lundi 22 septembre 2014

Révolution papale


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 

Jean-Marie Guénois, correspondant à Rome du «Figaro» vient de publier un livre sur le pape François aux éditions JC Lattès. L’ouvrage est intitulé «Jusqu’où ira François?» Le pape de la miséricorde y est décrit comme révolutionnaire, comme quelqu’un qui refuse que l’Eglise passe pour une marâtre austère. Il est imprévisible et sait manier une main de fer dans un gant de velours. En mai 2013, devant 250 évêques italiens médusés de se voir reprocher leur «carriérisme», il tonnait (avant de donner à tous l’accolade!): «La perspective de la carrière, la flatterie de l’argent et les compromis avec l’esprit du monde rendent l’évêque paresseux en le  transformant en un fonctionnaire, un clerc d’Etat plus préoccupé par lui-même, par l’organisation et les structures, que par le véritable bien du peuple de Dieu… On court alors le risque, comme l’apôtre Pierre, de renier le Christ, même si l’on se présente et que l’on parle formellement en son nom.» Le pape veut ouvrir l’Eglise aux «périphéries», mais dans un esprit d’évangélisation car pour lui les chrétiens doivent certes lutter contre la misère matérielle et morale, mais aussi ramener à l’Eglise ceux qui n’y vont plus. Jean-Marie Guénois explique: «Le pape agace. La frange progressiste tout d’abord. Les cathos de gauche apprécient son discours de gauche en matière sociale, sa critique acide du libéralisme, de la finance et du Dieu argent. Ils aiment sa volonté de prendre des décisions collégialement. Ils ont même cru un temps avoir enfin leur pape, mais ils se sentent très gênés par cette volonté ultra-missionnaire de François et son côté mystique. Ils vivent cet élan pour l’évangélisation comme du prosélytisme tel que l’Eglise le pratiqua avant le concile Vatican II. Ils ont toujours combattu cette annonce sans complexe de la couleur catholique, à temps et à contretemps. Eux prônent encore la théorie de l’enfouissement du levain dans la pâte, selon un axiome étrange qui a vidé les églises en Occident: plus un chrétien se cacherait dans la société, plus il serait attirant…»  Le pape François lance aussi ses banderilles sur les chrétiens pratiquants mais qui ne vivent pas vraiment leur foi et qui «s’étaient bien habitués à l’ordre calme et sans à-coups de Benoît XVI, dont l’extrême délicatesse les ravissait.» Bref une révolution est en marche.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire