2 mars 2009
Vincent Pellegrini @ 17:55 Modifier
Les bras m’en tombent. Je viens en effet de découvrir la documentation de presse de l’Action de Carême des églises catholique et protestante de Suisse. Cette action œcuménique qui sert à récolter de l’argent au fond des églises est faite comme chaque année avec Pain pour le prochain. Si je me base sur l’abondante documentation de presse que j’ai reçue cette année pour l’Action de Carême 2009, on ne trouve dans ladite Action de carême aucune plus-value chrétienne ni même rien de spécifiquement chrétien, ni même strictement rien de spirituel (et ce n’est pas le débat auquel j’ai participé le 6 mars à l’émission Forum de la Radio Suisse Romande qui me rassure). En plus, cette fois-ci, nos amis de l’Action de Carême se sont surpassés. La campagne est intitulée « Un climat sain pour assurer le pain quotidien ». Comme bonne action de carême, on propose aux fidèles de signer la « Pétition Justice climatique » qui sera adressée au Conseil fédéral. On y parle de façon fort politiquement correcte du seul problème semblant tarabuster le post-christianisme: le réchauffement climatique. Cela ne me gêne pas en soi car je pense moi-même qu’il faut faire quelque chose pour le climat, vivre plus simplement, consommer moins bête et car même le pape le dit. Mais là, quand l’action de Carême consiste non pas à rediriger ses pas vers Dieu tout en aidant son prochain, mais à faire pression sur le Conseil fédéral pour négocier une nouvelle convention sur le climat (protocole post-Kyoto), pour limiter les émissions de CO2 en Suisse de 40% (seuil purement politique que ne devrait pas cautionner l’Eglise), pour acquérir uniquement des certificats CO2 durables du point de vue social, etc. etc., je m’étonne et pique une sainte colère. Sans oublier, toujours dans le cadre de cette Action de carême, la «déclaration d’engagement » à signer. Elle remplace en ces temps purificateurs les efforts spirituels et caritatifs par la promesse « de diminuer de 10% ma consommation de viande, de n’acheter que les ampoules, appareils, machines et voitures d’efficacité énergétique A, de raccourcir ma douche quotidienne d’une minute, etc., etc. ». Seule Action de carême concrète proposée aux paroisses: se servir d’un indicateur écologique qui leur est envoyé pour diminuer leur consommation d’énergie (à ce taux-là c’est carême toute l’année). Et demander aux fidèles d’aller acheter dans 120 boulangeries de Suisses des petits pains avec un drapeau générant chacun 50 centimes pour un projet climatique. Je me demande si nos évêques ne devraient pas s’occuper un peu plus du contenu de cette Action de Carême pour qui les péchés ne sont apparemment plus qu’écologistes. L’Action de Carême, cette année, c’est le copier-coller du programme politique et des mesures proposées par les partis écologistes. Il y a nombre de partis et d’ONG, qui font cela mieux que l’Eglise (Verts, WWF, Déclaration de Berne, etc.). Je veux bien l’altermondialisme, mais j’ai la naïveté de croire que durant le temps de Carême on devrait inciter les gens à grandir dans la Charité. Je m’explique: aimer Dieu plus qu’avant et aimer les autres (proches et lointains) avec la force de l’Amour de Dieu en donnant aussi son argent à des œuvres caritatives chrétiennes qui réconfortent à la fois les âmes et les corps. C’est cela la plus-value chrétienne de la Charité. Ce n’est pas la politique du charity-business à la sauce climatique (en plus dans cette Action de carême il y a encore moins de substance que dans le charity business). Nos évêques feraient bien de reprendre le contrôle au moins partiel de cette erratique Action de Carême et d’inciter plutôt en ces temps pénitentiels leurs fidèles à fréquenter les sacrements, à prendre la résolution de faire le catéchisme à leurs enfants, à aider financièrement les œuvres sociales chrétiennes, etc. Aider les paysans des Philippines à cultiver bio, comme je l’ai lu dans la documentation de presse (tâche qui relève plutôt de la DDC que de l’Eglise qui a ses propres actions économiques à valeur ajoutée religieuse), c’est bien, mais il manque quelque chose. Un souffle spirituel absent de cette action de Carême. Une Eglise qui sort de son core-business pour donner uniquement dans la religion socialo-climatique est une Eglise appelée à se dissoudre dans l’air du temps. Il faut dépolitiser, rechristianiser, respiritualiser l’Action de Carême. De passage récememment à Martigny, le philosophe et ancien ministre de l’Education nationale française Luc Ferry relevait que seule la restauration de valeurs morales et spirituelles pouvait freiner l’hyperconsommation du néo-capitalisme qui dégrade le climat. Or, cette dimension de spiritualisation, propre au Carême, manque totalement dans l’Action de Carême si j’en juge par l’abondante documentation de presse que j’ai reçue. Bref, moi je boycotterai l’Action de Carême. Comme le reste de l’année, je préfère continuer à verser de l’argent à des congrégations chrétiennes caritatives telles que les « Missionnaires serviteurs des pauvres du tiers-monde » par exemple ou à d’autres sociétés s’occupant matériellement ainsi que spirituellement des minorités chrétiennes (souvent persécutées) dans le monde et qui gèrent des écoles, des entreprises sociales, des orphelinats, des hôpitaux, etc.. Si vous voulez faire quelque chose d’utile, organisez plutôt dans vos paroisses des quêtes de Carême pour vos missionnaires à l’étranger et leurs œuvres sociales. Qu’on se le dise et qu’on le redise…. Les chrétiens qui ne sont pas de gauche ou pas écolos dogmatiques ne se sentiront de toute façon que peu concernés par cette Action de carême. Est-ce le rôle de cette même Action de carême de constituer un Fonds spécial climat et de pousser une chansonnette unilatéralement écologiste? Qu’elle laisse cela aux ONG et au Gouvernements dont c’est la tâche spécifique.Vincent Pellegrini, furibundus
P.S. Comme tout ce qui est écrit sur ce blog, mes positions ne reflètent pas l’opinion de mon journal mais mon opinion personnelle comme je l’ai précisé hier soir au débat de l’émission Forum de la Radio Suisse Romande.
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