Cavalier seul
Vincent Pellegrini
Une dépêche d’agence nous apprenait la semaine dernière que les accords de Schengen sur la libre circulation des personnes coûte dix fois plus cher que prévu au contribuable helvétique. Vous avez bien lu: dix fois plus cher. On a roulé le souverain helvétique dans la farine avec des méthodes qui seraient lourdement sanctionnées dans les entreprises privées. Je ne m’étonne pas, en tout cas, de lire que les Suisses sont seulement 19 % à vouloir l’adhésion à l’Union Européenne (12% de moins que l’an dernier) et que trois Suisses sur quatre veulent ainsi préserver la politique et l’économie d’une Suisse trop petite pour se défendre en faisant partie de l’Union Européenne. L’agence de presse traite les Suisses de «repliés» sur eux-mêmes. Moi je dirais qu’ils sont lucides et qu’ils ont une mémoire d’éléphant. Ils ont compris que Schengen facilite la petite criminalité transfrontalière. Que le principe du cassis de Dijon accordé de manière unilatérale à l’Europe n’a pas fait baisser les prix autant qu’on le leur avait promis et constitue une concurrence supplémentaire pour les produits suisses. Les Suisses n’ont pas apprécié que les pays voisins achètent des données bancaires volées pour tuer le secret bancaire helvétique et la place financière qui va avec. Bref ils ont très peu goûté la goujaterie de l’attaque fiscale menée par l’Europe contre un régime financier dont le seul tort était d’être concurrent. Et puis, il y a eu l’affaire des otages suisses en Libye où l’Europe n’a rien fait de sérieux auprès du fantasque et criminel colonel pour dénouer la situation. Pas étonnant quand Berlusconi baisait la main du tyran. Ces jours-ci, et le Figaro Magazine en a fait un reportage, les douaniers italiens incitent les immigrés d’Afrique du Nord à prendre le train pour aller dans d’autres pays de l’espace Schengen. Cela aussi, les suisses l’on vu. Et quand ont leur dit que chaque année la population suisse augment de la taille démographique d’une ville comme Saint-Gall, ils ne mettent pas beaucoup de temps pour comprendre que cela n’est pas dû à un salvateur baby boom helvétique.
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