jeudi 21 avril 2011

Mitres molles

Rubrique Cavalier seul du Nouvelliste

Des mitres molles
Vincent Pellegrini
Je ne résiste pas, pour cette deuxième chronique, à revenir sur le journaliste-académicien  André Frossard qui tint quotidiennement le billet «Cavalier seul» en une du «Figaro» de 1963 à sa mort en 1995. Il y présenta comme l’homme le plus prophétique de son temps le pape Jean Paul II qui sera béatifié le 1er mai prochain. Ce qui ne l’empêcha pas d’être cinglant avec les évêques français qu’il traitait dans sa rubrique de «mitres molles», sans oublier les théologiens «en état d’ébriété métaphysique, tous tenants d’un christianisme poltron et capitulard qui mettent le credo chaque jour au goût du jour». Auteur du célèbre «Dieu existe, je l’ai rencontré», où il raconte sa conversion fulgurante au hasard d’une visite dans une église, André Frossard  expliqua ainsi en 1992, à l’émission «L’heure de vérité», son côté fortement désabusé: «Les mystiques, les gens qui ont fait une rencontre (…) ont une vision assez  noire du monde, parce que le contraste entre la merveilleuse pureté et innocence de Dieu et ce qu’ils voient, ce contraste est tellement violent qu’ils font plutôt la grimace  quand ils regardent le monde.» Voici un exemple qui l’aurait fait grimacer. A Avignon, une exposition subventionnée par les collectivités publiques et appelée «je crois aux miracles» est organisée autour de la photo d’un Christ plongé dans l’urine. Des affiches de cette photo blasphématoire, appelée «Piss Christ», sont exposées publiquement dans les rues de la ville. Frossard aurait sûrement trouvé les mots pour rugir. Mais un certain art contemporain est inaccessible aux simples mortels et imperméable à la critique depuis qu’il s’est affranchi des critères antiques du Beau et s’est totalement subjectivisé. Il faut dire qu’une partie de l’art contemporain, alias AC, trouve suffisamment de thuriféraires chez les journalistes et les historiens de l’art pour avoir encore de beaux jours devant lui. D’autant plus que dans certains milieux la cote d’un artiste obéit à l’offre et à la demande sans être bien éloignée des cotations boursières.

1 commentaire:

  1. Merci cher Vincent...J'ai répercuté ton article sur ma page FB....Les "mitres molles", malgré le nom, ce terme RESONNE très bien...Nous en avons hélas aussi quelques spécimens dans des diocèses de Suisse....

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