lundi 22 avril 2013

L'échec de l'oecuménisme


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 
Gottfried Locher, président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, expliquait lors de la dernière assemblée des délégués: «L’œcuménisme catholique protestant officiel traverse la phase la plus difficile qu’il ait connue depuis les débuts du mouvement. Ces deux grandes Eglises ne se caractérisent pas seulement par leur diversité; elles sont contradictoires et  non réconciliées. L’œcuménisme est en crise.» L’ancien responsable de l’œcuménisme  au Vatican, Mgr Walter Kasper, cité par Gottfried Locher, résumait ainsi la situation: «Les obstacles théologiques, mais surtout ecclésiologiques, semblent insurmontables actuellement.» Et Gottfried Locher de poursuivre: «Non seulement le consensus fait défaut sur les questions essentielles, mais encore l’accord manque aussi sur les objectifs. De part et d’autre nous ne sommes pas du même avis à propos des tenants et des aboutissants de l’œcuménisme institutionnel. Nous sommes là au cœur du drame: l’œcuménisme de l’Eglise occidentale n’a pas d’objectif commun. Pendant trop longtemps, personne n’a remis en question le mot magique d’œcuménisme.» Gottfried Locher a raison. Tout le monde a cru qu’il suffisait de se rencontrer  et de parler pour faire de l’œcuménisme, comme si des positions contradictoires pouvaient être vraies en même temps. On a voulu faire de l’œcuménisme à l’eau de rose en regardant ce qui réunissait plutôt que ce qui divisait et sans se fixer d’objectif. Joseph Ratzinger a eu le courage de mettre fin à ces discussions oiseuses. Gottfried Locher reconnaît: «Le titre de la déclaration «Dominus Jesus» publiée sous la direction de Joseph Ratzinger, alors cardinal, annonçait d’emblée la couleur: «Sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise.» L’Eglise au singulier bien entendu, et en se référant et en s’identifiant explicitement à l’Eglise catholique romaine. D’autres déclarations de la curie ont suivi sur le même ton: il n’y a qu’une seule Eglise et elle est catholique romaine. Les Eglises évangéliques ne sont pas des Eglises, ou du moins «pas des Eglises au sens intrinsèque», explique le Vatican.» Le président des protestants suisses a eu le courage de redessiner les limites de l’œcuménisme, ce monstre sacré de Vatican II. Et l’Eglise catholique peut redevenir plus missionnaire.

 

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