vendredi 2 décembre 2011



Livre. Les Editions Saint-Augustin publient une étude intéressante de Yannick Levannier sur le linceul de Turin.



Le mystère du Saint Suaire



Vincent Pellegrini

Les Editions Saint-Augustin viennent de publier sous la plume de  Yannick Levannier ce que l’on sait aujourd’hui du Saint Suaire de Turin, A la fois synthétique et analytique, ce livre se lit facilement comme une enquête policière fouillée sur la plus mystérieuse des reliques du monde chrétien. Cet ouvrage de vulgarisation porte comme titre et sous-titre: «Le Saint  Suaire de Turin  révélé par la photographie et par la science». L’intention apologétique y est nette, mais elle s’appuie toujours sur des faits.

 Un tissu original
Les archéologues datent le type de tissage de la toile en lin du linceul de Turin du 1er siècle après J.-C. On a découvert que le métier à tisser utilisé était très courant en Syrie dans les premiers siècles. Mme Flury Lemberg, Conservatrice du Musée des tissus de Lausanne, a confirmé que ce tissu était en tous  points semblables à ceux tissés à Massada, la forteresse détruite en 74 après J.-C. Ce mode de tissage à chevrons 3 à 1 a existé jusqu’au IIIe siècle sur des tissus de Palmyre et de Doura Europos.  Parmi les fibres de lin, on a trouvé des traces de coton provenant d’un cotonnier cultivé exclusivement au Moyen Orient. Il n’y a pas de laine car la loi judaïque interdisait de mélanger sur le même  métier des fibres animales et végétales. Il s’agit d’une pièce de tissu unique d’un coût très élevé. Or, Joseph d’Arimathie, qui a recueilli le corps du Christ, était un homme riche. La technique de blanchiment du lin du linceul a été abandonnée aux IIIe et IVe siècles. Pour Ray Rogers, chimiste au Los Alamos National Laboratory, cette méthode de blanchiment est antérieure au VIIIe siècle. Or, les datations au Carbone 14 sur le linceul fixent une période moyenne comprise entre 1260 et 1390. Et le mystère est d’autant plus complet que toutes les autres analyses scientifiques contredisent cette datation au C 14.

 L’image unique

 Le codex de Pray, datant de 1150 à 1165, représente une illustration du linceul comportant de très petits détails ne se trouvant que sur le Saint Suaire (petites brûlures, marques de chevrons). Les pouces du Christ n’y sont pas visibles, comme sur le linceul, car rétractés du fait que le Christ est crucifié entre les os du poignet et non dans la paume. On voit déjà là que la datation au C14 affiche un résultat trop récent. La croix de Géron, datant de 972, et que l’on peut voir dans la cathédrale de Cologne, présente elle-aussi ce phénomènes des pouces rétractés. Si l’on regarde sur le tissu l’avant-bras, la traînée de sang résulte exactement de la position sur la croix. Et l’on peut faire la même analyse partout ailleurs. On sait ainsi que la couronne d’épines était une sorte de casque d’épines. Il y a la plaie sur le côté: une grande marque de sang avec la séparation de la partie cellulaire du composant séreux du sang. Cela montre que la plaie est restée ouverte, donc exécutée après la mort (coup de lance donné par le centurion romain). Les marques de la flagellation effectuée par les soldats ont été faites par des fouets romains munis de billes métalliques ou de petits os, les fouets juifs étant faits uniquement de lanières. Question photographie, le négatif se regarde en fait comme un positif parfait en trois dimensions (prouvé en 1976 par les chercheurs de l’US Air Force Academy). Personne n’aurait pu calculer, au Moyen Age, un tel effet. Le noircissement du Saint Suaire sur une épaisseur de 30 à 45 microns est en tout point proportionnel à la distance supposée du corps par rapport au drap. Les instruments modernes ont détecté une  pièce de monnaie sur une paupière. Elle comportait suffisamment de détails pour être datée de l’époque de Tibère, soit vers 29 après J.-C. On trouve aussi des mots sur le verso du Suaire, à l’aide de l’image tridimensionnelle et de filtres informatiques. Il s’agit d’écritures araméennes, hébraïques, latines et grecques. Il y a notamment un double n courant dans le grec du 1er siècle. Or, concernant les crucifiés, les lois juives et romaines imposaient de mettre sur les suaires des textes écrits. Sur le Saint Suaire, on peut ainsi lire «Jésus le Nazaréen».

 Des témoins tangibles

 Si l’on travaille au  microscope et diverses images en infrarouge et ultraviolet, on trouve sur le Suaire 58 pollens de plantes différentes. 17 sont originaires de France ou d’Italie, 23 de la région de Jérusalem et 18  de la région de Constantinople. On peut ainsi refaire tout le périple du linceul et cela coincide avec son histoire. Citons le Cistus creticus, petit arbuste ne se trouvant que dans la région de Jérusalem et le Gundelia tournefortii, arbuste épineux (couronne d’épines) ne poussant qu’entre Jérusalem et la Mer morte. Ce dernier représente plus de 50%  des pollens présents sur le Saint Suaire. En 1982 un cristallographe a trouvé sur les zones des pieds ainsi que celle du front (le Christ est tombé plusieurs fois en portant sa croix) une calcite avec impureté appelée Aragonite du Travertin qui s’avère être une forme très rare jusqu’ici trouvée uniquement à Jérusalem, avec une très forte concentration près de la Porte de Damas. Quant aux marques de sang, il s’agit bien de sang coagulé avec par endroits du sérum et de la bilirubine autour du sang. Ils apparaissent dans le sang dans le cas de très forts sévices corporels. Il n’y a par ailleurs aucune trace de métabolite témoignant d’une décomposition du corps. S’agissant de la datation au C14, l’auteur explique pourquoi le protocole n’a pas été respecté et le fait que l’échantillon n’était pas fiable car prélevé sur un bord légèrement abîmé, très contaminé et rapiécé. De plus, il y a un écart anormal de 130 ans entre les tests. De nombreux experts ont relevé le manque d’homogénéité des tissus et fibrilles à l’emplacement du prélèvement. Bref, la communauté scientifique remet en cause aujourd’hui la datation au C14. L’auteur du livre parle encore d’autres aspects qui prouvent l’aspect exceptionnel du linceul de Turin. Seul un faussaire disposant de toutes les techniques d’aujourd’hui aurait pu faire au Moyen Age un tel linceul. L’énigme résiste encore aux chercheurs. Reste l’impressionnant visage du Christ.
Bombardement nucléaire

 Le Saint Suaire n’est pas une peinture, car on n’a trouvé aucun pigment. Les taches de sang ne portent aucune marque d’arrachement sur le linceul, indiquant donc un temps de séjour du corps dans le tissu de moins de 36 heures. Sous les traces de sang, il n’y a pas d’impression de l’image sur le lin, ce qui indique que le dépôt du sang est antérieur à la coloration de l’image corporelle. En 1992, des études réalisées au Centre d’études nucléaires de Grenoble par le Père Rinaudo, docteur ès sciences en chimie nucléaire, conclut que le Suaire présente une irradiation des fibrilles de 30 à 45 microns. Un bombardement de protons sur des fils de lin d’aujourd’hui ont en effet produit un effet similaire à celui du Saint Suaire. Et la datation au Carbone 14 sur le lin bombardé a montré un écart de treize siècle avec du lin du même âge mais non bombardé.

 Le Saint Suaire de Turin révélé par la photographie et la science

Yannick Levannier

Editions Saint-Augustin

75 pages

38 francs




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