Cavalier
seul
Vincent
Pellegrini
Benoît XVI a
pris congé de ses chers fidèles de façon émouvante et en les assurant de ses
prières. Ce pape doux et d’une grande finesse intellectuelle a conquis les
catholiques mais n’a pas été compris des médias qui n’ont manifestement pas lu
ses nombreuses homélies d’une grande hauteur spirituelle. C’est le lot de ce
temps qui laisse les médias muets s’il n’y a pas scandale. Finalement, lesdits
médias ne se seront intéressés à Benoît XVI qu’à quatre reprises. Lors de son
discours à Ratisbonne sur les rapports entre la raison et la foi et où une
citation sur l’islam avait été sortie de son contexte par les médias. Ensuite
lors d’une interview dans l’avion qui le menait en Afrique où un propos sur le
préservatif, également sorti de son contexte, avait mis le feu à la presse.
Ensuite lors de la levée des excommunications des évêques d’Ecône juste avant
la connaissance des déclarations négationnistes de Mgr Williamson et enfin lors
des scandales de pédophilie où le pape a pourtant pris toutes les mesures
utiles. Certains professionnels ont critiqué la communication de Benoît XVI
comme étant trop lente. Mais il était aussi dans le tempérament de ce pape
d’attendre et de réfléchir avant de répondre au prurit des médias. Benoît XVI
ne s’est jamais laissé dicter son agenda. Si l’on devait résumer son règne on
pourrait citer deux mots: humilité et vérité. Il va manquer à l’Eglise. Reste
que les supputations sur son successeur emplissent déjà les journaux. Certains
espèrent un pape progressiste qui ordonnerait les femmes et permettrait aux
protestants d’accéder à la communion eucharistique par exemple. Ils risquent
d’être déçus car il faut s’attendre à une succession dans la continuité
doctrinale. Joseph Ratzinger a créé 67 cardinaux sur 118 et les autres ont
généralement reçu la pourpre cardinalice des mains de Jean Paul II qui fut
aussi taxé de conservatisme par les médias. «Les
cardinaux marqués par la théologie des années 1970 ne sont plus qu’une
minorité, qui n’a pas les moyens de peser sur le scrutin», explique le
«Figaro Magazine» qui ajoute: «Imagine-t-on,
d’ailleurs, les cardinaux faire un pied de nez à Benoît XVI, qui sera toujours
de ce monde, et lui donner un successeur qui s’empresserait de prendre des
positions contraires aux siennes?» Ce qui n’exclut pas la surprise. Comme
avec Karol Wojtyla en 1978.
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