samedi 15 janvier 2011

Le Graal est-il passé par Sion et Valère?

— Vincent Pellegrini @ 16:36
Une messe étant désormais célébrée tous les dimanches à 11 heures à Valère, la basilique romane fortifiée revit pleinement, notamment grâce à son chapelain le chanoine Carraux. Le lieu attire et apaise. Ce mont sacré a toujours été un lieu de pèlerinage et de prière comme en témoigne la statue de la Vierge sur le maître-autel, statue qui a quelque 600 ans.
On ajoutera ici que la colline de Valère et sa majestueuse église perchée a toujours intrigué les chercheurs de mythes et de mystères. Selon une tradition qu’il est difficile d’évaluer mais qui resurgit périodiquement, le Graal serait passé par Valère et y serait mystérieusement relié… En 2004, lorsque l’opéra Parsifal de Wagner fut donné à Genève, le Grand-Théâtre édita même pour cette occasion une luxueuxe brochure-programme sur ce concert où l’on parlait beaucoup de Valère. En effet, «Parsifal» traite largement des thèmes du Graal et du cycle du Roi Arthur qui pourraient selon certains avoir des liens plus étroits qu’on ne le pense avec Sion et Valère. Rappelons que Parsifal de Wagner développe les thèmes du cycle arthurien et du château de Montsalvat où était conservé le Graal, ce vase qui a servi à la dernière Cène du Christ et qui a recueillli son sang au Golgotha. Or, moult indices semblent indiquer selon certains que ledit Graal aurait pu passer par Valère. Le directeur du Grand-Théâtre de Genève avait détaillé en 2004 les corrélations qui existent entre le mystère du Graal, le roman arthurien et Sion la Valaisanne. Joseph d’Arimathie, l’un des porteurs présumés du Graal, lorsqu’il est parti selon la tradition pour évangéliser la Grande-Bretagne, aurait emporté ledit Graal et il a vraisemblablement emprunté la grande route préhistorique du transport des métaux et en particulier de l’étain qui reliait l’Orient à l’Angleterre (Corinthe-Cornouaille) via les Alpes du Nord, le Valais et la Gruyère (l’église de Valère n’existait bien sûr pas encore mais on explore là les dimensions géographico-symboliques d’un cycle mythique). On le déduit du fait que les deux textes fondateurs du cycle arthurien y feraient mention. Il y a Chrétien de Troyes (XIIe siècle) qui parle de Perceval «né dans la ville de Sinadon» et Wolfram von Eschenbach, son quasi contemporain, qui fait naître ce même Perceval gallois non pas dans le pays de Galles mais «en Waleis, région de montagnes». L’éthymologie de Sedunum (nom dérivé du celte) et de Jérusalem serait la même (il y aurait dans chaque nom de ville deux racines et deux notions: de paix d’une part et d’enceinte, maison, ville, etc. d’autre part). Le mont Sion est le mont du Temple à Jérusalem et le Valais est d’origine celtique (la boucle est ainsi bouclée en rapport au cycle arthurien). D’autres indices, chez Chrétien de Troyes, renvoient à la route de l’étain et donc du Graal jusqu’à Fribourg et au château de Gruyère (héraldique gruérienne (la grue) trahissant les Templiers gardiens du Graal, noms de lieux de la région de Gruyère semblables à ceux des environs de Jérusalem, etc.). Wagner lui-même, s’est arrêté à Sion. Voilà ce que disait l’étude publiée dans la brochure du Grand-Théâtre de Genève en 2004. «Des indices semblent indiquer que le Graal est passé par le Valais. A-t-il été hébergé à Valère? Ce point mériterait d’être étudié par des philologues et les historiens», avait à l’époque ajouté le directeur du Grand-Théâtre de Genève lors d’une visite à Valère (dans “Le Nouvelliste”, édition du 26 mars 2004). Dans «Les Helvétiques» et les aventures de Corto Maltese (page 39), l’auteur de BD Hugo Pratt l’affirme en tout cas clairement. Dans la salle des calendes de Valère (bâtiment des musées) qui fut vraisemblablement une salle communautaire des chanoines, se trouvent par ailleurs les peintures des Neuf preux, symboles des idéaux chevaleresques dont Godefroy de Bouillon. Bref, l’ambiance y est.
Reste que Valère n’est pas le seul endroit à receler des récits tournant autour du Graal. Le Sacré Graal, le vrai, serait tout simplement à Valence, exposé depuis plusieurs siècles dans la Cathédrale.
C’est en tout cas ce que prétend l’américaine Janice Bennett qui est venue à Valence présenter son livre “San Lorenzo y el Santo Grial. Historia del Santo Cáliz de Valencia” à l’occasion du 1er Congrès International consacré au Saint Calice qui a eu lieu le week-end du 8 Novembre 2008, ai-je pu lire sur le Net. Un vieux professeur spécialiste de liturgie m’avait raconté la même histoire. De fait, le diacre Saint Laurent qui gardait les trésors de l’Eglise en tant que diacre de l’évêque de Rome, a très bien pu mettre à l’abri le calice de la dernière Cène (Graal) au moment des persécutions (an 258) et le prendre avec lui lorsqu’il a gagné l’Espagne, voici 1751 ans. On imagine mal en tout cas les disciples du Christ et leurs successeurs oublier dans un coin la coupe ayant servi à la dernière Cène… Le «Saint Calice », aussi dénommé « Saint Graal » est par ailleurs revendiqué par d’autres villes, notamment Gênes en Italie. Bref, il reste assez de légendes (au sens médiéval de legenda) pour rêver… Et l’important n’est bien sûr pas là pour Valère. Inutile d’aller y chercher quelque résurgence de l’ordre du Prieuré de Sion.
Vincent Pellegrini
Voir dans les commentaires ci-dessous des articles très détaillés sur le Graal et Valère.

10 commentaires

1.     Commentaire par Dimitri Mottier — 25 avril 2009 @
Le Grand Théâtre de Genève avait effectivement publié un article en partant d’une rédaction du père Nicolas de Preux, alors chapelain à demeure de la sainte église de Valère, faite sur la base d’une mine d’informations brutes fournies par un de ses amis très chers. Malheureusement, la livraison du Grand Théâtre caviarda largement le texte du père Nicolas et fut finalement assez décevante. Voici donc, à l’attention des amateurs, dans les deux prochains commentaire, 1) l’article du père Nicolas, 2) l’information brute qui lui avait été fournie.
2.     Commentaire par Père Nicolas de Preux — 25 avril 2009 @
SION, VALERE ET LE GRAAL
Dans le sillage des mythes éloquents de l’Occident grouille parfois une foule bigarrée d’amateurs, de mystiques aventureux et de fous inspirés. Chacun a son idée, mieux: sa révélation nouvelle, ses théories. Ainsi un mystérieux « Ordre du Prieuré de Sion» remontant à l’époque des croisades serait en lien avec la ville du même nom. Cette rumeur a été lancée par les recherches soit-disant scientifiques de chercheurs anglais qui ont écrit ce livre fantasque: «l’Enigme sacrée», romanesque, veulent faire croire que les lignées royales d’Europe sont issues du sang de Jésus et de Marie-Madeleine: impossible n’est pas anglais! Livre qui est à l’origine d’un grand nombre d’illuminés qui débarquent à Sion (et à Valère) pour y trouver la confirmation de leur idéologie, mais qui bien entendu ne peuvent rien découvrir. Reste que c’est un amateur fou d’Homère, Schliemann, qui découvre le tell où dort Troie ensevelie; un autre met à jour les premières traces de Sumer: méfions-nous du mépris sophistiqué des experts trop experts et de la pédanterie académique. Pas plus qu’Homère le mystère, s’il existe, du Graal n’est proche d’être résolu aujourd’hui. Mais l’on sait plus sûrement qu’hier que la littérature ancienne, quand elle véhiculait le sacré, nous a été transmise avec profonde fidélité. Et que les mythes comptent parmi les expressions les plus directes et les plus subtiles de l’expérience humaine.
En ce qui concerne la présence ou le passage du Graal à Sion en Valais, la source du mythe, commune à toutes les interprétations, des plus sérieuses aux plus romantiques, est double: Mention dans le « Parsifal » de Wolfram von Eschenbach du lieu de naissance de Perceval en « Waleis », région de montagnes. Mention chez Chrétien de Troyes dans les « Contes du Graal» du lieu de naissance de Perceval dans la ville de « Sinadon ». Je rappelle ici l’essentiel de ce qui est dit et cité du Graal. C’est le trésor présumé des Cathares, gardé par les vigilants Chevaliers du Temple, conté et chanté par les célèbres romans nés à la cour des Comtes de Champagne, eux-mêmes liés de près à la fondation de l’Ordre du Temple. Selon certains, le Graal était la coupe dont se servirent Jésus et ses disciples lors de la dernière cène; selon d’autres, il était le vase dans lequel Joseph d’Arimathie recueillit le sang de Jésus cloué sur la croix. Ses origines dans la littérature païenne se trouvent dans l’éternel cycle fondamental de la mort et de la renaissance. Il possède son équivalent païen: le chaudron de résurrection où les guerriers morts sont jetés au crépuscule pour les ressortir vivants à l’aube. Ce mythe apparaît en 1188 jusqu’en 1307/1314 (époque des Templiers), puis réapparaît en 1470 dans « La Mort d’Arthur» de Thomas Malory. Pour lui, le Graal est le vase dans lequel Joseph d’Arimathie a recueilli le sang de Jésus, puis Magdeleine l’aurait emporté avec elle en fuyant la Terre Sainte vers Marseille, où ses reliques sont encore vénérées. Le premier roman consacré à ce sujet est « Perceval ou le conte du Graal» par Chrétien de Troyes en 1188, dédié à Philippe d’Alsace, Comte de Flandre, qui avait des liens avec la maison de Lorraine. La fin n’est pas connue car elle brûla dans l’incendie de Troyes en 1188, incendie qui coïncida avec la mort du poète, elle-même assez douteuse.
Parmi les nombreuses versions postérieures, citons encore le « Roman de l’estoire dou Saint-Graal» (Robert de Boron – 1190 à 1199). Avec un caractère spécifiquement chrétien du Graal, rempli par Joseph d’Arimathie avec le sang de Jésus sur la croix, et ainsi revêtu de pouvoirs magiques. La famille de Joseph en devient le gardien: Galaad, son fils, puis Bron son gendre qui le transporta en Angleterre pour devenir le Roi Pêcheur, grand-père et non plus oncle de Perceval. On trouve ici un lieu et une période définis.
Puis le livre de Perlesvaus (auteur anonyme, peut-être un Templier car il connaissait bien les champs de bataille). L’action se déroule dans l’ombre des Templiers. Le roman Perlesvaus insiste beaucoup sur la notion de lignée, Perceval y est décrit comme le plus saint, et appartenant au lignage de Joseph d’Arimathie, décrit comme un ancien soldat de Pilate pendant 7 ans. L’action se situe, comme pour Chrétien de Troyes, à l’époque d’Arthur. On y trouve des allusions à l’univers de la magie (têtes scellées de plomb et d’argent), un domaine réservé aux Templiers. On apprend aussi que Perceval embrasse la croix et s’agenouille devant elle. Pour l’auteur anonyme, le Graal revêt différentes formes: il s’agit d’un secret relatif à Jésus et dévoilé à un très petit nombre d’individus. « Il lui semble qu’en son milieu il voit le visage d’un enfant» puis « le Graal tout en chair» puis « un Roi couronné, cloué à un crucifix ». Le Graal apparaît « de 5 manières différentes que personne n’a le droit de dire, mais la dernière est un calice ». Ici, le Graal est un vase ou un calice mais qui représente une lignée ou ceux qui la composent.
Enfin, le « Parzival » de Wolfram von Eschenbach – 1195 à 1216. Son histoire est tout autre, fondée sur une information de tout premier ordre, due à un certain Kyot de Provence, lui-même la tenant d’un dénommé Flégétanis, à Tolède, dans des manuscrits abandonnés. Flégétanis, païen, était de la lignée de Salomon, né d’un père arabe, et adorait un veau. Il avait découvert l’existence d’un objet qui s’appelait le Graal, nom qu’il avait lu dans les étoiles, déposé sur Terre par une troupe d’anges, et qui était toujours gardé par des hommes de haut mérite: la famille Mazadan en Anjou. On peut donc conclure que la famille de Mazadan est liée au Graal, sur le rôle de la maison d’Anjou, qu’il existe une version originale venue de Tolède, centre d’études ésotériques juives et musulmanes, ce qui voudrait dire que les aventures du Graal ont une origine juive ou musulmane! Kyot de Provence était sans doute Guiot de Provence, moine et troubadour, porte-parole de l’Ordre du Temple, qui se rendit en 1184 en Allemagne où il rencontra von Eschenbach. Là aussi, on y trouve de nombreuses allusions sur les Templiers, gardiens du Graal et de sa famille. Pour von Eschenbach, le Graal est un objet mystérieux entraperçu par Chrétien de Troyes, sorte de corne d’abondance, mais aussi « une pierre venue des cieux» d’une pureté précieuse, avec des symboles alchimiques comme le phénix, emblème de Jésus mort et ressuscité.
Ceci encore: Kyot de Provence avait trouvé un récit de l’histoire du Graal dans les archives de la maison d’Anjou, or celle-ci était liée aux Templiers. En effet, Foulques d’Anjou devient Templier en 1131 en épousant Mélusine, nièce de Godefroi de Bouillon, et sera Roi de Jérusalem. D’après les Documents du Prieuré, les seigneurs d’Anjou, les Plantagenêt, étaient un écho des Plantard. Dans un manuscrit de Chrétien de Troyes, Perceval déclare être né à Sinadon, et selon von Eschenbach, il viendrait de Waleis, une région montagneuse. L’interprétation de Sidonensis (Sion) en Wallis (Valais) est faite par plusieurs auteurs. La difficulté semble être de relier Sinadon à Waleis, qui se résout par cette parentée heureuse pour les Valaisans de Sion, Valais! De là à penser que le Saint Graal est particulièrement à Valère, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent. Notons en 2 passant que si Perceval a approché le Graal, selon la Tradition, c’est cependant le chevalier pur Galaad (nom d’un tribu d’Israël) qui remporte le prix et devient le successeur du gardien du Graal. Perceval aurait donc ramené le saint Trophée en sa terre natale pour le murer dans la crypte sous le maître-autel de Valère? On peut toujours l’imaginer.
Car demeure, qui reste une interrogation: d’abord que le Valais et la Suisse sont d’essence celtique, et l’on sait que l’association des Celtes avec la tradition du Graal n’est plus à démontrer. D’autre part, selon Jean-Adrien Lavanchy, la grande route préhistorique du transport de l’étain Cornouailles-Corinthe (voie qu’on dira suivie par St Joseph d’Arimathie qui amène la foi en Grande-Bretagne « post statim passionem Christi» selon les actes du Concile de Bâle) passe à travers les Alpes du Nord, le Valais et la Gruyère.
Or, dans « Le Morte Darthur» de Chrétien de Troyes, repris par Thomas Malory, il est mentionné la ville de Sarras, proche de Jérusalem (donc de la Sion originelle). Et à quelques kilomètres à l’ouest de Gruyère, mais hors de la route de l’étain, on trouve le château des seigneurs de la Sarra(z) (encore un homographe quasi parfait) posé comme douane sur la route du sel. A Sarras donc, fut converti le roi Evelac, rendu aveugle puis guéri par le Graal. Ceci encore: le drapeau de Fribourg est exactement le Beaucéant de guerre des Templiers: parti de sable et d’argent (donc le noir en haut, mort à nos ennemis). Et les Templiers sont toujours plus ou moins associés au Graal, à cause de la mystique templière, qui malheureusement leur valut pour une part d’être accusés d’hérésie. Puis le château de Gruyère est situé sur l’éminence de Montsalvens (Montsalvat dans le cycle du Graal). Et le drapeau de Gruyère, ainsi que la plupart des blasons et drapeaux de la vallée qui reprennent le thème, représente une GRUE (armes parlantes) animal sacré qui tient dans sa patte levée un caillou, qui tombe lorsque la vigilance de l’oiseau pêcheur se relâche le réveillant ainsi: la grue est l’emblème des rois du Graal, des veilleurs.
Et maintenant Sion. Sion porte en français (homographe) le nom de la montagne de Jérusalem qui supportait le Temple, mont du Temple ou mont de Sion ou encore rocher de Sion. Le mot est mentionné 155 fois dans l’ancien testament et 7 fois dans le nouveau. Etymologiquement Sion dérive du celtique Sedunum qui est composé de deux mots sed (paix) et dunum (mont, enceinte fortifiée) selon Wolfgang Guerraty. Or on sait que l’hébreux Jérusalem se décompose ainsi: irousa, qui signifie habitation (ville, par extension), peuple, maison et salem, paix. Donc, les sens de Sion et Jérusalem sont identiques en celtique comme en hébreux, non seulement homographes mais synonymes: l’étymologie est la même. Et l’hébreux tzion (Sion) signifie: lieu aride, désert. Enfin le Sion celte du Valais se trouve lui aussi, et avant Gruyère, sur la route de l’étain empruntée par Joseph d’Arimathie porteur présumé du Graal.
Que cette double colline, sa noblesse, son souffle sacré et chevaleresque (aujourd’hui encore, malgré l’impardonnable hideur de la ville moderne) aient frappé l’imagination, que Rilke ait fait de cette vallée sauvage et marquée de grandeur son ultime terre d’élection: on le saisit aisément! La Quête du Graal, rappèlent Jean Chevalier et Alain Gheerbrant à propos des symboles, « exige des conditions de vie intérieure rarement réunies. Les activités extérieures empêchent la contemplation qui serait nécessaire et détournent le désir. C’est le drame de l’aveuglement devant les réalités spirituelles, d’autant plus intense qu’on croit plus sincèrement les rechercher. La Quête du Graal inaccessible symbolise, au plan mystique qui est essentiellement 3 le sien, l’aventure spirituelle et l’exigence d’intériorité, qui seule peut ouvrir la porte céleste. La perfection humaine se conquiert, non pas à coup de lance comme un trésor matériel, mais par une transformation radicale de l’esprit et du coeur ». Et quant à la double colline isolée sur le fond de l’énorme vallée, on sait que « l’omphalos est universellement le symbole du centre du monde. Il est souvent figuré par une élévation: montagne, colline, arbre, pierre. Chaque peuple, chaque être humain a son centre du monde. On le conçoit comme le point de jonction entre ce désir, collectif ou individuel, de l’être humain et le pouvoir surhumain capable de satisfaire ce désir, que ce soit un désir de savoir ou d’aimer et d’agir. Là où se rejoignent ce désir et ce pouvoir, là est le centre du monde. Il n’est pas de peuple qui n’ait son mont sacré, considéré par chacun d’eux comme son centre du monde .» Et Valère, à la fois chevaleresque et sacrée, est l’un de ces centres mystiques incontestablement. Car si le Graal a suscité des interprétations diverses et parfois délirantes, plus sérieusement, selon Albert Béguin, chrétiennement le Graal représente à la fois, et substantiellement, le Christ mort pour les hommes, le vase de la Sainte Cène (c’est-à-dire la grâce divine accordée par le Christ à ses disciples), et enfin le calice de la messe, contenant le sang réel du Sauveur. La table sur laquelle repose le vase est donc, selon ces trois plans, la pierre du Saint-Sépulcre, la table des Douze Apôtres, et enfin l’autel où se célèbre le sacrifice quotidien. Ces trois réalités, la Crucifixion, la Cène, l’Eucharistie, sont inséparables, et la cérémonie du Graal est leur révélation, donnant dans la communion la connaissance de la personne du Christ et la participation à son Sacrifice Salvateur.
Comment ne pas concevoir, au lieu de ces forteresses lugubres et pénombrales auxquelles sacrifient les metteurs en scène wagnériens par un goût erroné du mystère, la « Burg » du Graal, c’est-à-dire d’un divin trésor lui-même, plutôt à l’image austère mais rayonnante de cette forteresse rassemblée autour de l’exhaussement de son église forte, son centre et son vrai donjon mystique seul digne d’abriter un Graal véritable? où demeure cette énigme singulière: pourquoi une salle capitulaire est-elle présidée par cette ample fresque de mystérieux chevaliers en armes? Comment ne pas sentir que les chevaliers du Graal sont des prêtres-chevaliers nécessairement, que l’éclat leur convient, la légèreté, l’or sacré? toutes choses que prêchent nos siècles d’art roman et gothique. Qui ne sait que le Christ est Lumière? qui nous donnera enfin un Parsifal lumineux ?
3.     Commentaire par Dimitri Mottier — 25 avril 2009 
Liens entre le Saint Graal et la Suisse
Pour ce qui concerne le Valais :
La source du mythe, commune à toutes les interprétations, des plus « sérieuses» aux plus romantiques, est double :
1) Mention dans le “Parsifal” de Wolfram von Eschenbach du lieu de naissance de Perceval en « Waleis », région de montagnes.
2) Mention chez Chrétien de Troyes dans les “Contes du Graal”, du lieu de naissance de Perceval dans la ville de « Sinadon».
L’interprétation de Sidonensis (Sion) en Wallis (Valais) est faite par plusieurs auteurs. La difficulté semble être de relier Sinadon à Waleis, qui se résout par le hasard heureux (pour les Valaisans) de Sion, Valais ! De là à penser que le Saint Graal est chez nous, particulièrement à Valère, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent. Notons en passant que si Perceval a approché le Graal, selon la Tradition, c’est cependant le chevalier pur Galaad (nom d’un tribu d’Israël) qui remporte le prix et devient le successeur du gardien du Graal, roi blessé d’un incurable plaie au flanc. Il serait donc présomptueux de penser que le fameux Perceval aurait ramené le saint Trophée en sa terre natale pour le murer dans la crypte sous le maître-autel de Valère, mais on peut l’imaginer si on ne craint pas trop les touristes du mystère qui prennent le roman pour la confirmation de leurs fantasmes. Lire à ce sujet l’apendice pp 3-5.
Notons cependant quelques indices intéressants pour plaider cette cause, mystiquement tout du moins :
1. Sion porte en français (homographe) le nom de la montagne de Jérusalem qui portait le Temple, mont du Temple ou mont de Sion ou encore rocher de Sion. Le mot est mentionné 155 fois dans l’ancien testament et 7 fois dans le nouveau.
2. Etymologiquement Sion dérive du celtique Sedunum qui est composé de deux mots sed (paix) et dunum (mont, enceinte fortifiée) selon Wolfgang Guerraty.
3. L’association des celtes (le Valais et même la Suisse sont d’essence celtiques) avec la tradition du Saint Graal n’est plus à démontrer.
4. La ville est entourée d’éminences ornées de châteaux (Valère, Tourbillon, Mont d’Orge, la Soie, et/ou d’églises.
5. Traditionnellement la ville comporte sept églises ou chapelles dont trois remontent au haut-moyen-âge : Sur-le-Scex (actuellement desJésuites, bâtie très probablement sur l’emplacement d’un groupe primitif), Sous-leScex (funéraire), Saint Théodule, et pour le bas moyen âge : Notre-Dame de Valère, Tourbillon (St Georges et St Grat), Tous Saints, et Cathédrale . On peut mentionner sept églises, sans forcément préciser…
6. Valère et Tourbillon furent primitivement les sièges d’opidum(a) celtiques (c.f. guide culturel de la Suisse)
7. Les Helvétiques (BD Corto Maltese d’Hugo Pratt) : C’est en Suisse, dernière résidence d’Hugo Pratt, que se déroule cette aventure. Mais on y verra très peu de paysages alpestres, cette histoire nous raconte en effet les rêves ésotériques de Corto Maltese où il y rencontrera la mort, la rose alchimique, le Graal ! Cette BD continue d’asseoir la légende du Graal en Suisse.
8. Un mystérieux “Ordre du Prieuré de Sion” remontant à l’époque des croisades serait (pour les gogos) en lien avec la ville. Cette rumeur a été lancée par les recherches soit-disant scientifiques de chercheurs anglais qui ont écrit un navet intitulé “l’énigme sacrée”. Attention, ce mythe pour romanesque qu’il soit, dissimule une perfide doctrine tendant à faire croire que les lignées royales d’Europe sont issues du sang de Jésus et de Marie-Madeleine. Cette livre est à l’origine d’un grand nombre d’illuminés qui débarquent à Sion (et à Valère) pour y trouver la confirmation de leur idéologie, mais qui bien entendu ne peuvent rien découvrir. De ce point de vue il serait à mon avis dangereux de faire une quelconque association en Sion et un quelconque Ordre de chevalerie ou autre car ce serait indirectement cautionner une hérésie dont nous ne voulons certainement pas.
4.     Commentaire par Dimitri Mottier — 25 avril 2009 
Tradition du Graal à Fribourg / Gruyère:
1. Le drapeau de Fribourg est exactement le Beaucéant de guerre des Templiers : parti de sable et d’argent (donc le noir en haut, mort à nos ennemis).
2. Les Templiers sont toujours plus ou moins associés au Graal, à cause de la mystique templière, qui malheureusement leur valut pour une part d’être accusés d’hérésie.
3. Le château de Gruyère est un excellent candidat pour abriter le Graal à cause de sa géographie :
(a) Il est situé sur l’éminence de Montsalvens (Montsalvat dans le cycle du Graal).
(b) Il est à proximité du lac (artificiel celui-là) du même nom, ainsi que du lac de la Gruyère (là où pêche le Roi pêcheur si bien décrit par Julien Gracq)
(c) Il est protégé par nombre de forêts et montagnes (replaçons-le au moyen-âge : petites routes, bois impénétrables, haustères éminences couvertes d’un glaçage de sucre étincelant)
(d) Le drapeau de Gruyère (ainsi que la plupart des blasons et drapeaux de la vallée qui reprennent le thème) représente une GRUE (armes parlantes) animal sacré qui tient dans sa patte levée un caillou, qui tombe lorsque la vigilance de l’oiseau pêcheur se relâche le réveillant ainsi : la grue est l’emblème des rois du Graal, des veilleurs.
(e) Il existe aussi un château de Montsalvens, en ruines.
(f) Un bon historien connaissant bien l’histoire des seigneurs de la Gruyère, pourrait facilement monter “une cabane” acceptable, ce qui n’est pas mon cas.
(g) En fait, parmi les châteaux, rien ne semble remonter au-delà du Xe siècle, ce qui est déjà bien, mais insuffisant pour des gardiens du Graal.
(h) Selon Jean-Adrien Lavanchy, la grande route préhistorique du transport de l’étain Cornouailles-Corinthe (voie qu’on dira suivie par St Joseph d’Arimathie, mais plus vraissemblablement par mer (quoique ?)) qui amène la foi en Grande-Bretagne “post statim passionem Christi” selon les actes du Concile de Bâle) passe à travers les Alpes du Nord et la Gruyère. (Lavanchy , photocopie de la p. 14)
(i) Dans “Le Morte Darthur” de Chrétien de Troyes, repris par Thomas Malory, il est mentionné la ville de Sarras, proche de Jérusalem (donc de la Sion originelle). Or à quelques kilomètres à l’ouest de Gruyère, mais hors de la route de l’étain, on trouve le château des seigneurs de la Sarra(z) (encore un homographe quasi parfait) posé comme douane sur la route du sel. A Sarras donc, fut converti le roi Evelac, rendu aveugle puis guéri par le Graal.
5.     Commentaire par Dimitri Mottier — 25 avril 2009 
Le Graal (appendice) :
C’est le trésor présumé des Cathares, gardé par les vigilants Chevaliers du Temple, conté et chanté par les célèbres romans nés à la cour des Comtes de Champagne, eux-mêmes liés de près à la fondation de l’Ordre du Temple. Selon certains, le Graal était la coupe dont se servirent Jésus et ses disciples lors de la dernière cène; selon d’autres, il était le vase dans lequel Joseph d’Arimathie recueillit le sang de Jésus cloué sur la croix. Mais alors si cet objet date de Jésus, pourquoi n’en parle-t-on pas pendant 10 siècles? Comment expliquer sa soudaine réapparition en pleine époque des croisades? Ses origines dans la littérature païenne se trouvent dans l’éternel cycle fondamental de la mort et de la renaissance. Il possède son équivalent païen: le chaudron de resurrection où les guerriers morts sont jetés au crépuscule pour les ressortir vivants à l’aube. Ce chaudron appartient à Bran, le géant, qui possède aussi un plat où apparait instantanément toute nourriture désirée, autre vertu miraculeuse du Graal. A sa mort, Bran est décapité, et sa tête, vénérée comme un talisman, a le pouvoir de fertiliser la terre et de repousser les envahisseurs, d’où un rapprochement avec le Baphomet.
Ce mythe apparaît en 1188 jusqu’en 1307/1314 (époque des Templiers), puis réapparait en 1470 dans “La Mort d’Arthur” de Thomas Malory. Pour lui, le Graal est le vase dans lequel Joseph d’Arimathie a recueilli le sang de Jésus, puis Magdeleine l’aurait emporté avec elle en fuyant la Terre Sainte vers Marseille, où ses reliques sont encore vénérées. Le premier roman consacré à ce sujet est “Perceval ou le conte du Graal” par Chrétien de Troyes en 1188, dédié à Philippe d’Alsace, Comte de Flandre, qui avait des liens avec la maison de Lorraine. Perceval était le “fils de la dame veuve”, appelation désignant les prophètes (dont Jésus), repris ensuite par la FM. Quittant sa mère veuve, Perceval s’éloigne de son noble destin de chevalier. Il connait un grand nombre d’aventures, et une nuit, dans le château du Roi Pêcheur, le Graal lui apparait, porté par une demoiselle très belle, élancé et bien paré, fait d’or le plus pur, serti de pierres de maintes espèces. Le lendemain, Perceval quitte le château sans avoir posé les questions qu’on attendait de lui, sur le Graal, son origine ou sa raison d’être. Perceval continue son chemin pour apprendre qu’il appartient à la “famille du Graal” et que son oncle est le mystérieux Roi Pêcheur, qui “soutient et conforte sa vie” avec le Saint-Graal. La fin n’est pas connue car elle brûla dans l’incendie de Troyes en 1188, incendie qui coïncida avec la mort du poète, elle-même assez douteuse. Parmi les nombreuses versions postérieures, voici:
Roman de l’estoire dou Saint-Graal (Robert de Boron – 1190 à 1199)
Avec un caractère spécifiquement chrétien du Graal, rempli par Joseph d’Arimathie avec le sang de Jésus sur la croix, et ainsi revêtu de pouvoirs magiques. La famille de Joseph en devient le gardien: Galaad son fils, puis Bron son gendre qui le transporta en Angleterre pour devenir le Roi Pêcheur, grand-père et non plus oncle de Perceval. On trouve ici un lieu et une période définis.
- Perlesvaus (auteur anonyme, peut-être un Templier car il connaissait bien les champs de bataille).
L’action se déroule dans l’ombre des Templiers. Dans un château, on assiste à un conclave d’initiés, puis à une cérémonie où Perceval est reçu par 2 maîtres entourés de 33 hommes vétus de blanc, portant sur la poitrine une croix rouge. Le roman Perlesvaus insiste beaucoup sur la notion de lignée, Perceval y est décrit comme le plus saint, et appartenant au lignage de Joseph d’Arimathie, décrit comme un ancien soldat de Pilate pendant 7 ans. L’action se situe, comme pour Chrétien de Troyes, à l’époque d’Arthur. On y trouve des allusions à l’univers de la magie (têtes scellées de plomb et d’argent), un domaine reservé aux Templiers. On apprend aussi que Perceval embrasse la croix et s’agenouille devant elle. Pour l’auteur anonyme, le Graal revêt différentes formes: il s’agit d’un secret relatif à Jésus et dévoilé à un très petit nombre d’individus. “Il lui semble qu’en son milieu il voit le visage d’un enfant” puis “le Graal tout en chair” puis “un Roi couronné, cloué à un crucifix”. Le Graal apparait “de 5 manières différentes que personne n’a le droit de dire, mais la dernière est un calice”. Ici, le Graal est un vase ou un calice mais qui représente une lignée ou ceux qui la composent.
- Parzival (Wolfram Von Eschenbach – 1195 à 1216)
Son histoire est tout autre, fondée sur une information de tout premier ordre, due à un certain Kyot de Provence, lui-même la tenant d’un dénommé Flégétanis, à Tolède, dans des manuscrits abandonnés. Flégétanis, païen, était de la lignée de Salomon, né d’un père arabe, et adorait un veau. Il avait découvert l’existence d’un objet qui s’appelait le Graal, nom qu’il avait lu dans les étoiles, déposé sur Terre par une troupe d’anges, et qui était toujours gardé par des hommes de haut mérite: la famille Mazadan en Anjou. On peut donc conclure que la famille de Mazadan est liée au Graal, sur le rôle de la maison d’Anjou, qu’il existe une version originale venue de Tolède, centre d’études ésotériques juives et musulmanes, ce qui voudrait dire que les aventures du Graal ont une origine juive ou musulmane!!! Kyot de Provence était sans doute Guiot de Provence, moine et troubadour, porte-parole de l’Ordre du Temple, qui se rendit en 1184 en Allemagne où il rencontra Von Eschenbach. Là aussi, on y trouve de nombreuses allusions sur les Templiers, gardiens du Graal et de sa famille. Le Graal ne se dévoile pas à tous et doit rester secret “car personne ne peut accomplir la quête du Graal sans être en telle estime auprès du ciel qu’on le désigne d’en haut pour être admis dans son voisinage”. Pour Von Eschenbach, le Graal est un objet mystérieux entraperçu par Chrétien de Troyes, sorte de corne d’abondance, mais aussi “une pierre venue des cieux” d’une pureté précieuse, avec des symboles alchimiques comme le phénix, emblème de Jésus mort et ressucité. Le parallèle Pierre/Jésus est fait: Pierre le disciple, pierre le rocher sur lequel Jésus établit son église, pierre Jésus lui-même “négligée par les bâtisseurs”, clé de voute du Temple. Plus loin, la crucifixion remplace la pierre puis Madeleine apparaît derrière le symbole de la colombe. Les protecteurs du Graal sont les Templiers, et ses propriétaires sont tous membres d’une famille juive aux branches nombreuses et éparpillées. L’une des branches habite le château du Graal, Mansalvaesche (Montsalvat?) identifiable à celle de Montségur. Ce château est peuplé de: la gardienne Repausse de Schoye (Repause de Joie) et Anfortas, le Roi Pêcheur, seigneur des lieux dont Parzival est l’héritier. Les serviteurs du Graal sont initiés à un mystère et sont envoyés dans le monde pour agir en son nom et, parfois, accepter un trône, car le Graal possède le pouvoir de créer les rois.
Les femmes peuvent à la rigueur révéler leurs origines, mais pour les hommes c’est un interdit absolu, étant même tenus à n’autoriser aucune question à ce propos, détail qui nous ramène à Lohengrin.
Kyot de Provence avait trouvé un récit de l’histoire du Graal dans les archives de la maison d’Anjou, or celle-ci était liée aux Templiers. En effet, Foulques d’Anjou devient Templier en 1131 en épousant Mélusine, nièce de Godefroi de Bouillon, et sera Roi de Jérusalem. D’après les Documents du Prieuré, les seigneurs d’Anjou, les Plantagenêt, étaient un écho des Plantard. Dans un manuscrit de Chrétien de Troyes, Perceval déclare être né à Sinadon, et selon Von Eschenbach, il viendrait de Waleis, une région montagneuse.
6.     Commentaire par Alain FOURNIER — 21 décembre 2009 
Les légendes provençales évoquent l’arrivée de Joseph d’Arimathie en barque, là ou se trouve maintenant les Stes-Maries-de-la-Mer. Un autre mythe le font passer ensuite par Limoges. Ces légendes ne s’appuient-elles sur aucune vérité?
7.     Commentaire par Dimitri Mottier — 21 décembre 2009 
Le problème de la légende n’est pas tant son historicité que le message ou l’esprit qu’elle transmet. On n’est pas pour autant dans le mensonge parce qu’une légende n’a pas ou peu de fondements traçables, on est pas non plus dans la vérité si l’invocation historique est dénaturée par des visions humaines. Après tout, même la crucifixion du Christ pose un problème aux gens de mauvaise foi.
Pour revenir à saint Joseph d’Arimathie, il pourrait très bien avoir fait plusieurs fois le voyage vers la Gaule, avant de choisir un lieu pour se fixer.
En fait on n’en sait pratiquement rien. Ne subsistent de cette époque que des traditions orales, qui ont été fixées par écrit à partir du 11e siècle. Donc, en voyageant, Joseph peut avoir amené avec lui les Saintes Maries et saint Lazare le ressuscité, dont toute la Provence s’honore (et on ne compte plus les églises à leur noms), tout comme il peut avoir été invité à voyager avec eux. On ne sait pas.
Il peut aussi avoir passé par Limoges en emmenant avec lui le petit Margziam, fils adoptif de saint Pierre selon Maria Valtorta ou cousin de saint Pierre, qui selon la tradition orale est devenu plus tard Martial, évêque de Limoges et ouvrant la lignée des Martial de Limoges (il y en eut plusieurs et quand on regarde les dates des fêtes des saints on voit bien que plusieurs homonymes sont fêtés le même jour). Les lectures qui opposent l’un à l’autre sont souvent fausses, car l’histoire est très riche de répétitions. Par exemple, à Antioche, beaucoup de patriarches ont porté soit le nom d’Ignace soit celui de Pierre, et plusieurs les deux à la fois. L’un n’empêche pas l’autre. consulter la liste de la lignée sur http://www.orthodox.ch/lignee1.htm .
Joseph peut donc, après une vie bien remplie, aussi avoir fini ses jours à Ynis Witrin, (l’Île de Verre) , ou Glastonbury, posant au premier siècle les bases du christianisme Gallois, continué par saint Aristobule . Notons que ce fait a été reconnu par le Concile de Bâle ou de Florence (sous réserves de vérifications).
De fait, on a peu d’éléments précis, mais même avec ces “cautions”, l’argument historiciste revêt peu d’importance en regard du fait spirituel, celui de placer une région, une Église locale ou nue communauté sous la protection de tel ou tel saint. Le saint, qui est tout amour, vient bénir et aider ceux qui l’invoquent, pays ou Église, et cela a plus de valeur que les faits historiques car c’est un esprit et non une vision précise et matérialiste, car l’esprit est au-dessus de la lettre.
Il est à noter que le mot “légende” porte deux sens : 1) histoire merveilleuse et populaire 2) livre dans lequel se trouvent les actes des saints et qui doit être lu durant l’année (aujourd’hui on dirait “sanctoral”). Le glissement du deuxième sens vers le premier est facile, raison pour laquelle, avec la mentalité moderne, on a tendance à attribuer aux vies des saints un caractère artificiel, voire imaginatif, donc une valeur négligeable. Coupable esprit moderne.
Pour conclure, rien n’est impossible mais rien n’est sûr, et il est aussi absurde d’affirmer avec exactitude que de nier. C’est l’esprit qui compte.
8.     Commentaire par Alain FOURNIER — 6 janvier 2010
Merci pour votre réponse!
Votre évocation de la lignée des Martial m’éclaire, je ne connaissais que St Martial et il était impossible qu’ils aient pu se croiser!
Sur les sites basiques, que le benêt que je suis consulte, il est dit que ce Joseph aurait été accompagné par Bron ou Hebron, encore une erreur ou une légende selon vous?
Puis-je me permettre de profiter de votre érudition en vous posant une dernière question? Comment datait-on au VIIe siècle, quelle était la formule? En l’an de grâce 625?
9.     Commentaire par Dimitri Mottier — 6 janvier 2010 
Bron est un personnage mentionné dans les écrits de Robert de Boron, un auteur du XIIe s qui est à l’origine de la christianisation (littéraire) du Graal. Il raconte l’histoire du Graal. Bron serait le beau-fils de Joseph d’Arimathie.
L’Église connaît un saint Bron, disciple de saint Patrick, Évêque de Cassel-Irra en Irlande, fêté le 8 juin, mais rien à voir puisque mort en 511. Donc ce saint ne fait qu’attester de l’existence du nom dans le monde celtique. Du Bron de Joseph, et qui aurait été un gardien du Graal, aucune mention dans les sanctoraux.
À prendre comme finalement comme une simple information d’ordre littéraire, mais qui pourrait à son tour fixer une tradition orale plus ancienne.
Pour ce qui est de votre question sur le VIIe s. je n’en sais fichtre rien, et je ne vois pas le rapport.
10.   Commentaire par Alain FOURNIER — 7 janvier 2010 
Merci beaucoup Dimitri!
pas de rapport en effet pour cette date, désolé de vous avoir ennuyé avec celà!

1 commentaire:

  1. Le frère de l'évêque Leandri DuMont, Rodolphe épousa au début du 13eme siecle sauf erreur, une dame Eloise de Gisors, descendante des Payens(un des fondateur des templiers) et petite fille de la grande maitresse de l'ordre du prieuré. (cf. Charles Berling) Voila une connexion intéressante entre Sion et le Graal...

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