Le président de la Confédération suisse Pascal Couchepin a visité la mosquée d’Al Azhar, au Caire, sorte de Vatican de l’islam sunnite. Le grand cheikh de la mosquée a expliqué à M. Couchepin que cette même mosquée combattait tout es les formes d’extrémisme. Or, la Mosquée d’Al Azhar abrite le siège de l’université du même nom qui constitue l’une des principales références pour la formation de la communauté islamique mondiale.
Il se trouve que je me suis rendu deux fois dans une autre université islamique, l’ Ezzitouna de Tunis, qui pratique, elle, un enseignement de l’islam totalement compatible avec les valeurs communes de la société occidentale. Une enseignante de l’Ezzitouna m’a même dit que lorsqu’elle se rendait à des rencontres universitaires à Al Azhar son interprétation de l’islam était considérée comme martienne. Autrement dit, une vraie inteprétation, au sens exégétique où l’entend le christianisme par exemple, n’a pas vraiment sa place à Al Azahr et certains enseignants en ont d’ailleurs fait les frais dans le passé… Je signale aussi en passant que Sarkozy voulait faire former les imams français par l’Ezzitouna mais qu’il a dû reculer face à la fronde des musulmans conservateurs de France. Al Azhar est donc conservatrice et l’on sait ce que cela veut dire dans l’interprétation de l’islam, même non wahabbite. L’épouse du tout puissant président égyptien Moubarak en a par exemple elle-même fait les frais. Alors qu’elle en avait fait une affaire personnelle, elle n’a pas réussi à agir contre les dérives de la polygamie. Les oulémas d’Al Azhar ont en effet rejeté et fait capoter un projet de loi prévoyant de pénaliser financièrement le mariage avec une seconde épouse qui est encouragé par nombre de religieux égyptiens. Le texte de loi rejeté était proposé par le Conseil national de la femme qui est présidé par Mme Moubarak en personne. Ce Conseil, dans son interprétation du Coran, se contentait pourtant de souligner que “la multiplicité des épouses n’est pas un droit pour l’homme mais une tolérance”. Et l’on ajoutera que selon un sondage seules 10,6 % des femmes égyptiennes acceptent la polygamie. De plus, seuls 4% des hommes égyptiens la pratiquent réellement. C’est donc une relique du passé. Mais les oulémas d’Al Azhar ne veulent pas transiger… Et Moubarak n’est pas Bourguiba qui abrogea la polygamie en Tunisie.
A part cela et au-delà des discours officiels convenus que nous servent les dépêches d’agences à l’occasion de visites de chefs d’Etat, la situation des chrétiens coptes égyptiens est difficile. Et il est encore plus difficile de construire des églises en Egypte. Une devinette dit d’ailleurs: A quoi reconnaît-on une église copte? Réponse: c’est une maison surmontée d’une croix et entourée de quatre minarets! Dans un article intéressant, la revue Choisir expliquait par exemple que les Coptes, quoique au nombre de 8 à 12 millions, n’avaient droit qu’à un seul député au Parlement, non pas élu mais concédé par la condescendance présidentielle. Un copte n’a pas le droit d’enseigner l’arabe, langue de Dieu, seul un musulman pouvant le faire. Sur le marché du travail aussi, les Coptes sont trop souvent victimes de mesures discriminatoires. etc. Mais il ne faut pas non plus trop noircir le tableau et il faut bien reconnaître que la majorité du peuple égyptien est tolérant. Le danger c’est la montée visible de l’islamisme… Un vrai défi autant pour Moubarak et son parti dirigean que pour les Coptes…
Vincent Pellegrini
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