Un appel aux jeunes
INTERVIEW. Pour le curé de Savièse, la bonne volonté ne manque pas chez les jeunes face à la religion mais il faut trouver les moyens de les atteindre.
Par Vincent Pellegrini
Comment évangéliser la jeunesse quand on est curé d’une paroisse où souvent la moyenne d’âge de l’assistance à la messe dominicale est plus proche de la retraite que des bancs d’école. Nous avons demandé à un curé, Jean-François Luisier, à Savièse, s’il fallait se résigner où s’il existait des «recettes»…
Jean-François Luisier, vous avez organisé le 25 février dernier une opération «cure ouverte» pour les jeunes. Est-ce une formule qui marche à l’heure où l’on voit peu de jeunes à la messe?
Septante-cinq jeunes sont venus! Le but était de mettre en contact et en réseau des jeunes car après l’âge de quinze ans et la fin du CO ils ne trouvent plus forcément leur compte dans les messes dominicales de leur paroisse. Il faut aussi trouver un langage qui leur parle. Ainsi, la soirée cure ouverte était présentée ainsi: «La cure de Savièse, un espace de mixage Fun & Foi où se côtoient des jeunes en recherche et des convaincus de Dieu. Lieu convivial à disposition pour des jeunes branchés vertical. 3e édition.» On pourrait dire qu’il y a une grande paroisse de jeunes invisible, non –territoriale ! Le diocèse en est bien conscient puisqu’il a confié à l’abbé David Roduit, aumônier de collèges, la responsabilité de la pastorale diocésaine de la jeunesse.
Et que faites-vous avec les jeunes dans une soirée «cure ouverte» de 19 à 1 heure avec «repas à toute heure»?
Ceux qui ont la foi se retrouvent entre eux, se sentent moins seuls et ils entraînent d’autres jeunes qui n’ont pas forcément la foi. Les jeunes attirent et évangélisent les jeunes dans ce genre de soirées car ils n’affichent pas facilement leur foi à l’école, en apprentissage ou aux études. Dans une soirée organisée pour les jeunes, qu’ils soient saviésans ou non, c’est plus facile car convivial. Le 25 février, il y a des jeunes qui sont descendus d'Anniviers ou de Bagnes! Nous avions invité Florent Troillet, le champion de ski-alpinisme et sportif de Dieu, qui a fait un beau témoignage sur sa famille et sa foi. Ensuite, ont été projetés des extraits filmés d’Aurélia Lugon, une jeune fille qui a pris l’habit dans une communauté religieuse, avec en complément le témoignage de ses frères et sœurs. Ont aussi été projetées quelques belles séquences souvenir de Jean-Paul II dans le contexte de sa béatification. Jean-Paul II qui a relancé l’évangélisation des jeunes. L'adoration est toujours offerte dans ces soirées. Et le parcours sportif des 7 sacrements à la salle de gym était drôle. A l’heure où l’on voit moins de jeunes dans les églises le dimanche, l’Esprit Saint a voulu que des jeunes se mettent en route pour évangéliser d’autres jeunes. C’est la génération des JMJ qui s’est trouvée décomplexée pour parler de ses convictions.
Vous êtes actif dans des mouvements pour jeunes comme les DJP (déjeune qui prie) et NAPP («N’ayez pas peur» www.napp.ch). Pourquoi?
Je fais effectivement partie de ces prêtres qui sont parfois des locomotives mais aussi tirés eux-mêmes en avant par des jeunes qui en veulent. Ce qui est réconfortant, c’est de découvrir que l’on peut en général facilement faire sentir le besoin de prier aux jeunes. Ils sont pleins de bonne volonté. Mais c’est surtout en famille que l’initiation à la foi doit commencer. Car ensuite et en dehors il n’est pas facile de se ménager des temps de respiration le week-end dans cette civilisation des loisirs, mais je sais qu’au fond le jeune est intact dans sa soif de spiritualité. Il accepte même de redécouvrir le beau chapelet qui peut être associé à une marche, lors d’un pèlerinage à peau de phoque, en bus, etc., car ce n’est pas un exercice de fixation comme l’adoration du Saint-Sacrement ou un exercice cérébral comme l’étude biblique. Le chapelet, c’est la prière du pèlerin, le psautier du pauvre, donner la main à Marie.
Vous dites que la première évangélisation incombe aux parents.
Exactement. Il faudrait prier en famille avec les tout-petits dans leur chambre ou au salon tous les soirs. Faire de la messe un projet familial du week-end. Pour les adolescents, le fond est souvent là, mais ensuite le jeune doit se former une personnalité spirituelle. L’idéal est que le jeune soit invité par un autre jeune car il a besoin de savoir avec qui il sera.
Mais la pratique religieuse des jeunes est faible
Ca, ce sont de bonnes souffrances de prêtre, moi je me réjouis quand quelques-uns sont là. C’est déjà beaucoup pour notre époque. Et ce qui touche le plus les jeunes, ce sont les enseignements nourrissants. Les jeunes aiment que les choses soient claires. Ils veulent la Vérité dans toute son exigence et toute sa beauté.
Mais l’exigence de sainteté du christianisme n’éloigne-t-elle pas les jeunes de la pratique religieuse?
Non, c’est plutôt le conditionnement de notre société qui les éloigne. Il nous faut sans cesse informer et inviter, les inciter à entrer dans ces groupes qui ne sont pas du tout ennuyeux ou à des rencontres comme le festival Theomania, les montées vers Pâques, etc. La convivialité est très importante. Elle rapproche le jeune en recherche des jeunes convaincus. Jean Paul II a donné une réelle impulsion à la pastorale des jeunes en lançant les JMJ (Journées mondiales de la jeunesse). Pour ma part j’incite les jeunes à prendre un temps, si possible une année sabbatique, pour approfondir leur foi, comme propose Point-Cœur, l’institut Philanthropos, Jeunesse-Lumière de Daniel Ange, qui est une école d’évangélisation, la Garde Pontificale, etc. Dans la masse des jeunes il y en a de magnifiques qui nous aident et prennent en main l’organisation des temps d’évangélisation.
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