mercredi 11 mai 2011

Cavalier seul


Désemparé

Vincent Pellegrini

Le décès de mon père m’a laissé très désemparé et submergé en cette vallée de larmes. Trop de souvenirs remontaient à la surface de mon âme. Je n’ai pas voulu les enfouir, mais les vivre jusqu’au bout car l’amour ne meurt jamais et il a sa patrie, au-delà du temps. Etre entouré comme je l’ai été durant son enterrement m’a réconforté. Et le chant grégorien, vaisseau céleste de l’âme, m’a laissé entrevoir une autre rive. Il me faut désormais accepter mon destin d’homme. Ce n’est pas gagné. Pourquoi ai-je tant de peine à accepter la mort de mon père?  Un ami ermite de Facebook, frère Maximilien-Marie, m’a écrit un jour où j’étais déprimé par la maladie de mon père: «On posait un jour au philosophe Gustave Thibon cette question: Quel est le plus grand mal de notre époque? Et il fit cette réponse: Exiger du temps qu'il tienne les promesses de l'éternel. Simone Weil a tout dit : "Dieu et l'homme sont comme deux amants qui se sont trompés sur le lieu de leur rendez-vous. L’homme attend Dieu dans le temps et Dieu attend l’homme dans l’éternité. Cher Vincent, ne demandez pas à Ce temps dans lequel nous sommes immergés de tenir les promesses de l’éternité ». Aujourd’hui, je dis avec Pindare, le plus grand poète grec de l’antiquité, en citant l’une de ses odes et en l’appliquant à mon père décédé : «Il tient du sort comme butin d’élite le calme pour l’éternité dans les demeures bienheureuses. » Et si cela ne suffit pas à ma compréhension, je relirai le Livre de Job.
 Réaliser aussi que la santé est  un trésor. Le 8 mai, dans l’une de ses audiences, le pape a rappelé: "La santé est une réalité de compréhension globale, intégrale, qui va d'être bien, nous permettant de vivre sereinement une journée d'étude, de travail ou de vacances, jusqu'au Salus Animæ dont dépend notre destin éternel... Jésus a révélé que Dieu aime la vie et veut la libérer de toute négation jusqu'à la plus radicale qui est le mal spirituel, le péché, racine vénéneuse qui empoisonne tout. Pour cela, Jésus lui-même peut s'appeler santé de l'homme...»

1 commentaire:

  1. Oh ! dis ! pourquoi toujours regarder sous la terre,
    Interroger la tombe et chercher dans la nuit ?
    Et toujours écouter, penché sur cette pierre
    Comme espérant un bruit ?

    T'imagines-tu donc que ceux que nous pleurâmes
    Sont là couchés sous l'herbe, attentifs à nos pas ?
    Crois-tu donc que c'est là qu'on retrouve les âmes ?
    Songeur, ne sais-tu pas

    Que Dieu n'a pas voulu, lui qui règle et dispose,
    Que la flamme restât quand s'éteint le flambeau,
    Et que l'homme jamais pût mettre quelque chose,
    Hélas ! dans le tombeau !

    Ne sais-tu pas que l'âme une fois délivrée,
    Les fosses, dévorant les morts qu'on enfouit,
    Se remplissent d'une ombre effrayante et sacrée
    Où tout s'évanouit ?

    Tu te courbes en vain, dans ta douleur amère,
    Sur le sépulcre noir plein des jours révolus,
    Redemandant ta fille, et ton père, et ta mère,
    Et ceux qui ne sont plus !

    Tu te courbes en vain. Ainsi que dans la vague
    Le plongeur se fatigue à chercher des trésors,
    Tu tâches d'entrevoir quelque figure vague
    De ce que font les morts.

    Rien ne brille pour toi, sombre tête baissée ;
    La tombe est morne et close au regard curieux :
    Tu n'as plus un rayon qui luise à ta pensée...
    Joyeux, lève les yeux !

    Lève les yeux ! renonce à sonder la poussière.
    Fais envoler ton âme en ce firmament bleu,
    Regarde dans l'azur, cherche dans la lumière
    Et surtout crois en Dieu !

    Crois en celui dont tout répète les louanges !
    Crois en l'éternité qui nous ouvre les bras !
    Appelle le Seigneur, demande-lui tes anges,
    Et tu les reverras !

    Oui, même dès ce monde où pleure ta misère,
    En élevant toujours ton coeur rempli d'espoir,
    Sans t'en aller d'ici, sans qu'il soit nécessaire
    De mourir pour les voir,

    Parce qu'en méditant la foi s'accroît sans cesse,
    Parce qu'à l'oeil croyant le ciel s'ouvre éclairci,
    Un jour tu t'écrieras tout à coup, plein d'ivresse :
    Ô mon Dieu ! les voici !

    Et tu retrouveras, ô pauvre âme ravie,
    Une ombre du bonheur de ton passé joyeux,
    Dans ces fantômes chers qui charmèrent ta vie
    Et qui sont dans les cieux ;

    Comme à l'heure où la plaine au loin se décolore,
    Quand le soir assombrit le jour pâle et décru,
    Là-haut, dans la nuée, on peut revoir encore
    Le soleil disparu.
    Victor Hugo

    je mets mon coeur dans le tien et je porte un peu ta grande peine. nous avons beaucoup perdu avec l'envol de Joseph Pellegrini, un Juste

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