jeudi 9 juin 2011

L'omerta


                       Cavalier seul
Vincent Pellegrini

Les frasques de Dominique Strauss Kahn nourrissent un feuilleton américain aux multiples rebondissements. Et se pose cette légitime question: pourquoi les grands médias, pourtant au courant du rapport compulsif de DSK aux femmes, n’ont-ils  rien dit auparavant? Plus d’une bombe aurait en effet dû déjà sauter sous les semelles de l’ex-futur-candidat à la présidentielle française. La journaliste et romancière Tristane Banone, invitée à l’émission de Thierry Ardisson, a par exemple révélé en 2007 qu’elle avait dû se battre au propre comme au figuré pour échapper à la concupiscence de DSK qui agissait «comme un chimpanzé en rut», rappelle le Figaro Magazine. Bref, tout le monde savait. En France, les journalistes de la gauche caviar ont pourtant déjà commencé à défendre DSK, comme s’il s’agissait d’une affaire banale. Certains journalistes, en tout cas, auraient mieux fait de se taire. Par exemple Jean-François Kahn qui expliquait le 16 mai sur France Culture: «Selon lui il n’y a pas eu une tentative violente de viol mais une imprudence, un troussage domestique. Il s’est depuis excusé de sa maladresse.»  Voir un journaliste de cette envergure traiter cette affaire avec une telle désinvolture en dit long sur les œillères que peuvent vous donner les coteries. A force de côtoyer les puissants et de chanter à l’unisson du politiquement correct, certains journalistes n’ont  même plus les pieds sur terre. Selon que vous serez riche ou pauvre… On verra si la justice américaine fera mentir la fable.  En parlant de journaliste, j’en mentionnerai un autre, au calibre nettement supérieur à celui de Jean-François Kahn. Je veux parler d’Antoine Blondin, mort il y a 20 ans, le 7 juin 1991. Il aimait certes trop la dive bouteille («au goulot» lâchait-il lorsque ses confrères se mettaient à écrire). Mais Blondin ne se serait pas trompé de combat et respectait sa profession. Il la pratiquait avec autant de classe que d’humour. Ne disait-il pas sentencieusement: «N’oublie pas que l’on écrit avec un dictionnaire et une corbeille à papier, tout le reste est litres et ratures»?

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