«Le vertige du suicide – Lettre aux proches désemparés», tel est le titre d’un ouvrage qui vient d’être publié aux Editions des Béatitudes et qui a été écrit par l’abbé Joël Pralong, curé dans le secteur paroissial de Nendaz. L’auteur parle avec beaucoup d’empathie et trace des pistes pour retrouver l’espérance.
Joël Pralong, pourquoi ce livre sur le suicide ?Plus qu’une approche psychologique ou sociologique du phénomène, ce livre est un témoignage, celui d’un pasteur travaillant sur le terrain, qui a souvent été confronté à la réalité du suicide, tout particulièrement celui des jeunes. Je l’ai d’abord écrit avec les larmes des parents et amis traumatisés par l’absence brutale d’un fils, d’une fille, d’un ami, «qui a décidé de partir» comme on dit, mais aussi avec mes propres larmes, celles qui coulent à l’intérieur de celui qui se veut discrètement proche. Et puis, au-delà des drames et à l’intérieur des déchirures, j’ai cueilli de belles fleurs d’espérance. D’ailleurs, même les chardons produisent des fleurs, pas vrai? Une espérance plus forte que la mort chez ceux qui restent, la certitude d’un futur possible plein de lumière «de l’autre côté du voile», la force d’avancer, de continuer et d’aimer la vie malgré tout…tel un nouvel élan du cœur… une grâce donnée «d’en haut». Un livre qui laisse des traînées de lumière entre les lignes.
Le suicide est-il toujours vu comme un tabou?
Le suicide est un thème tabou. On en a honte. Un lourd silence pèse sur les proches. Les familles touchées par ce drame ne savent pas toujours comment l’annoncer, le diffuser, en parler. Parfois on préfère dire que c’était un accident, une mort subite. Et puis, une autre question vient corser la douleur du croyant, lancinante et torturante, en arrière-fond de la conscience: «Mon fils, ma fille… sera-t-il (elle) sauvé(e)?», surtout que, jusque dans les années 60, un suicidé n’avait pas droit à des obsèques chrétiennes ! La conscience collective en a été marquée au fer rouge, et les cicatrices ne sont pas encore refermées. Mais j’ai voulu, en quelque sorte, briser ce tabou en orientant les regards vers un Dieu «riche en miséricorde à cause du grand amour dont il nous a aimés» (Eph 2,4). Il faut oser en parler. Parler du suicide c’est oser parler de nos propres fragilités, sociales et personnelles, et chercher ensemble comment le prévenir, comment nous épauler les uns les autres.
Avez-vous une recette, des pistes à proposer? Le suicide d’un proche crée un état de choc. Etre là, aux côtés de ceux qui souffrent, accueillir leurs larmes, écouter leur révolte, leur incompréhension… les soutenir, tout simplement, sans discours, sans vouloir expliquer l’inexplicable… C’est déjà beaucoup au départ. Accepter d’être pauvre devant l’événement, de n’avoir rien à dire si ce n’est offrir ce que l’on a de plus précieux en nous: notre cœur. Ce sont dans ces circonstances que se dévoilent les amis. Par la suite, prendre des nouvelles, écrire un petit mot, apporter une fleur… Signifier qu’on est toujours là. Les petits riens prennent alors une importance inouïe sur le chemin du deuil. Viendra le temps du questionnement, du dialogue, de la quête de sens face à ce qui est arrivé, du besoin peut-être de parler avec des personnes d’expérience, qui ont passé par là…
Fiche signalétique
Le vertige du suicide – Lettre aux proches désemparésJoël Pralong
Editions des Béatitudes
122 pages
17,60 francs - 11euros
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