Congrès. Le Zermatt Summit a réuni durant trois jours 200 leaders économiques pour redonner un visage humain à la globalisation et à ses acteurs.
Vincent Pellegrini
A Zermatt tout est possible. Y compris de voir un moine ouvrir un congrès rassemblant deux cents leaders de l’économie. C’est en effet le Père Nicolas Buttet, modérateur de la Fraternité Eucharistein, qui a été jeudi le premier orateur du Zermatt Summit. Ce congrès, qui en est à sa deuxième édition à Zermatt, est présidé par l’industriel suisse Christopher Wassermann. Il a pour but d’humaniser la globalisation et les économistes qui viennent à Zermatt sont originaires de tous les continents.
L’homme d’abord.
Le Père Buttet a expliqué qu’il y a un temps normal (le chronos) et un autre temps (le kairos) qui fait irruption dans l’histoire des hommes lors d’un événement particulier. C’est pourquoi il ne faut pas seulement retrouver une bonne santé économique après la crise mondiale, mais surtout retrouver un sens à l’économie. Et Nicolas Buttet de poursuivre: «En 1873 eut lieu la première grande panique mondiale. Depuis, il y en eu d’autres, dont celles des subprimes et de Dubai. Nous vivons une succession de crises, en oubliant ce que nous aurions dû apprendre de ces différentes crises. Face au système, au modèle et aux structures héritées du XXe siècle et l’échec des idéologies, il faut repenser la responsabilité personnelle. On veut repenser les structures et donner de nouveaux algorithmes aux bourses mais personne n’a abordé le fond du problème. La crise actuelle devrait pourtant nous faire comprendre que chaque être humain a une responsabilité là où il est. Chacun doit y réfléchir car c’est le défi de ce siècle. La Crise doit nous ramener à l’exigence personnelle. C’est la question du sens. Beaucoup ont des moyens de vivre mais peu ont des raisons de vivre. Je veux dire qu’il va falloir non seulement trouver un capital financier et humain, mais aussi spirituel. Ce sont les valeurs qui transcendent l’économie et permettent d’obtenir une prévisibilité des personnes dans tous leurs comportements et dans des situations toujours changeantes. Même Alan Greenspan, ex-président de la réserve fédérale américaine, a dit que la nature humaine et la crise étaient en lien. Cela arrive quand l’homme n’est même plus au centre de lui-même. La pyramide devrait être spirituelle, culturelle, politique, économique et technique. Le leadership devrait être un service d’amour au prochain. L’homme ne vaut pas par ce qu’il fait, mais par ce qu’il est. La mondialisation pose la question de l’être. La nouvelle globalisation doit être une réhumanisation de l’homme. Il faut échapper aux incohérences par une ligne de conduite: la vérité des relations humaines et un surcroit d’humanité sinon nous irons à la catastrophe. Même une socidété anonyme ne doit pas vouloir dire anonymat». Le quasi-miracle, c’est que cette vision très morale a fort bien passé auprès des économistes présents alors qu’ils venaient de plusieurs écoles de pensée.
Le congrès a duré trois jours de discussions très denses. Il a surtout permis aux participants de se rencontrer, de se lier d’amitié et de mettre en œuvre des réseaux pour donner un visage plus humain à la mondialisation.
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