Cavalier seul
Vincent
Pellegrini
Le «Figaro Magazine» a consacré un dossier spécial au Coran
dans son édition du 14 novembre. Il souligne «le désarroi du lecteur occidental face au Coran» et ajoute: «C’est un livre rempli de violences et
d’anathèmes, par exemple, mais qui contient aussi des versets pacifiques. Selon
les théologiens musulmans, il ne peut pas y avoir de contradictions dans le
livre sacré: quand deux versets se contredisent, le verset antérieur est abrogé
par le verset postérieur. Le problème, selon Marie-Thérèse Urvoy, professeur
d’islamologie à l’Institut catholique de Toulouse, est que abrogeant et abrogé
sont conservés avec le même statut dans le texte définitif et que le Coran
n’est pas classé chronologiquement. Les spécialistes occidentaux
soulignent notamment que les versets interdisant le meurtre et
prônant la tolérance religieuse avec
juifs et chrétiens ont été abrogés par un verset qui commande de tuer tous ceux
qui associent un autre être au culte du Dieu unique (red. par exemple les
personnes de la Sainte Trinité), à moins qu’ils n’acceptent un statut de
soumission pour échapper à la mort (Coran IX-5). Cependant, d’autres exégètes
musulmans contestent qu’il y ait eu abrogation des versets initiaux…» Les choses sont compliquées car l’islam classique
tient aussi compte de sa deuxième grande source des hadiths, c’est-à-dire la
relation des actes et des paroles de Mahomet et de ses compagnons, «qui constituent la matière de la Sunna (la
Tradition), laquelle a force de loi». L’islam classique se réfère enfin aux
interprétations des légistes classiques de l’islam (droit musulman). Le
problème avec le Coran, c’est qu’il est la parole même de Dieu dictée en arabe
à Mahomet, ce qui rend difficile l’exégèse et la contextualisation car il
s’agit d’un texte incréé et éternel. Le Figaro explique que certains aimeraient
reprendre la tradition mutazilite, école théologique musulmane présente dès le
IXe siècle, pour qui Dieu a laissé aux hommes la puissance d’agir librement et
pour qui le Coran a été créé, ce qui signifie que le livre sacré est distinct
de Dieu. Mais dans les pays de culture musulmane ces voix sont étouffées. Les
défenseurs d’un islam des Lumières vivent en Occident et écrivent pour les
occidentaux. L’enjeu, pour l’Europe, est donc d’avoir un islam d’Europe plutôt
que l’islam en Europe. Or, l’islam a tendance à se radicaliser…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire