vendredi 15 avril 2011

Une histoire assez complète de"l'ancienne messe"

Liturgie. Libéralisé par Benoît  XVI l’ancien rite a connu une évolution homogène depuis les temps les plus reculés.
Histoire d’ancienne messe
Par Vincent Pellegrini 
En 2007, le pape créait la surprise en libéralisant l’ancienne messe en latin ou messe dans « la forme extraordinaire » du rite latin, la nouvelle messe de Paul VI en 1969 étant le rite latin dans sa « forme ordinaire ». L’ancienne, messe qui fut célébrée encore durant le concile Vatican II, est appelée aussi tridentine du nom du  Concile de Trente au XVIe siècle qui suscita le retour à une version plus ancienne et plus pure de la messe. La messe selon la forme extraordinaire fut célébrée de manière universelle dans l’Eglise catholique romaine jusqu’en 1969 et elle est extrêmement ancienne. Cette antiquité et cette continuité expliquent pourquoi Benoît XVI, dans son motu proprio Summorum Pontificum, veut garder cette messe comme un trésor liturgique de l’Eglise pour les fidèles qui le désirent . Son but n’est d’ailleurs pas d’opposer cette messe ancienne à la forme ordinaire du rite latin (nouvelle messe) mais au contraire que les deux rites se fécondent mutuellement. Pour certains observateurs attentifs aux propos du pape, nous n’en sommes qu’au tout début de la « réforme de la réforme liturgique ». Le Vatican va en outre sortir ce mois-ci une instruction sur l’application du motu proprio concernant l’ancienne messe.
Aux temps apostoliques

L’Eglise a toujours fait remonter l’institution des principaux rites de la Messe aux temps apostoliques. Ainsi, Saint Basile affirme en conformité avec les Pères, que les paroles de la Consécration sont celles-là mêmes qui ont été prononcées par Jésus-Christ. Quant au canon romain (partie centrale de la messe avant et après la consécration) ou Canon 1 qui peut aussi être dit avec la nouvelle messe, la tradition l’a attribué également aux Apôtres de manière assez substantielle. C’est du moins ce qu’expliquent par exemple Saint Augustin et le pape Vigile. Quoi qu’il en soit, le canon est très ancien. D’ailleurs, les Apôtres ont tous commencé ensemble la liturgie puisqu’ils ont vécu ensemble jusqu’aux premières persécutions. La liturgie romaine plonge donc ses racines jusque dans les temps apostoliques. Il est aujourd’hui téméraire de vouloir reconstituer les textes de la messe primitive car aux débuts de l’Eglise la loi de l’arcane interdisait la publication des formules rituelles. Cette publication ne se fit que bien plus tard, lorsque l’Eglise sortit de son silence, après l’édit de Constantin (313).
Remarquable continuité
Au début du Ve siècle environ, apparaît le plus copieux et le plus ancien sacramentaire; recueil des textes de la Messe, de la façon de célébrer, du bréviaire, du Pontifical et des textes de l’administration des sacrements: c’est le sacramentaire léonien dont la messe ancienne que nous connaissons aujourd’hui (ancienne messe avec les rubriques de Jean XXIII) est assez proche, ce qui est remarquable. En fait, le pape Léon n’avait ajouté que deux choses dans la deuxième partie du canon: à savoir les formules «cette hostie (ou victime) immaculée » ainsi que «sacrifice saint». Puis viendront les sacramentaires gélasien, recueil de liturgie romaine importé dans les Gaules, et grégorien, du pape Grégoire 1er dit le grand élu en 590 dont la plus grande partie est bien sûr antérieure au pontificat de ce pape. Dans ce dernier sacramentaire on trouve l’ancienne messe presqu’en tous points telle qu’elle est aujourd’hui, tandis que le canon subit alors son dernier ajout jusqu’à Jean XXIII (pape Roncalli, mort à l’aube du Concile Vatican II) avec cette formule de la prière du hanc igitur «Et disposes nos jours dans la paix». Ce sacramentaire grégorien, avec la messe qu’il contient, sera propagé par la France qui l’avait déjà fait pour le gélasien, grâce surtout au concours très actif de l’ordre bénédictin. Grégoire le grand atteste d’ailleurs au VIe siècle que ses innovations dans la messe ne furent rien d’autre qu’un retour aux plus pures traditions romaines. Désormais, seules vont se perfectionner jusqu’au XIe siècle quelques prières comme celles de l’offertoire et de la communion. Il y a bien eu des ajouts dans le haut Moyen Age, mais il faudrait plutôt parler d’évolution homogène et de stabilisation. On parle d’une «liturgie émigrant en pays francs avant de revenir à Rome revue et francisée». Ce qui fait dire à l’abbé Claude Barthe: «Ainsi, on peut estimer que le missel d’avant le Concile Vatican II reproduit la messe romaine au moins à l’époque de saint Grégoire VII (1073-1085). Il est, à d’infimes détails près le missel publié par saint Pie V en 1570.» 
Le Concile de Trente

Au XVIe siècle, on constate une période de déclin et d’altération qui mettra en danger cette merveilleuse unité liturgique de la chrétienté latine et qui obligera les érudits du Concile de Trente à débarrasser le missel romain de beaucoup d’additions et messes du Bas Moyen Age, éléments médiévaux tardifs qui défiguraient l’harmonie des lignes du grandiose monument liturgique érigé par les Pontifes romains jusqu’au VIIe siècle. Sans oublier l’influence protestante. Seules furent autorisées à perdurer les liturgies datant de plus de 200 ans. La messe dite tridentine est donc en réalité une oeuvre de restitution de la messe antique qui a été menée à bien sous le pontificat de Pie V (d’où aussi le nom de messe de Saint Pie V). Cette messe fut promulguée par la très solennelle bulle «Quo primum tempore» qui canonise et impose définitivement «le missel restitué à la règle antique et au rite des Saints Pères» selon l’expression même du pape Pie V. Le Saint Sacrifice était ainsi dès lors en très grande partie fixé dans sa forme définitive et l’on peut même dire pour l’éternité car la messe tridentine n’a jamais été vraiment abolie et elle a même fait l’objet par Benoît XVI d’un motu proprio qui en libéralise l’usage. C’est un trésor de la Tradition et le joyau de l’action du Saint Esprit dans l’Eglise à travers les siècles. Y retourner, comme nous y encourage le pape, c’est aussi mieux comprendre les racines de la nouvelle messe, car il n’y a qu’un seul rite latin sous deux formes (ordinaire et extraordinaire), comme l’a expliqué Benoît XVI.
Vincent Pellegrini
«le missel restitué à la règle antique»
Pape saint Pie V

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Étiez-vous étudiant à l'école saint Michel en 1980 ?
    On entend aussi à la radio Vincent Pellegrini qui commente du sport en particulier.
    Je me souviens que Vincent Pellegrini connu à l'école saint Michel aimait beaucoup la langue française...
    Amicalement
    Marc Boisnard

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