Cavalier
seul
Vincent
Pellegrini
Gottfried
Locher, président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de
Suisse, expliquait lors de la dernière assemblée des délégués: «L’œcuménisme catholique protestant officiel
traverse la phase la plus difficile qu’il ait connue depuis les débuts du
mouvement. Ces deux grandes Eglises ne se caractérisent pas seulement par leur
diversité; elles sont contradictoires et
non réconciliées. L’œcuménisme est en crise.» L’ancien responsable
de l’œcuménisme au Vatican, Mgr Walter
Kasper, cité par Gottfried Locher, résumait ainsi la situation: «Les obstacles théologiques, mais surtout
ecclésiologiques, semblent insurmontables actuellement.» Et Gottfried
Locher de poursuivre: «Non seulement le
consensus fait défaut sur les questions essentielles, mais encore l’accord
manque aussi sur les objectifs. De part et d’autre nous ne sommes pas du même
avis à propos des tenants et des aboutissants de l’œcuménisme institutionnel.
Nous sommes là au cœur du drame: l’œcuménisme de l’Eglise occidentale n’a pas
d’objectif commun. Pendant trop longtemps, personne n’a remis en question le
mot magique d’œcuménisme.» Gottfried Locher a raison. Tout le monde a cru
qu’il suffisait de se rencontrer et de
parler pour faire de l’œcuménisme, comme si des positions contradictoires
pouvaient être vraies en même temps. On a voulu faire de l’œcuménisme à l’eau
de rose en regardant ce qui réunissait plutôt que ce qui divisait et sans se
fixer d’objectif. Joseph Ratzinger a eu le courage de mettre fin à ces
discussions oiseuses. Gottfried Locher reconnaît: «Le titre de la déclaration «Dominus Jesus» publiée sous la direction
de Joseph Ratzinger, alors cardinal, annonçait d’emblée la couleur: «Sur
l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise.»
L’Eglise au singulier bien entendu, et en se référant et en s’identifiant
explicitement à l’Eglise catholique romaine. D’autres déclarations de la curie
ont suivi sur le même ton: il n’y a qu’une seule Eglise et elle est catholique
romaine. Les Eglises évangéliques ne sont pas des Eglises, ou du moins «pas des
Eglises au sens intrinsèque», explique le Vatican.» Le président des
protestants suisses a eu le courage de redessiner les limites de l’œcuménisme,
ce monstre sacré de Vatican II. Et l’Eglise catholique peut redevenir plus
missionnaire.
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