vendredi 14 janvier 2011

L'historien Sylvain Gouguenheim a raison (3)

 Vincent Pellegrini 
                  Dans le dernier numéro du magazine catholique « L’Homme Nouveau », Pierre-alexandre Bouclay fait une intéressante interview de l’historien Sylvain Gouguenheim qui vient casser nombre de clichés sur la bien-pensance universitaire lorsqu’elle dirige ses travaux sur l’Eglise et l’Occident médiéval. Sylvain Gouguenheim avait démontré dans son livre « Aristote au Mont-Saint-Michel » que les moines d’Occident n’avaient jamais perdu le contact avec la pensée grecque et que leurs copistes et traducteurs (du grec en latin) étaient restés très actifs sur les textes antiques. Nous ne devons pas tout aux Arabes, donc, comme le veut une certaine pensée unique qui oublie aussi les liens constants de Rome et de Byzance et qui oublie aussi que les textes d’Aristote et des autres ont été traduits en arabe par les lettrés syriaques chrétiens en terre d’Islam… Bref, en chercheur universitaire courageux et compétent, Sylvain Gouguenheim récidive avec un nouveau livre intitulé « Regards sur le Moyen Age », aux éditions Tallandier. Il y démonte les idées reçues en 40 questions d’histoire médiévales. Les tenants de la soupe multiculturelle, y compris à la Sorbonne, essaient en effet aujourd’hui de nous faire croire, contre toute évidence, que l’Europe n’était pas chrétienne… L’un d’eux a même osé écrire – et c’est ahurissant – que l’idée de liberté religieuse venait de la théologie musulmane. Bref, le Moyen Age aurait vu naître le début d’un métissage intellectuel entre islam et christianisme. Rien de plus faux malgré certaines éclaircies – et la naissance d’espaces de dialogue éphémères et limités géographiquement – dans les relations entre Occident et monde musulman. Car le conflit entre les deux cultures ne fut pas seulement constant et guerrier mais aussi intellectuel. Car avant tout religieux (n’oublions pas qu’au Moyen Age la philosophie était ancilla theologiae (servante de la théologie). Sylvain Goughenheim explique notamment : « Les exemples de de coexistence harmonieuse sont sérieusement remis en question – je pense à Al-Andalous – par des historiens aussi réputés que Adeline  Rucquoi ou Bartholomé  Benassar… Quant à la condition de dhimmi, c’était une condition juridique inférieure, parfois humiliante, les dhimmis étant des citoyens de second rang ».  Martin Aurell, membre de l’Institut universitaire de France, définit ainsi les rapports entre l’islam et la chrétienté : «Contrairement à certaines idées reçues, passablement anachroniques, les intellectuels du Moyen-Age, chrétiens ou musulmans, ne se soucient ni de tolérance ni d’ouverture aux cultures concurrentes. Pierre le Vénérable ou Averroès ne se cèdent pas un pouce de terrain. Des deux côtés on n’accepte de découvrir son adversaire que dans une perspective universaliste d’exclusion. Connaître pour mieux combattre. Si Thomas d’Aquin a longuement étudié l’oeuvre d’Averroès, c’était pour mieux la réfuter dans son Contre Averroès. »
                  Vincent Pellegrini

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