Cavalier seul
Vincent Pellegrini
La politique devrait toujours rester l’art du possible. Et le débat sur le nucléaire ne doit pas non plus se laisser gagner par l’émotion de l’après Fukushima. On ne peut pas poser un acte de foi aveugle dans la capacité technologique future de la Suisse de se passer de l’énergie nucléaire helvétique et étrangère. Le Dr Hans Püttgen a relevé certains paradoxes. Les centrales nucléaires assurent 39,3% du gâteau énergétique helvétique. On a beaucoup parlé des projets de pompage-turbinage pour l’hydraulique, mais il faut savoir que le pompage fonctionne surtout de nuit avec de l’électricité française fortement d’origine nucléaire. Il aurait fallu tenir compte dans le débat de l’augmentation annoncée et inéluctable de l’électricité consommée. Selon un scénario de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), en 2035 la consommation électrique aura par exemple augmenté de 13% malgré une diminution globale de la consommation d’énergie de 14%. Moins d’énergies fossiles, mais plus d’énergie électrique malgré les mesures d’économie d’énergie. Et le professeur Püttgen d’avertir: «Malgré des mesures incitatives et réglementaires qui vont faire fortement chuter la consommation totale d’énergie, nous allons vers un monde toujours plus électrique.» Et même la dernière centrale nucléaire construite en Suisse (Leibstadt en 1984) devra être mise hors service vers 2020 déjà… L’hydraulique est l’atout de la Suisse mais nos lois écologiques rendent difficiles de nouveaux projets même dans la mini-hydraulique. Et une étude de la SATW montre que si l’on couvrait 10% des toits suisses avec du photovoltaïque, on obtiendrait une production annuelle de 5 TWh qui serait surtout disponible l’été quand la Suisse est déjà exportatrice d’électricité. A titre comparatif, la centrale nucléaire de Leibstadt produit 9,4 TWh/an. Selon le scénario optimiste de l’OFEN pour 2020 (dénucléarisation et en poussant au maximum toutes les énergies renouvelables), il manquerait encore en électricité 7 TWh/an pour la Suisse, soit presque autant que la centrale nucléaire de Gösgen.
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