lundi 17 janvier 2011

Les chrétiens égyptiens revendiquent l’héritage des pyramides et de l’Evangile.


Lors de son récent voyage en Egypte, le président de la Confédération Pascal Couchepin a pu faire mieux connaissance avec les chrétiens coptes de ce pays. Ceux-ci forment la communauté chrétienne la plus nombreuse du monde arabe et ils ont maintenu avec un soin extrêmement minutieux leurs traditions tant doctrinales que liturgiques. Le monde des Coptes est fascinant car tout chez eux véhicule le sens du sacré, l’atmosphère du christianisme des premiers siècles et surtout l’esprit mystique du monachisme égyptien qui a largement inspiré en Occident la vie cénobitique (vie en communauté monastique par opposition aux anachorètes). Ce qui frappe notamment le visiteur, c’est que les anges sont très présents dans l’univers de l’Eglise copte orthodoxe. La liturgie est elle aussi impressionnante et empreinte de surnaturalité. Le prêtre copte célèbre dos au peuple, recouvert de la tête aux pieds du sticharion (vêtement blanc) et séparé de l’assemblée par une iconostase dont la porte est ouverte. En liturgie, c’est aussi la tradition qui s’impose. Trois versions de messes sont ainsi connues dans l’Eglise d’Egypte: les liturgies de Cyrille d’Alexandrie, de Basile le Grand et de Grégoire de Nazianze.
Le mot “copte” signifie “égyptien”. C’est ainsi en tout cas ainsi que les Arabes désignèrent les habitants de l’Egypte qui étaient en grande majorité chrétienne au moment de la conquête musulmane. Par la suite, ce nom désigna les Egyptiens non convertis à l’islam. Les Coptes se réclament – dans la succession apostolique – de l’évangéliste Saint Marc qui fut le premier patriarche d’Alexandrie (Egypte). Ils ne reconnaissent donc pas la primauté de l’évêque de Rome et ont leur propre “pape”. Ils sont également monophysites depuis le concile de Chalcédoine en 451. Pour eux, le Christ n’a pas deux natures (divine et humaine) en une seule personne comme l’enseigne le catholicisme, mais une seule essence réunissant humanité et divinité (assertion inexacte à corriger avec les commentaires ci-dessous, en fait on  parle plutôt de miaphysisme). Les Coptes revendiquent le fait d’avoir été le premier peuple majoritairement chrétien du monde. Saint-Maurice et ses compagnons soldats de la légion thébaine qui furent martyrisés en Valais (Suisse) par l’empereur romain étaient d’ailleurs coptes. L’apport des Coptes à la théologie des premiers siècles est par ailleurs immense à travers l’école d’Alexandrie et des champions comme Saint Athanase qui a mené une lutte intellectuelle peut-être décisive contre l’hérésie arienne qui niait la divinité du Christ.
Les premiers Coptes partirent sur les bateaux des descendants des Phéniciens pour évangéliser le monde connu et propager le monachisme, y compris en Europe. Un évêque de Lyon mort en 450 parle par exemple des moines égyptiens qui se sont établis en France. Et l’influence copte s’est parfois exercée fort loin. Saviez-vous que la transcription du copte a en partie servi aux saint Cyrille et Méthode lorsqu’ils ont formé l’alphabet russe?
Le signe des pharaons. Certaines psalmodies religieuses coptes sont accompagnées au triangle (instrument de musique pharaonique) et avec des cymbales. Des parallèles ont d’ailleurs été établis entre les musiques copte et pharaonique. De fait, la liturgie copte correspond en gros à la langue parlée pharaonique. On notera au passage que c’est la littérature copte sacrée qui a ouvert à Champollion l’accès à la langue et à la littérature des temps pharaoniques. Le calendrier copte est un calendrier astral (comme chez les anciens égyptiens) et non un calendrier solaire. Les Coptes commencent à compter les années à partir de l’an 284 après Jésus-Christ, année où l’empereur déclencha contre eux un véritable génocide.
Vincent Pellegrini

1 commentaire:

  1. Merci pour toutes ces informations. Pourriez vous étayer l'information plus longuement s'il vous plait. C'est très instructif.

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