lundi 3 juin 2013

Islam, l'épreuve française


Cavalier seul

Vincent Pellegrini
 
Elisabeth Schlema est une spécialiste du monde arabe. Elle a été rédactrice en chef du «Nouvel Observateur» et directrice adjointe de «L’Express». Elle vient de publier aux éditions Plon un livre intitulé «Islam, l’épreuve française». Elle y raconte comment l’islam de France, globalement, se radicalise, y compris au sein de la jeunesse musulmane. Elle y dénonce la radicalisation des mosquées et des «centres culturels musulmans», notamment du fait de leur financement par le biais de  l’Arabie saoudite et du Qatar. Même les instances nationales musulmanes sont noyautées. Elisabeth Schlema explique dans une interview accordée au «Figaro Magazine»: «Si la question est de savoir s’il faut avoir peur de l’interprétation de l’islam d’aujourd’hui et des agissements qui en découlent, la réponse est clairement oui.» Pour elle, il y a des idées fausses, à commencer par celle-ci: «Feindre  de croire qu’il y aurait des «poches» d’islam radical face à une immense majorité de «bons musulmans» tranquilles.» Et de continuer: «Tout le monde concourt à ce mensonge: Les politiques nationaux de tout bord, les responsables régionaux, associatifs et bien sûr nombre de responsables musulmans, le tout relayé par les médias. Quant, au regard de tel ou tel événement, ils sont contraints de le reconnaître, ils arguent systématiquement du désarroi identitaire, des ghettos des banlieues et du social. Or, une réelle misère n’explique pas tout.» Elisabeth Schlema explique qu’on est passé d’un islam tenu par les pays d’origine à un islam progressivement transnational propre au wahhabisme (intégrisme) saoudien et qatari (TV Al-Jazeera), par ailleurs allié aux Frères musulmans venus d’Egypte. L’islam fait ainsi sa mondialisation. Le résultat, pour Elisabeth Schlema, c’est «la montée d’une radicalité globale chez les musulmans» de France «alors que les autorités demeurent inertes». Elle ajoute: «Les mosquées françaises, qui ont doublé en dix ans et atteindront bientôt les 3000, sont aujourd’hui pour la plupart aux mains des wahhabites et des Frères musulmans, un certain nombre sont tenues par les salafistes ou le mouvement turc ultraradical Milli Görüs. Sur un chiffre global d’environ sept millions de musulmans en France, deux à trois millions sont de fait des  islamistes.» Ce n’est pas synonyme de terrorisme, mais cela posera de gros problèmes à la France.

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