de voir toute sa famille assister à son baptême (précisons tout de même qu’elle n’avait pas reçu d’éducation religieuse et que sa soeur, athée, n’est pas venue à son mariage mais il y a sans doute bien d’autres Arta dans la communauté kosovare). Le mérite du journaliste est de n’avoir pas seulement parlé de la pression communautaire sur les convertis, mais d’avoir illustré à quel point le chemin de l’islam vers le christianisme peut être naturel car ce que les musulmans aiment dans le christianisme c’est la “religion du coeur”, a-t-il constaté.
Vincent Pellegrini
15 octobre 2008
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